lundi 15 mars 2010

Interview : Briac (Les Gens du Lao Tseu et Armen)

Le lecteur attentif que vous êtes l'avait certainement remarqué : bédépolar donne pour l'instant beaucoup de chroniques à lire. Mais la parole des auteurs, c'est pas mal non plus, et pour cette première, c'est Briac, qui a eu la gentillesse de répondre à mes questions. Une courte interview que vous pourrez prolonger en allant à la rencontre de l'auteur, si la Bretagne est à vos portes...

Briac, tu viens de faire paraître « Les Gens du Lao Tseu », dont l'action se déroule dans le Brest des années 20. Pourquoi ces choix géographiques et historiques ?

Pourquoi Brest ? Parce que c'est la plus belle ville du monde et la plus belle rade de l'univers !!! Enfin, trêve de chauvinisme ! Ce qui m'intéressait en situant mon histoire dans une cité portuaire du début du 20ième siècle, c'était d'essayer de retrouver l'atmosphère particulière de ces lieux ouverts sur le monde. Ces lieux cosmopolites où les individus peuvent être classés en deux catégories, ceux qui restent et ceux qui partent... Bref,un endroit parfait pour des personnages aussi complexes et cabossés que Thalamas et Tchang.

"Armen", ton premier album; se déroulait pendant la seconde guerre mondiale. Dans ce nouvel album, tes personnages principaux sont marqués par la Grande Guerre. Dans les deux cas, on voit bien ce qu'un conflit armé inflige aux être humains. Ne serais-tu pas un brin pacifiste ? Ou... taoïste, si on se réfère au titre de ce deuxième album ?

Pacifiste, peut-être ? En ce qui concerne le Taoïsme, je dois confesser que mes connaissances en la philosophie chinoise sont aussi limitées que celles de mes personnages. Ce qui est certain, c'est que ces périodes où tous les sentiments sont exacerbés me permettent de traiter de l'individu dans toute sa complexité. Dans Armen les personnages étaient en pleine apocalypse. Tandis que dans Les Gens du Lao Tseu ils en sortent. Dans mon premier album,le désespoir règne. Le monde est symbolisé par le phare. Pas de possibilité d'échapper à l'enfer... Dans le second, il y a l'éventualité d'une reconstruction qui ne peut se faire pour mes personnages qu'en appréhendant la vie d'une façon différente. On sait d'ailleurs que c'est à cette époque que sont nés de nombreux mouvements pacifistes. Malheureusement...

Tu es l'auteur de tes textes et tu dessines. Ton intrigue est cette fois un peu plus élaborée que dans Armen – qui tenait du huis clos psychologique. Cela a-t-il été plus difficile pour toi de faire vivre tous ces personnages dans l'entourage du cabaret « Le Lao Tseu » ?

Il est vrai que dans Armen, l'intrigue psychologique se limitait aux rapports entre Kloetz et Fanchec. En revanche dans Les Gens du Lao Tseu, j'ai tenté de donner corps à chaque personnage, du plus important au plus secondaire. Cela m'a donc obligé à imaginer une vie passée et future pour chacun d'entre eux. Travail long et peu visible mais qui, sait-on jamais, me servira peut-être pour une suite éventuelle.

Constantin, ton personnage principal, est un ex-flic tenté par la carrière d'écrivain. Mettre en scène l'écriture n'était-elle pas une difficulté supplémentaire ?

Je ne sais pas si cela était difficile mais en tout cas c'était nécessaire. Il fallait que la littérature donne un sens à la vie de Thalamas. Et puis qui sait peut-être me remplacera-t-il un jour en tant que narrateur?

Tu travailles en couleurs directes. Tu peux nous en dire plus sur la technique utilisée sur cet album ? Est-ce la même que pour « Armen » ?

En effet la technique est la même pour les deux albums. Tout d'abord, je réalise une conception sommaire de la planche au brouillon puis j'attaque directement la planche au pinceau trempé dans la peinture acrylique, en tentant de donner le maximum de souplesse au dessin. La couleur ne doit pas seulement participer à l'illustration, mais également à la narration. Elle doit permettre aux lecteurs de ressentir le sentiment des personnages.

Ces deux albums sont très proches, graphiquement. Le prochain sera-t-il dans le même registre esthétique ?

Je suis actuellement en pleine recherche sur les couleurs du prochain album. En effet, cette histoire devrait se dérouler sur plus d'une soixantaine de planches contre 47 pour les précédentes. Je cherche à synthétiser le graphisme et pour cela je me suis résigné à échanger mes sacro-saints tubes d'acrylique pour des encres. J'espère malgré tout garder la spécificité des albums précédents.

Peux-tu nous en dire plus sur l'intrigue ?

C'est une histoire qui se déroulera en grande partie dans des campements ouvriers, près d'une cité ressemblant étrangement à Dubai... ,Et même sous la torture je n'en dirai pas plus car je suis en phase d'écriture...

Merci !

Et si vous voulez rencontrer Briac, voici les sept dates qui constituent actuellement son tro-breizh perso :

Les 20 et 21 mars à Binic au festival "Les Escales de Binic"
Le 27 mars à Guingamp à la librairie "mots et images"
Le 3 avril à Vannes à la librairie "Le jardin des bulles"
Le17 avril à Morlaix à la librairie Dialogues
Le 9 mai au Conquet au festival "La mer en livres"
Le 24 et 25 juillet à Concarneau au festival du polar "Le chien jaune"
Le 18 septembre à Bédée au festival "Pré en Bulles"

1 commentaire:

  1. J'ai adoré Ar Men. J'attends avec impatience de livre ce nouvel album..

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