dimanche 5 novembre 2017

[Jailbreak] - Dead inside, par Arcudi, Fejzula et May (Delcourt comics)****

L’inspectrice Linda Caruso est appelée par sa chef, le lieutenant Payton , elle doit se rendre fissa à la prison du Comté. Une affaire simple : un détenu en a liquidé un autre et s’est pendu tout de suite après. Comme personne ne semble vouloir s’émouvoir de cette double disparition, Caruso est fortement invitée à ne pas creuser le dossier. Et pourtant, la jeune femme a quelques doutes sur ce cas, moins banal qu’on veut bien le laisser entendre. Déjà, les deux morts lui posent problème… Mack, la première victime était un mastodonte, craint dans toute la prison, et a été retrouvé la poitrine explosée et lacérée à l’arme blanche. Et le coupable serait un certain Gaffney, plutôt lui à ranger dans la catégorie poids mouche… Déjà, la confrontation semble improbable. Et puis, Caruso découvre vite que le dénommé Gaffney n’avait plus que cinq mois à tirer. Quel intérêt pour lui d’aller assassiner le caïd de la prison ? La jeune inspectrice a beau faire part de ses suspicions, on lui refuse tout, y compris des autopsies. Mais elle réussit tout de même à arracher – sans rien dire à sa supérieure – une radio de l’estomac de Gaffney, car elle soupçonne la présence d’une pilule qui l’aurait mis dans un état second. Et lorsqu’elle découvre sur les clichés… une balle, elle tient enfin quelque chose qui va remettre tout en question. Mais la laissera-t-on aller jusqu’au bout ?

Ce one-shot nerveux et intelligent se lit d’un trait. D’entrée, le dessin de Toni Fejzula subjugue. La première planche est faite de six très gros plans, détails quasi-surréalistes de la scène que l’on découvre la page d’après, cette fois une case unique et spectaculaire : l’acte criminel originel, celui par qui tout va se déclencher. Une fois happé par ces images fortes, c’est au tour de l’intrigue de s’installer, doucement, sans précipitation, et ce qui semble au départ un banal règlement de comptes entre détenus va petit à petit se muer en une histoire beaucoup plus complexe, aux multiples fils à dénouer. Et ce sont les personnages, excellents, créées par John Arcudi qui portent parfaitement cette histoire sombre. Et en premier lieu, l’impétueuse Linda Caruso, véritable battante, qui en a marre d’être prise pour une bille et a le fort sentiment d’avoir été mise sur une voie de garage depuis qu’elle a été « promue » inspectrice. Autour d’elle, ses collègues, le directeur de la prison, les matons, les prisonniers, tous forment un cercle étourdissant, hypnotique, prêt à la précipiter dans le vide. Mais son caractère de tête brûlée va lui sauver la mise et rarement on aura croisé un personnage de femme-flic aussi fort.
Tous ces personnages sont superbement campés par Fejzula, qui en a fait des hommes et des femmes mémorables. Le sketchbook, annoté par le dessinateur lui-même, et qui figure en point d’orgue de cet album est éminemment instructif et se lit avec gourmandise. Tout comme il est roboratif de découvrir les différentes couvertures – signées du grand Dave Johnson – des cinq numéros originaux de la série, et celles imaginées par d’autres grands noms du comics.
Une édition soignée, donc, comme Delcourt a du reste l’habitude d’en réaliser.

En prime, la preview de l’album : c’est ici !



Dead inside ****
Scénario JohnArcudi, dessin Toni Fejzula et couleurs André May
Delcourt, 2017 – 128 pages couleur - Collection Delcourt comics – 16,50 €




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