Scène de chasse au coeur de
la forêt profonde. Deux hommes sont aux aguets, prêts à occire
l’innocent cervidé qui fait une pause au bord du fleuve . Mais
l’un des deux chasseurs n’est pas tout à fait à son affaire :
il a des flashbacks, des réminiscences d’une autre type de traque,
ce « jeu », auquel on l’a contraint à participer, et
où les cibles ne sont ni plus ni moins que des hommes comme lui.
Tous impliqués dans le Jeu, comme lui. Des exécutants qui obéissent
à leurs commanditaires, « Les Voix ».
Mais Harry Exton a toujours
refusé le Jeu, et il croyait bien en être débarrassé, en se
faisant oublier au fin fond du Montana, où il est désormais Raymond
Perkins, et où il partage les immensités de la nature avec pour ami
le seul Wiley. Un ami qui a de légers doutes sur l’identité de
cet homme, aux réflexes bien affûtés pour un simple chasseur
d’épaves… Et puis Harry reçoit aussi dans son modeste chalet
Grace Watt, la charmante femme du dentiste local, et dont les visites
semblent avoir dépassé le stade de la franche courtoisie.
Tout ce fragile équilibre va
se trouver ébranlé quand les Voix vont se réveiller et décider
l’élimination définitive de ce bon vieil Harry. Et elles vont
lancer à ses trousses pas moins de treize exécutants et employer
tout ce que la technologie de l’époque peut offrir pour mettre un
terme à la déjà trop longue carrière de soliste de ce joueur
récalcitrant qu’est Harry Exton.
Les
Proies viennent mettre un terme à la formidable trilogie qu’est
l’Exécuteur – Button Man, rappelons-le, en VO – et ce final
est dans la lignée des deux précédents volumes : nerveux,
violent, spectaculaire, inventif et complètement immoral. Après Le Jeu mortel, et la Confession, il fallait à John
Wagner et Arthur Ranson maintenir le haut niveau de
tension de leur récit de la vie mouvementée d’Harry Exton. Ils y
parviennent, en choisissant de faire jouer leur « héros »
à « seul contre le monde entier », et en imaginant des
scènes tout aussi saisissantes que dans les deux premiers volumes.
Ranson excelle toujours autant dans les scènes nocturnes, qu’elles
soient urbaines – formidable passage à Chicago ! - ou en
pleine nature forestière et enneigée. Son final, où Harry piège
les bois, rappelle « First Blood », et Exton pourrait
s’appeler John Rambo qu’on ne trouverait pas grand-chose à y
redire. Mais L’Exécuteur est bien un personnage de polar, à l’âme
bien sombre, et qui demeurera impitoyable jusqu’à la dernière
case. La fin de l’album est sèche comme un coup de trique :
une conclusion parfaite pour ce qui devrait devenir un classique du
genre. Et qui devrait l’être depuis longtemps, damned !
L'Exécuteur
3
– Les Proies ****
Scénario John Wagner et
dessin Arthur Ranson
Traduction de Philippe Touboul
Delirium, 2018 - 112 pages
couleur - 24 €
Sortie
le 16 mars 2018