Un
instantané de la mort : Une femme commandite elle-même son
propre assassinat, car elle se sait médicalement condamnée. Mais
son mari lui apprend une bonne nouvelle : ces braves hommes en
blanc ont fait une erreur, elle va s'en tirer ! Oui, mais le
tueur est en route...
Le
Sosie : Un homme se rend compte qu'il est le sosie d'un
milliardaire. Sa vie n'en serait-elle pas meilleure s'il venait à
l'éliminer et prendre sa place ? Aussitôt ruminé, aussitôt
exécuté... mais la vie du milliardaire n'est pas celle attendue,
c'est même un véritable enfer...
Le
Tueur ricanant : un homme profite des meurtres commis, à la
cordelette, par un tueur en série pour se débarrasser de son
insupportable épouse. Mais évidemment, il faut faire attention à
qui on fait monter dans sa voiture pour se ménager un alibi...
Face
à l'horreur : Un braqueur redoutable se fait prendre en
photo au cours d'un hold-up. Son visage désormais connu, sa carrière
va tourner court. Jusqu'à ce qu'il trouve un plan génial : se
faire refaire le portrait par un médecin... et ne laisser aucun
témoin derrière lui. Mais parfois, on a beau prendre toutes les
précautions, on oublie le grain de sable qui va tout faire
capoter...
Des histoires comme
ça, ce premier volume de «Crime SuspenStories » en
propose pas moins de 28, réunies par Akileos dans un volume soigné
à la couverture sobre et élégante, un peu à l'opposé des
couvertures choc de l'époque de parution des fascicules originaux.
Ces 28 récits sont tirés des numéros 1 à 7 de cette publication,
qui en compta au total 27, et qui prit fin en février 1955, victime
de la création du Comics Code Authority. Ce même code entraînera
aussi l'arrêt d'autres titres du même éditeur comme « Schock
SuspenStories » ou « The Vault of Horror »,
tous accusés d'entraîner la jeunesse sur les chemins de la
délinquance et de la dépravation (on connaît un certain
Jean-François C. qui en aurait fait des caisses à leur lecture...).
(Re)lire, plus de cinquante après, ces histoires qui se sont
trouvées dans l'oeil du cyclone de la censure, permet de mesurer
leur soit-disant « immoralité »... et de se rendre
compte que le duo Bill Gaines (le patron himself à l'époque de EC
Comics) Al Feldstein, scénaristes de la plupart des intrigues de ce
recueil, construisaient surtout des récits où hommes et femmes
s'évertuaient à échapper à un destin funeste, le plus souvent en
pure perte... Les chutes de la plupart des histoires sont en effet
on ne peut plus cruelles, avec une morale sous-jacente qui pourrait
être celle du titre d'une des autres publications de cet âge d'or
du "crime comics" : le crime ne paie pas. Et au service de
ces histoires sombres et implacables, des dessinateurs au talent
immense, qui n'avaient pas leur pareil pour camper des personnages
réalistes, aux visages tordus par l'angoisse, suant toutes les
larmes de leurs corps à l'approche de l'instant fatal. Sans oublier
les femmes, en beautés glacées et glaçantes, fatales pour leur
victime... ou pour elles-mêmes. Ces dessinateurs, ce sont Johnny
Craig (qui signe la couverture de ce tome 1), Jack Kamen, Graham
Ingels, et Harvey Kurtzman, futur fondateur, avec Bill Gaines,
justement, de l'immortelle revue satirique Mad.
Cette anthologie que
nous offre Akileos est une véritable aubaine et permet enfin de lire
en français les premiers thrillers - au sens premier : qui font
flipper ! - en bandes dessinées, et il ne faut pas passer à côté
de ce tome, ni du deuxième, annoncé pour avril... Et
aller faire un tour du côté des "Shock SuspenStories" à paraître ce mois de mars !
Crime suspenStories 1
Scénario et dessin
collectif
Akileos, 2012 – 208
pages noir et blanc – 26 €
Crime suspenStories 2
Scénario et dessin
collectif
Akileos, 2014 – 180
pages noir et blanc – 26 €