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samedi 1 septembre 2012

[Chronique] - Post mortem, ou quand les morts-vivants pointent à l'usine...

Les morts ne sont plus ce qu'ils étaient : le gouvernement a inventé « le Programme », un moyen de les ramener à la vie. Une bonne nouvelle ? Pas pour les revenants – les Post Mortem comme ils sont appelés – qui ne passent plus par la case cimetière, mais vont  directement à la case travail, celui des tâches répétitives et ingrates. Une riche idée pour sortir le pays de la crise, mais qui commence à provoquer des rancoeurs chez les vivants : des loques humaines sont en train de les pousser au chômage... Jérémy, jeune membre d'un trio de rock, passe du côté des morts-vivants du jour au lendemain, après s'est fait renverser par une voiture. Sa mère a signé pour qu'il rejoigne le Programme, mais pour Jérémy, c'est le début d'un véritable enfer : il est traité comme un chien par ses nouveaux collègues de l'usine de pneus où il a été affecté. Il préfère en finir en se jetant sous les roues de la première voiture venue, mais il tombe sur une conductrice et son père, qui n'ont pas encore complètement fermé leur coeur à la souffrance des autres...

Difficile en ce moment d'échapper aux  zombies et autres « morts-vivants » dans la bande dessinée, qui s'alignent en cohorte derrière la série-phare « Walking dead » (fort réussie d'ailleurs). Pierre Maurel prend une voie complètement originale en inversant les rôles : les zombies ne font plus physiquement peur, ni mal, et sont eux les victimes d'une partie de la population. Vulnérables, les voici exploités jusqu'à la moëlle, et ils constituent un véritable lumpenproletariat du XXIème siècle. Partant de ce postulat, Maurel pose la question de la résistance : existe-t-il encore quelqu'un pour s'opposer à cette situation, qui s'aggrave de jour en jour ? Les vivants ont-ils encore une once d'humanité ? L'auteur  répond par une histoire à suspense, un récit en forme de poursuite / fuite, qui feraient presque entrer « Post Mortem » dans la catégorie des thrillers... Mais ce sont bien les rapports humains qui sont au cœur de cet album, une préoccupation déjà présente dans le très bon « Blackbird », où il était question de liberté de publication et de régime autoritaire.
Le dessin de « Post Mortem » est plutôt de la famille « ligne claire », net et précis, et on peut lui rapprocher celui de Frédérik Peeters (« RG », dans la même collection). Un style graphique d'apparence inoffensive, mais qui permet mieux qu'un autre d'emmener le lecteur sur des chemins intérieurs beaucoup plus sombres... quand leurs auteurs ont quelque chose à dire du monde qui nous entoure. Pierre Maurel est de ceux-là, ne manquez pas de suivre son oeuvre en construction.






Post mortem
Texte et dessin de Pierre Maurel
Gallimard, 2012 – 92 pages couleur – Collection Bayou - 16 €

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