dimanche 12 octobre 2014

[Prix SNCF polar BD 2015] - Docteur Radar, de Simsolo et Bézian (Glénat)

Aristide Vernon est retrouvé pendu dans sa cave. Bruno Vaillant est repêché dans l'Elbe, le visage écrabouillé. Gontran Saint-Clair est découvert dans le Paris-Berlin, empoisonné au curare. Trois victimes, et un point commun :  trois hommes de science travaillant sur la conquête de l'espace. Ferdinand Straub "gentleman-détective" s'intéresse à l'affaire. Il se rend chez la veuve de Saint-Clair, qui lui remet une liste de savants en contact avec feu son mari. Sur cette liste figure justement la prochaine victime, le docteur Lenoir, qui s'écroule, dans le hall de chez Maxim's, piqué par un scorpion ! Straub arrive à l'instant même où le drame vient de se jouer, et il découvre que Lenoir avait rendez-vous avec un mystérieux docteur Radar. Serait-ce l'esprit maléfique à l'oeuvre dans cette gigantesque opération d'éliminations de scientifiques ? Straub se lance à la poursuite de Radar...

Déguisements, course-poursuites, passage dans les égouts et déambulations dans des ruelles inquiétantes, commissaire de police ridicule, héros intrépide, assistant débrouillard, jeune femme en détresse... tous les ingrédients du roman feuilleton sont là. C'est bel et bien un hommage aux héros des années 50 qu'a souhaité rendre Simsolo, et c'est magnifiquement réussi. La très bonne idée est d'avoir introduit dans la galerie de personnages la figure de Pascin, le peintre "dépravé", ici en acolyte du détective, et d'en avoir fait la partie un peu canaille de Straub. Frédéric Bézian a suivi les pistes de son scénariste, et Pascin est ainsi une "sorte d'Amalric mâtiné de Gainsbourg". Et son Straub est "une espèce de Philippe Clay". Voilà pour les portraits. Et pour ce qui est d'animer tout ce petit monde de la nuit, Bézian l'avoue : "J'ai dû trouver ma propre façon de faire. Outre la gestuelle des personnages, qui vient plus du théâtre et du cinéma expressionniste que de la bande dessinée, il y a le trait, le geste que j'ai fini par acquérir. Parfois, j'impose à mes personnages des postures extrémistes, difficilement compréhensible. Je veux dire que moi-même j'ai du mal a dessiner ce que j'imagine". Que Bézian soit rassuré ! Non seulement le lecteur comprend bien ses intentions, mais de plus, ce Docteur Radar se dévore, tant on est vraiment dans une ambiance Rocambole - ou Rouletabille - immédiatement accrocheuse. Frédéric Bézian, dont le style est parfois qualifié de "difficile", signe ici un album plus accessible pour le "grand public" que son précédent  - et excellent - titre ("Aller retour"). C'est donc aussi le moment de (re)découvrir un très grand dessinateur...
A noter que "Docteur Radar" fait partie de la sélection pour le Prix SNCF du polar BD 2015.

 
Docteur Radar, tueur de savants
Texte Noël Simsolo et dessin  Frédéric Bézian
Glénat, 2014 – 64 pages couleur  - 19,50 €

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