Le Goo Goo Muck trio est un groupe de musiciens de blues sans histoire. Enfin, sans histoire jusqu'à la découverte du cadavre de José Da Silva, latin lover Portugais et local, mystérieusement assassiné... Non pas que le trio y soit pour quelque chose, mais, c'est juste que le trucidé était une connaissance à eux. Et une connaissance morte par homicide, ça marque. Alors pour marquer le coup, il est décidé de rendre hommage à la victime en lui dédiant le concert du lendemain. Mais en attendant, il faut répéter, et c'est là que les choses prennent une tournure bizarre pour le chanteur au banjo du trio : à la place de son instrument fétiche, un flingue et deux chargeurs attendent paisiblement, comme dans les meilleurs films de gangsters... Où est passé le banjo et à qui est cette arme ? La vérité ne va pas tarder à se manifester.
Cet album – qui porte bien son sous-titre de « Fantaisie noire » - est placé sous les auspices de Dock Boogs et de Maurice Tillieux. Si le second nous est familier (comment cela, vous n'avez pas lu cette chronique de la réédition des fabuleux Gil Jourdan ???), je dois avouer que j'ignorais qui était le premier. J'aurais pu m'en douter à la couverture, superbe, de cet album : c'était un bluesman américain, un maître du banjo des origines. Et cette BD toute entière est un véritable hommage, ludique, à la musique et au roman noir. Nicolas Moog, déjà auteur d'une bonne adaptation du Poulpe de Jacques Vallet (« L'amour tarde à Dijon ») s'amuse comme un petit fou à parsemer son histoire de clins d'oeil à la Série Noire. Le plus spectaculaire – et amusant – est d'avoir glissé le tueur de service dans la peau de... Marc Villard : notre vénérable gloire nationale ne lui en veut pas, puisqu'il lui signe une préface aussi référentielle que les planches qui la suivent. Et tout aussi délirante. Bon, l'intrigue est ténue, mais le plaisir est ailleurs, c'est un peu celui ressenti à la lecture d'une nouvelle : le tout est ramassé, et on peut revenir au début pour savourer à nouveau.La mort n'est pas une excuse, non, et passer à côté de cet album non plus !
La mort n'est pas une excuse
Scénario et dessins Nicolas MOOG
Six pieds sous terre, 2010
48 p. noir et blanc – Collection Monotrème
10 €