mercredi 9 janvier 2013

[Nouveauté] - La Colère de Fantômas (Bocquet et Rocheleau)

21 août 1911. L'homme le plus célèbre et le plus redouté du moment est sur le banc des accusés : l'insaisissable Fantômas fait face à ses juges pour répondre du meurtre de Lord Bentham. Tout repose sur le témoignage de madame Flanquet, la respectable cuisinière des Bentham, et en particulier sur le fait que l'honnête femme ait immédiatement reconnu l'arme du crime, la broche à rôtir de l'office... Fantômas n'est bien entendu pas criminel  à s'en laisser compter par le petit personnel, et, comme il est son propre avocat dans ce procès, il demande à avoir en main la fameuse broche. Accordé ! Une bien mauvaise idée, surtout pour madame Flanquet, qui se retrouve très vite avec le crâne percé de part en part par son ustensile de cuisine... Cet ultime coup de sang de Fantômas l'envoie directement à l'échafaud, où il est exécuté, dans le petit matin du 22 août. Et c'est à partit de cet instant-là que tout commence...

Qu'on se le dise : Fantômas est de retour ! Et avec lui, Juve, Fandor, Lady Benthan et tout ce qui a fait le charme et l'immense succès de ce personnage : des aventures aux rebondissements les plus inattendus et les plus spectaculaires. Olivier Bocquet – qui signe ici son premier scénario – a en effet écrit une histoire digne de Souvestre et Allain : brouillard sur les origines de Fantômas, mystère autour de la mère de Fandor (le journaliste à ses trousses, rappelons-le), vol de la Joconde, assassinats rocambolesques, vengeances cruelles... Bref, ce Fantômas-là n'a pas oublié qu'il est l'archange du Mal, le méchant absolu. Et pour l'incarner, lui, et son époque, il y a aux pinceaux Julie  Rocheleau, dont le travail est simplement époustouflant : ses planches sont de véritables bijoux. Son Fantômas, inquiétant à souhait, est tantôt une ombre menaçante, tantôt un personnage de chair et de sang, au visage méconnaissable. Les personnages féminins sont dessinés avec une extrême délicatesse, et semblent, de temps à autre, nés de la plume d'une styliste de mode. Une impression d'élégance folle plane du début à la fin de ce premier volume, même dans les scènes les plus terribles. Un certain charme « rétro » qui fonctionne parfaitement ici. L'univers graphique de Julie Rocheleau est au carrefour de l'illustration et de la BD, et certaines cases évoquent Ron Searle, d'autres Gus Bofa.
Pour ce retour dans la bande dessinée, Olivier Bocquet conclut, dans la préface : « Aujourd'hui, juste retour des choses, c'est à son tour d'envahir les cases de la bande dessinée ». Comme si, auparavant, le fantômatique bandit n'avait pas rôdé sur les tables des dessinateurs. Il est vrai qu'il y eut peu d'adaptation mais Frisano (1980), Laverdure (1990) et Cabiron (2002) ont tous bel et bien fait vivre des aventures à Fantômas. Mais il faut bien reconnaître une chose : cette version - une interprétation personnelle du personnage - du duo Bocquet / Rocheleau est belle et bien la plus réussie, graphiquement et narrativement, de toutes.


En prime, ici  la bande-annonce Dargaud , pour vous mettre bien dans l'ambiance..

La colère de Fantômas 1 : Les Bois de justice
Scénario Olivier Bocquet ; dessin et couleur Julie Rocheleau
Dargaud, 2013 - 60 pages couleur – 13,99 €

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