dimanche 25 septembre 2016

[Phileas Fogg meets Rouletabille !] - Silas Corey - Le Testament Zarkoff, par Fabien Nury et Pierre Alary (Glénat)

 11 novembre 1918. Albert Percochet, détective - suisse - de son état, vient mourir sur le seuil de la villa de Silas Corey, et ses dernières paroles sont recueillies par Nam, le fidèle assistant de Corey. Des paroles bien étranges : " Zarloff... Wotan.. Tuez-les". Silas découvre vite que Percochet était sur les traces de l'héritier unique, et fils naturel, de la comtesse Zarkoff, une femme à la tête d'une fortune colossale construites sur les cendres de la guerre. Une fortune qui attire bien des convoitises, d'autant que la comtesse est mourante... Et c'est à Silas, qu'elle avait déjà croisé lors de l'affaire du réseau Aquila, qu'elle confie la tâche de retrouver cet héritier, un certain Johann Zichler. Corey se rend en Allemagne, et commence par retrouver Nina, la femme de Zichler, mais pendant de ce temps là, la comtesse trépasse et Silas doit vite trouver l'héritier avant une date fixée sur le testament. Silas parvient à enfin retrouver Zichler, mais l'affaire se complique car celui-ci est devenu le leader du parti patriotique Wotan, un personnage qu'il est difficile d'approcher. Et que se passerait-il si son parti, visant le pouvoir à l'échelle européenne, devenait soudain immensément riche, car à l'héritage Zarkoff ?


Vous l'aurez compris, si vous n'aviez déjà lu le premier diptyque (Le réseau Aquila) mettant en scène de Silas Corey : les aventures de ce détective-espion croisent plus d'un genre. Pour ce testament Zarkoff, le point de départ, de facture policière, puisqu'il s'agit du meurtre d'un détective, tourne vite à une course contre la montre géo-politique, teintée de .... romantisme. En plaçant leurs personnages au coeur de l'Histoire - l'Europe de l'immédiate après-guerre de 14-18 - Fabien Nury et Pierre Alary, donnent à lire tout à la fois un formidable récit d'aventures, parsemé de scènes spectaculaires assez époustouflantes (duel sur des toits en plein incendie, courses-poursuites dans les rue Munichoises, embuscade en forêt...) et un récit historique, où les peuples sont emportés par le tourbillon des événements, et peuvent s'inquiéter pour leur avenir commun. Et le romantisme dans tout cela ? Il est personnifié par les relations que Silas entretient avec les deux personnages féminins du diptyque : Nina, la femme de l'héritier, pour lequel il joue le chevalier servant et protecteur, et Marthe, espionne pour le compte du Deuxième Bureau français. Deux femmes qui le font vaciller, mais pour lesquelles il ne renoncera pas à sa vie solitaire...
Au final, de cet alchimie des genres est né un personnage les plus attachants du moment, intrépide et flegmatique à la fois, humaniste dans l'âme. Un héros digne de Verne et Leroux, comme il ne s'en fait plus beaucoup de nos jours. Alors, savourons les aventures de Silas Corey.
 
Et, comme je vous le disais déjà la semaine dernière si vous êtes dans la région de Villeneuve-lez-Avignon le premier week-end d'octobre, rendez-vous au Festival de Polar : Pierre Alary y sera et, j'aurai la joie de le cuisiner, samedi 1er à 16h30, sur le thème " Quand la bande dessinée explore l'arrière-cuisine du pouvoir", une table ronde où il sera en compagnie de Laurent Hirn et Hervé Boivin. 

 
Silas Corey - Le testament Zarkoff ****
Scénario Fabien Nury et dessins Pierre Alary
Glénat, 2015 et 2016 - 64 pages couleur chaque -14,95 €

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