mercredi 14 juillet 2010

Braquages et bras cassés (2010)

Hervé Maréchal, alias Boule, gloire déchue de la course automobile, vivote dans l'oubli : il tient un garage miteux avec ses deux fils, Gaz et Dante. Cela ne l'empêche pas de réussir de beaux coups de temps à autre, comme cet échange qui laisse rêveur les deux rejetons : une BMW nickel contre un scooter hors d'âge. Moyennant un arrangement, bien entendu... Mais Manu et Vito, les deux hommes qui sont venus proposer la BM à Boule ignoraient une chose : c'est que la voiture avait servi à un braquage et que le butin est resté à bord. C'est quand ils se rendent compte de leur bévue que les ennuis commencent, pour tout le monde, avec l' entrée en piste des instigateurs du casse, un duo de flics véreux...

Eh bien, voici une véritable tragi-comédie, en trois actes, avec entrée en scène des acteurs par trios. En fait, toute l'intrigue tient en une suite d'événements, rapprochés dans le temps et s'enchaînant très vite, et que chacun des protagonistes vit à sa façon. L'astuce narrative consiste à décrire les actions plusieurs fois, du point de vue des trois trios de l'album : procédé, certes pas nouveau, mais qui dynamise le récit d'autant plus que Benjamin Fischer réussit à ménager son suspense jusqu'au bout. Ses personnages sont de vraies caricatures de caïds, avec ce qu'il faut de poisse et d'imbécilité chevillées au corps pour en faire de parfaits loosers. Ils évoluent dans une région liégeoise industrieuse et enneigée que Van Linthout restitue avec bonheur, comme le suggère les pages du cahier de photos de repérages ajouté à la fin de l'album. Il faut saluer le travail de la Boîte à bulles, éditeur discret, qui publie là un livre des plus réussis, au format roman très agréable. Et un de mes préférés de cette année.


Braquages et bras cassés

Scénario Benjamin Fischer et dessin Georges Van Linthout
La Boite à bulles, 2010 – 112 p. noir et blanc
Collection Contre-jour – 17 €

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