mercredi 5 mars 2014

[Comics] - Crime SuspenStories : une anthologie de choc chez Akileos !

Un instantané de la mort : Une femme commandite elle-même son propre assassinat, car elle se sait médicalement condamnée. Mais son mari lui apprend une bonne nouvelle : ces braves hommes en blanc ont fait une erreur, elle va s'en tirer ! Oui, mais le tueur est en route...
Le Sosie : Un homme se rend compte qu'il est le sosie d'un milliardaire. Sa vie n'en serait-elle pas meilleure s'il venait à l'éliminer et prendre sa place ? Aussitôt ruminé, aussitôt exécuté... mais la vie du milliardaire n'est pas celle attendue, c'est même un véritable enfer...
Le Tueur ricanant : un homme profite des meurtres commis, à la cordelette, par un tueur en série pour se débarrasser de son insupportable épouse. Mais évidemment, il faut faire attention à qui on fait monter dans sa voiture pour se ménager un alibi...
Face à l'horreur : Un braqueur redoutable se fait prendre en photo au cours d'un hold-up. Son visage désormais connu, sa carrière va tourner court. Jusqu'à ce qu'il trouve un plan génial : se faire refaire le portrait par un médecin... et ne laisser aucun témoin derrière lui. Mais parfois, on a beau prendre toutes les précautions, on oublie le grain de sable qui va tout faire capoter...

Des histoires comme ça, ce premier volume de «Crime SuspenStories » en propose pas moins de 28, réunies par Akileos dans un volume soigné à la couverture sobre et élégante, un peu à l'opposé des couvertures choc de l'époque de parution des fascicules originaux. Ces 28 récits sont tirés des numéros 1 à 7 de cette publication, qui en compta au total 27, et qui prit fin en février 1955, victime de la création du Comics Code Authority. Ce même code entraînera aussi l'arrêt d'autres titres du même éditeur comme « Schock SuspenStories » ou « The Vault of Horror », tous accusés d'entraîner la jeunesse sur les chemins de la délinquance et de la dépravation (on connaît un certain Jean-François C. qui en aurait fait des caisses à leur lecture...). 

(Re)lire, plus de cinquante après, ces histoires qui se sont trouvées dans l'oeil du cyclone de la censure, permet de mesurer leur soit-disant « immoralité »... et de se rendre compte que le duo Bill Gaines (le patron himself à l'époque de EC Comics) Al Feldstein, scénaristes de la plupart des intrigues de ce recueil, construisaient surtout des récits où hommes et femmes s'évertuaient à échapper à un destin funeste, le plus souvent en pure perte... Les chutes de la plupart des histoires sont en effet on ne peut plus cruelles, avec une morale sous-jacente qui pourrait être celle du titre d'une des autres publications de cet âge d'or du "crime comics" : le crime ne paie pas. Et au service de ces histoires sombres et implacables, des dessinateurs au talent immense, qui n'avaient pas leur pareil pour camper des personnages réalistes, aux visages tordus par l'angoisse, suant toutes les larmes de leurs corps à l'approche de l'instant fatal. Sans oublier les femmes, en beautés glacées et glaçantes, fatales pour leur victime... ou pour elles-mêmes. Ces dessinateurs, ce sont Johnny Craig (qui signe la couverture de ce tome 1), Jack Kamen, Graham Ingels, et Harvey Kurtzman, futur fondateur, avec Bill Gaines, justement, de l'immortelle revue satirique Mad.
 
Cette anthologie que nous offre Akileos est une véritable aubaine et permet enfin de lire en français les premiers thrillers - au sens premier : qui font flipper ! - en bandes dessinées, et il ne faut pas passer à côté de ce tome, ni du deuxième, annoncé pour avril... Et aller faire un tour du côté des "Shock SuspenStories" à paraître ce mois de mars ! 

Crime suspenStories 1
Scénario et dessin collectif
Akileos, 2012 – 208 pages noir et blanc – 26 €

Crime suspenStories 2
Scénario et dessin collectif
Akileos, 2014 – 180 pages noir et blanc – 26 €


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