Ce blog est entièrement consacré au polar en cases. Essentiellement constitué de chroniques d'albums, vous y trouverez, de temps à autre, des brèves sur les festivals et des événements liés au genre ou des interviews d'auteurs.
Trois index sont là pour vous aider à retrouver les BD chroniquées dans ce blog : par genres, thèmes et éditeurs.
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Bonne balade dans le noir !

lundi 26 décembre 2011

[Chronique] - L'Ange Noir arrive... et CasaNostra aussi

Judith Mérieux est une avocate réputée, et redoutée, du Barreau de Nantes. Efficace et intransigeante, elle s'est fait plus d'un ennemi au cours de sa déjà longue carrière, et a même hérité d'un surnom : l'Ange Noir. Cette vie au service de la loi et de la justice la fait peut-être passer à côté de sa vie intime avec Pierre, son mari, un homme d'affaire tout aussi occupé qu'elle par ses affaires dans l'import-export. Au moment où Judith interroge Pierre sur un éloignement qu'elle perçoit de plus en plus manifeste, son mari la rassure : il leur a programmé un voyage en amoureux, en Suède, pour leur dix ans de mariage. Mais Judith n'en profitera pas : elle est retrouvée assassinée presque aussitôt après l'annonce de ce voyage. La police entre alors en scène, mais peine à trouver une piste pour ce meurtre. Faut-il chercher du côté d'un ex-taulard animé d'un désir de vengeance ? De celui d'une affaire en cours où le client adverse s'est déjà accroché avec Judith ? A moins que les lettres de menaces reçues depuis quelques temps au cabinet constituent la clé de l'énigme pour l'inspecteur Lucas ?

Pour leur première production, la collection « CasaNostra », dont l'une des ambitions avouées est « son inscription dans les espaces de notre quotidien », nous emmène du côté de Nantes. Jérôme Mathé, le dessinateur, met un soin particulier à mettre en scène sa ville, dans un style graphique original, mixant dessin et photographies, retravaillées ou utilisées parfois directement dans ses pages. Ses personnages évoluent donc dans ce décor urbain, réaliste, et l'alchimie se fait assez bien. La composition des planches, avec l'utilisation ponctuelle des traits de vitesse, ou le choix, plus fréquent, de visages en gros plan, donne un peu un petit côté côté manga à l'album. Mais on pense aussi, toujours côté visuel, à certains comics, et en particulier à Queen & Country, de Greg Rucka (série traduite chez Akileos). Tout cela fait de l'Ange Noir un album un peu hors des sentiers battus. L'histoire en elle-même reste par contre un peu plus attendue, tant dans les portraits proposés par Jean-Pierre Bathany (le flic solitaire et dépressif, l'ex-taulard revanchard, la super-woman au coeur sensible...) que dans l'intrigue dont on pressent assez facilement le dénouement. Il n'empêche que cet album – à la couverture superbe - est une première réussie pour CasaNostra, dont il faudra surveiller les prochaines parutions. Les histoires resteront dans le Grand Ouest (Rennes, Saint-Malo)... en attendant d'emprunter d'autres sentiers du Noir !

L'Ange Noir
Scénario Jean-Pierre Bathany et dessin Jérôme Mathé
Sixto, 2011 – 111 pages noir et blanc – Collection CasaNostra – 17,90 €

mercredi 21 décembre 2011

[Chronique] - Lady Elza et l'Excentric Club

Lady Elza est une jeune femme aux fortunes diverses : si financièrement elle est à l'abri du besoin – car issue d'une riche famille – sentimentalement c'est autrement plus compliqué. Déjà divorcée, elle virevolte d'aventures en aventures, ce qui n'est pas sans danger. Ainsi, au début de celle-ci, Elza se retrouve en imper et porte-jarretelles, sur les toits de Londres, obligée de fuir la vindicte de la maîtresse de son amant d'un soir. Elle s'en sort, mais ladite maîtresse, blessée dans son orgueil (et à l'orteil car elle s'est tirée une balle dans le pied par maladresse...) ne veut pas en rester là. Elle charge son frère, le malfaisant Albee Switch, d'estropier la belle Elza. Par bonheur, celle-ci a été envoyée dare-dare à la campagne par son cousin Palfy, pour la protéger, mais aussi pour la faire entrer dans un cénacle très fermé, le mystérieux Excentric Club. Mais pour être admise, encore faut-il passer rituels et épreuves avec succès. La fougueuse Elza va-t-elle être à la hauteur ?

Vous aimiez « Les Rochester », des mêmes auteurs ? Vous allez adorer les aventures de Lady Elza, qui sont la continuité de celles publiées chez Dupuis, l'héroïne désormais seule vedette. Dufaux, dans une postface un peu amère et triste au sixième et dernier tome de la série, avait exprimé toute sa déception de devoir abandonner les Rochester, faute d'avoir réussi à les faire aimer à son public. Glénat lui offre une seconde chance, et chers lecteurs et lectrices, si vous êtes amateurs d'humour raffiné et que la ligne claire exerce sur vous une certaine séduction : foncez ! Lady Elza s'inscrit dans la droite lignée du Floc'h de la période « Albany » (Le Dossier Harding, A la recherche de Sir Malcolm...) et du Freddy Lombard de Chaland, dont Philippe Wurm fait un peu figure d'héritier, un petit coquin en plus. Car l'héroïne du duo est loin d'être une fille coincée, et elle en émoustille plus d'un au fil de ses pérégrinations. Ce léger décalage entre un style graphique que d'aucuns – les naïfs – estiment s'adresser aux plus jeunes, et une histoire pour les, voyons, moins jeunes, fait tout le sel de Lady Elza. Sans oublier qu'autour de ce personnage central féminin séduisant, Dufaux a imaginé une histoire à la lisière du fantastique, pleine de rythme et ponctuée de dialogues des plus plaisants. Du style :
« - C'est Lord Schnock. Un membre de l'Excentric Club
- Encore ! Et qu'a-t-il de particulier ?
- Il correspond chaque nuit avec Lady Di. Avec l'esprit de Lady Di. C'est très fatigant. La princesse a tant de choses à révéler »
Voici donc un come-back réjouissant, et souhaitons longue vie la pétillante Elza.
Avec qui on partagerait bien une coupe de champagne à la Saint-Sylvestre, tiens.

Lady Elza 1 – Excentric Club
Scénario Jean Dufaux et dessin Philippe Wurm
Glénat, 2011 - 52 pages couleur - 13 €

mercredi 30 novembre 2011

[Chronique] - Le Maître de Benson Gate, cycle 2

Boston, avril 1917. Un mystérieux individu interrompt le repas familial de la richissime famille Benson, qui a fait fortune grâce à ses puits de pétrole. L'homme se dit porteur d'un message de Calder, l'aîné de la famille, à destination de son frère Richard, désormais héritier d'un empire financier en pleine ascension. Stupeur autour de la table : Calder est tenu pour mort depuis l'explosion de son bateau, trois ans auparavant, dans le port mexicain de Tampico. Le messager inattendu va alors entamer un long récit en tête à tête avec Richard Benson, et raconter tout ce qu'il sait de l'imprévisible et impétueux Calder Benson, apparemment bien en vie...
Cette série d'aventure a tout de la saga familiale à la Dallas, avec ses coups tordus, ses rebondissements, et cette ivresse du pouvoir qui s'empare de tous ceux qui se veulent se rendre maître du pétrole. Nury, en la plaçant dans les années 1910, lui donne un aspect historique qui renforce encore son attrait. Après avoir établi les rapports de force familiaux des Benson, en pleine ruée vers l'or noir, dans les deux premiers albums, le scénariste revisite dans ce deuxième cycle (« Calder ») les rapports Etats-Unis / Mexique, et fait entrer les rebelles de Pancho Villa dans la danse. A côté de cela, il continue à affiner le caractère de ses personnages, certains se révélant plus sombres que prévus. Et en choisissant de raconter son histoire par la voix de Taylor, le chauffeur garde du corps de Richard Benson, il laisse un peu de répit au lecteur, Taylor gardant une certaine distance par rapport à tout ce qui se passe autour de lui. Mais il y a fort à parier que ce personnage prenne un rôle-clé dans la suite de la saga. Garreta dessine cette série avec un trait réaliste et est aussi à l'aise avec un port en flammes ou une marche harassante dans la jungle qu'avec de paisibles scènes de bonheur familial. Et ses couvertures sont magnifiques...

Le Maître de Benson Gate – Cycle 2 : Calder
Tome 3 – Le Sang Noir
Tome 4 – Quintana Roo

Scénario Fabien Nury , dessin Renaud Garreta
et couleur Jean-François Chagnaud
Dargaud - 54 pages couleur - 13,95 €

dimanche 27 novembre 2011

[Chroniques] - Luna Park et The Mystery Play : l'empreinte Vertigo

Pour celles et ceux qui pensent encore que comics = personnages écervelés en costumes bariolés, voici deux albums parus chez Panini qui viennent rappeler que le polar ne se conjugue pas systématiquement sur le mode du super-héros justicier et de ses états d'âmes. En fait, il faut jusqu'à oublier le mot même, héros, car on a plutôt affaire à des hommes ordinaires quand on se plonge dans ces deux oeuvres riches et déroutantes, estampillées du célébrissime label « Vertigo ».

La première, qui vient de paraître, est Luna Park de Kevin Baker au scénario et de Danijel Zezelj au dessin. Elle retrace l'histoire d'Alik Streinkov, ancien soldat de l'armée russe, qui a cru pouvoir exorciser les démons des guerres auxquelles il a pris part, en s'exilant aux Etats-Unis. Mais il n'échappe pas tout à fait à la violence puisqu'il devient un de ces hommes de l'ombre qui oeuvrent pour la Mafia de Brooklyn. Son quotidien est celui de Coney Island, un univers peuplé de manèges en décrépitude dans un parc d'attraction qui tourne à la ville fantôme... Et bientôt il se retrouvera avec sa maîtresse, la troublante Marina, au coeur d'une guerre des gangs, où il devra aussi affronter son passé... et son futur.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce Luna Park ne se laisse pas dompter facilement, et mérite une lecture attentive : l'entrecroisement des époques (première guerre mondiale, Belle Epoque, guerre en Tchétchénie, Etats-Unis de maintenant) et des personnages (avec la figure multiple de la femme aimée à travers le temps) en font une oeuvre assez complexe. Kevin Baker est un romancier (dont la trilogie à succès Dreamland ne semble pas encore traduite) qui signe là son premier scénario, qu'il a bâti avec une volonté d'imbriquer des récits les uns dans les autres, revisitant en partie l'histoire de la Russie. Et en injectant une petite dose de mysticisme et d'onirisme, il fait définitivement passer Luna Park dans les albums inclassables de cette année. Et si le résultat est si fascinant, c'est bien sûr parce que Zezelj, le dessinateur, passe d'un épisode à l'autre de ce récit dense avec une aisance incroyable et que ses planches, réellement splendides, illustrent à merveille le côté sombre de l'histoire. Album hybride mêlant plusieurs genres avec grâce, Luna Park mérite l'attention de tous ceux jusque là déçus par toutes les tentatives de coucher sur les planches la confrontation d'un homme face à son histoire, et face à l'Histoire.Luna Park
Scénario Kevin Baker et dessin DAnijel Zezelj
Panini Comics, 2011 - 160 pages couleurs - 16 € (Vertigo)

Un autre album paru il y a plus d'un an, au cours de l'été 2010, est tout aussi graphiquement magnifique, et s'inscrit lui aussi dans les comics atypiques. Il s'intitule The Mystery Play, et est d'emblée frappé du sceau "thriller psychologique" en quatrième de couverture. Bon, il est vrai qu'il n'y a guère tromperie sur la marchandise, au regard de l'intrigue écrite par Grant Morrison : Dans la petite ville de Townely, un festival de théâtre est mis en place par la municipalité, histoire de ressouder les gens face à la récession et au chômage, et comme le dit le maire « de permettre à la ville de réaffirmer son identité »... Les pièces choisies sont issues du cycle des mystères médiévaux et ont un aspect biblique prononcé. Et voici que l'acteur jouant Satan assassine celui qui joue Dieu... L'étrange inspecteur Carpenter entre à son tour en scène mais son enquête ne va faire que jeter un trouble encore plus grand...


Tout comme Luna Park – et peut être plus encore – c'est par le dessin que le lecteur de The Mystery Play est happé. Jon J Muth offre des planches littéralement peintes – il est d'ailleurs crédité de peintures et non de dessins au générique – d'un réalisme à couper le souffle. Tantôt proches de la photo, tantôt de l'aquarelle impressionniste, elles créent progressivement un climat d'angoisse et de suspicion, et ne font que rarement retomber la tension. Les notions de Bien et de Mal, de folie et de vengeance, traversent de part en part cet album lui aussi hors norme. Hors norme, car après avoir commencé par la narration traditionnelle d'une quête de la vérité sur un meurtre, il bifurque vers la personnalité de l'enquêteur, avant de se conclure sur l'attitude d'une foule sous tension et de ses pulsions... Un autre véritable ovni dans les « crime comics », à (re)découvrir.

The Mystery Play
Scénario Grant Morrison et peintures Jon J Muth
Panini comics, 2010 - 80 pages couleurs - 12 €

samedi 19 novembre 2011

[Chronique] - Re-Mind 3, ou le film de votre vie...

Ethan Geb a survécu : un attentat à Wall street a été déjoué de justesse grâce à son père, qui s'est sacrifié en utilisant la technologie du re-mind. Celle-ci permet de retracer toute la vie d'une personne dans les instants qui suivent sa mort. Mais si les terroristes ont échoué sur ce coup-là, ils restent un danger : ils ont en leur possession un appareil re-mind, et préparent un nouvelle action. L'inspecteur McKee et l'agent Ethan Geb se mettent en chasse, et essayent de retrouver la trace de la poseuse de bombe de Wall Street...
La première mission – en 2 tomes – était axée sur la découverte de la technologie du Remind, et sur le duo Père-Fils John/Ethan Geb et sur une menace sur le sol des Etats-Unis. (J'avais chroniqué le premier tome : vous pouvez y aller pour le second, les promesses sont tenues !) Cette fois, elle s'internationalise et l'action se déporte jusqu'en Australie. L'intrigue est un peu plus complexe, mais on a toujours l'impression d'être en plein dans une série TV américaine... de qualité. Alcante est un auteur en pleine ascension (dernier coup d'éclat : le tome 4 de XIII mystery avec François Boucq) et l'originalité de son scénario est bien son aspect fantastique, avec cette technologie permettant d'entrer dans la tête des gens. Un peu comme dans Minority Report mais ce ne sont plus les rêves qui sont visités, mais le passé...
Andrea Mutti est quant à lui un nom qu'on croise de plus en plus souvent, et dans tous les genres (un petit tour sur son site perso vous permettra de découvrir l'étendue internationale de sa biblio, déjà bien fournie). Il dessine cette série avec dynamisme, dans un style réaliste qui ne laisse pas de place à la fantaisie, mais on n'est pas là pour rigoler, il faut dire... Les couleurs sont assez réussies, notamment dans les scènes nocturnes. Comme pour la première mission, celle-ci est en deux tomes. Suite et fin au prochain, donc.

Re-Mind, tome 3
Scénario Alcante et dessin Andrea Mutti
Dargaud, 2011 – 48 pages couleur – 11,95 €

jeudi 3 novembre 2011

[Collector] - 100 héros disparus du journal Spirou

421, Ginger, Jess Long, Marc Dacier... Des figures quasi mythiques de détectives, reporters et autres aventuriers qui ont fait les beaux jours de Spirou au fil de l'histoire de l'hebdomadaire. Ces quatre-là, vous voyez certainement qui ils sont, car des albums de leurs aventures ont régulièrement été publiés. Mais tous les héros n'ont pas toujours cette chance de la sortie en 44 planches, suite à leur parution dans le magazine... et sont un peu tombés dans l'oubli. Par exemple, connaissiez-vous le journaliste Brice Bolt (Charlier et Puig), les fans d'aéromodélisme les Casseurs de bois (de Mittéïo, Piroton et Carin), ou le duo de flics Garonne et Guitare (Mythic et Hardy) ?
Accompagnant le Spirou numéro 3839, ce petit supplément revient sur 100 personnages « 100 petites perles qui n'ont pas eu la chance de poursuivre leur chemin ». Présentées en une case, avec un court texte, les dates des premières et dernières apparitions dans la revue, l'ensemble est vraiment plaisant et certaines séries donnent franchement envie d'être (re)découvertes. Evidemment, toutes ne relèvent pas du polar, mais il y en a tout de même pas mal. Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer un petit extrait de l'opuscule : ces deux gaillards là n'ont-ils pas l'air intrépides ?Un chouette petit livre, uniquement pour les abonnés, comme d'hab... A vos braderies !

100 héros disparus du journal Spirou -
Supplément (32 pages, format 10 x 15 cm) du Spirou n°3839

lundi 24 octobre 2011

[Chronique] - Rivages/Casterman/ Noir : Adios Muchachos

La technique d'Alicia est bien huilée. Elle roule en pleine ville, et repère dans la circulation celui qui sera son prochain pigeon. Il circule en général à bord d'une grosse bagnole et affiche l'air suffisant du touriste plein aux as. Elle, elle circule à vélo, dans une tenue des plus légères : t-shirt en haut, jupe mini comme pas permis. Et c'est bien là que se trouve le noeud de l'arnaque, dans cet accoutrement destiné à aller à la pêche au gogo : une fois sa future proie choisie, Alicia se porte d'abord à sa hauteur, histoire qu'il la repère bien, puis le dépasse et pédale tranquillement devant lui, histoire qu'il voit bien ce qu'il y a sous la jupe. Et à un moment, crac, c'est la chute ! La jeune femme se retrouve à terre, le conducteur pile juste à temps, il est confus, il sort pour porter secours à la pauvresse, mais il ne sait plus s'il doit regarder la culotte d'Alicia ou jeter un oeil au vélo... Le pédalier semble foutu, et Alicia ne se fait pas prier pour se faire raccompagner chez sa mère, avec qui elle vit encore, et là, après l'avoir attiré dans sa chambre, la jeune femme ferre définitivement le poisson, qui succombe à ses charmes et la voici à l'abri du besoin pour un petit moment. La mère est dans la combine, car il faut bien vivre, à la Havane, en ce début de 21ème siècle. Le petit numéro, bien rôdé, fonctionne à merveille et semble même atteindre la perfection lorsqu'Alicia prend dans ses filets Juanito, un beau gosse au physique d'Alain Delon. Mais le play-boy n'est pas dupe, et il décide de proposer à Alicia de passer à la vitesse supérieure, côté arnaque par la séduction. Reste à savoir si ces deux-là peuvent tous les deux gagner sur tous les tableaux...
C'est Matz lui-même – co-directeur de la collection avec François Guérif – qui s'est chargé de l'adaptation de ce roman de Daniel Chavarria, publié à Cuba en 1995, et Paolo Bacilieri qui oeuvre aux pinceaux. Ce qui frappe dans cette version, c'est sa dimension sensuelle. Dès le début, bien entendu, avec le manège aguicheur de « l'héroïne », puis un peu plus loin, dans les cènes de jeux érotiques entre Alicia et Juanito, mais aussi dans des scènes moins explicites : l'air est sérieusement moite dans ces pages... C'est en fait en raison du trait de Bacilieri, étonnamment proche dans certaines planches, de celui du vénérable Georges Pichard, un des maîtres français de la bande dessinée polissonne (Ah, « Paulette » et « Blanche Epiphanie »... ). On en oublierait presque que cette BD est un polar, mais on aurait tort : le roman de Chavarria ménageait un vrai suspense que Matz réussit à transposer, tout en maintenant une atmosphère lourde, de celle où le lecteur se dit : « ça va mal finir... ». Mais ça, je vous laisse le découvrir.

Adios Muchachos
Scénario Matz et dessin Paolo Bacilieri
d'après le roman de Daniel Chavarria
Casterman, 2011 - 124 pages couleurs.
Collection Rivages/Noir/Casterman - 18 €

mercredi 19 octobre 2011

[Chronique] - La Princesse du Sang, seconde partie

A l'issue de la première partie, nous avions laissé le trio Ivy Pearl, Negra (alias Alba Black) et leur protecteur Maurer en plein coeur de la jungle cubaine, avec à leurs trousses, un commando mené par l'impitoyable Guido, assisté du pisteur Richard Cheyenne. La mission de Guido est simple : il s'agit purement et simplement d'éliminer la jeune Alba, et le commanditaire de cette chasse à mort n'est autre que le propre oncle d'Alba, Aaron Black, trafiquant d'armes international. Mais tous les acteurs ne sont pas encore entrés dans la danse, et surtout, aucun n'a encore joué son vrai rôle...

L'ultime roman de Manchette était resté inachevé et c'est son fils, Doug Headline, qui a entrepris de terminer la palpitante aventure d'Alba Capra, dans cette version graphique dessinée par Max Cabanes. Cette Princesse du sang définitive, en quelque sorte, est plus qu'une simple adaptation, non seulement car on en connaît désormais le dénouement, mais aussi parce que c'est un véritable maelstrom de 160 planches, un cocktail réussit mixant plus d'un genre : action, polar, aventure, géopolitique... Sans oublier une dimension psychologique surprenante, traduite dans ce jeu d'influence que se livrent les différentes factions alors que la traque bat son plein, dans une forêt à la fois hostile et protectrice. C'est tout simplement fascinant, et c'est une des facettes les plus surprenantes de ce diptyque. Pour le reste, les décors de Cabanes sont somptueux et on sent littéralement les odeurs de sa Sierra Maestra, cette jungle pour laquelle il a également réalisé des couleurs superbes. Quant à sa galerie de personnages, inutile de chercher l'erreur de casting, tant il a su camper des hommes et des femmes avec un réalisme tout manchettien et leur prêter des silhouettes et des visages que le romancier n'aurait certainement pas renié. Le travail de Doug Headline sur les notes de son père n'est certainement pas étranger à la réussite totale de cet album, nettement à part dans la longue liste des bandes dessinées inspirées des oeuvres de nos grands écrivains du Noir.

La Princesse du Sang, seconde partie
Scénario Doug Headline d'après Jean-Patrick Manchette
Dessin Max Cabanes - Dupuis, 2011 - 80 pages couleur - Collection Aire Libre - 15,95 €

Le roman de Jean-Patrick Manchette est disponible aux éditions Rivages

samedi 15 octobre 2011

[Chronique délocalisée] - Le Perroquet des Batignolles

Oscar Moulinet, preneur de son à France Inter, est patraque et en ce jour pluvieux, il est encore au lit en fin d'après-midi. Professionnellement consciencieux, il est tout de même branché sur sa station et écoute l'interview de la cantatrice Christina Vogelgesang, qui avoue une curieuse habitude : la grande artiste se sert d'une petite boîte en forme de canard en or pour y ranger les pillules qu'elle prend régulièrement pour ne pas perdre sa voix. Mais ce qui surprend le plus Moulinet c'est que le canard est aussi une boîte à musique, qui joue « L'Entrecôte », chanson immortalisée en son temps par les Frère Jacques...

La suite de ma chronique chez l'ami Julien Védrenne, ici, sur k-libre.

Mais rien que pour vous sur bédépolar, deux cases de Stanislas issues de ce premier tome Le Perroquet des Batignolles 1 - L'Enigmatique monsieur Schmutz
Scénario et dessin Stanislas Barthélémy, d'après Michel Boujut et Jacques Tardi
Dargaud, 2011 - 56 pages couleurs - 13,50 €

dimanche 9 octobre 2011

[Chronique] - Le Commando Torquemada, l'intégrale !

« Veritas, ou je cogne ! ». Voilà ce qu'on peut lire, dans les sous-sols du Vatican, sur la porte du bureau personnel du Cardinal Albuferque. Et c'est depuis ce bureau que ce Cardinal très spécial – affectueusement surnommé Anaconda par ses proches – dirige d'une main de fer la Très Sainte Inquisition, dont fait partie le Commando Torquemada, un trio d'ecclésiastiques de choc chargé des missions les plus délicates... Tout cela sous l'oeil attentif du Pape, bien entendu.
En fait, c'est un peu au Service Secret de Sa Sainteté, mais à y regarder de près, on ne saurait trop qualifier le commando de troupe d'élite : Frère Malachie, est un spécialiste des potions qui rendent très malade, aveugle, quand elles n 'envoient pas directement au ciel. Feargal Mc Gowan, a lui tout du dandy amateur de jeux de mots et a la gâchette un peu trop facile. Enfin, soeur Sarah Terwagne est elle une nonne hyper canon, habitée par des visions provoquées par une pratique assidue de l’auto flagellation... Voyez un peu le genre.
Connaissant bien ses ouailles, Anaconda ne fait appel au Commando Torquemada que pour les cas les plus désespérés, et à ce jour, il leur a assigné trois missions :
La première est racontée dans le tome « Pour la plus grande gloire de Dieu » et a consisté pour le trio à ramener à Rome la lance du centurion Longinus. Oui, celle-là même qui a percé le flanc du Christ sur sa croix, et qui, des siècles plus tard, sert de rayon à la roue du vélo d'un dictateur africain. Difficile mission.
Dans la deuxième, le commando doit s'assurer que Soeur Dominique, numéro 1 de la chanson liturgique, et en tête des ventes de disques, sera bien en état de participer à ce festival rock imaginé par le Saint Père pour relancer la ferveur religieuse auprès des jeunes. Pas gagné car depuis quelques temps la star se shoote avec n'importe quoi, ce qui nuit un peu à sa santé. C'est le tome « Dominique nique nique ».
Enfin, dans la dernière mission en date, le Pape envoie son commando au Caire pour récupérer un ouvrage fort compromettant pour l'Eglise : il y est raconté que, si Jésus a été embrassé sur la bouche par Judas - le fameux baiser de Judas - c'est parce que ces deux là étaient amants, et en passe d'annoncer publiquement leur union... Vous imaginez le coup de tonnerre dans la Chrétienté si cela venait à se savoir ! Titre de cette troisième mission : « Pas sur la bouche ! ».

Bon, inutile d'en rajouter, vous vous doutez bien qu'on est là dans l'hénaurme : les dialogues de Philippe Nihoul fourmillent de bons mots, flirtant parfois avec le mauvais goût, les missions sont parsemées de rebondissements complètement improbables, et quant au dessin, dirons-nous, nerveux, de Xavier Lemmens il participe au délire de la série. Ses personnages principaux sont particulièrement réussis, car très typés (un petit gros, un bellâtre à Ray Ban, une pin up pour le trio) avec une mention spéciale pour le Pape, qui a les traits de Jean-Paul 2, et non de Benoit 16.
Particularité de cet album, c'est du trois en un : c'est une intégrale intitulée « Commando Torquemada , Evangiles I, II et III », qui s'ouvre sur une Genèse de 6 planches, jusque là inédite. Alors si ça vaut vraiment le coup quand on a pas un des deux premiers albums, c'est plus embêtant quand on les a, car on ne peut lire « Pas sur la bouche » que dans cette intégrale...
Une arnaque ? Oui et non, car c'est une très belle édition, cartonnée et tout et tout. Et puis, si vous avez déjà les 2 premiers tomes, il suffit d'aller vous poster à la sortie de la messe pour les revendre aux fidèles, vous verrez : ça partira mieux que des petits pains.
Commando Torquemada : Evangiles I, II et III
Scénario Philippe Nihoul et dessins Xavier Lemmens.
Fluide Glacial, 2011 - 150 pages couleurs – 25 €. (Hosties non fournies.)

samedi 24 septembre 2011

We are the night : dans la nuit lyonnaise...

Malika n'en peut plus de rester cloîtrée chez sa mère et fait le mur pour retrouver Pierre : c'est sûr, c'est cette nuit qu'elle perdra sa virginité. Georgia elle aussi fuit le domicile, mais elle, c'est pour rejoindre son amant, Franck. Un manège qui n'échappe plus à son mari de Georgia qui a tranché : c'est cette nuit qu'il va faire passer le goût des escapades à sa femme. Osmane le taxi charge une jeune femme désespérée. Un trio de branquignols prépare un braquage. Laure employée dans une boutique de luxe, maltraitée par sa patronne, rentre chez elle... mais a oublié ses clés au magasin. Charlotte, jeune femme travaillant dans un cabinet d'avocats, prépare une entourloupe de première à son patron... et c'est pour cette nuit. Une patrouille de deux flics tourne...
Dans la moiteur lyonnaise, ce sont 19 personnages qui vont se croiser – ou pas – et pour qui l'heure tourne inexorablement, synonyme de destins en marche. Ces 19 là font la nuit, ces 19-là sont la nuit...
Une BD chorale pour un polar « Noir et urbain » dit le teaser du premier tome (que vous pouvez voir ici, il met bien dans l'ambiance) : c'est exactement cela, et on pourrait même ajouter, avec une bande son du meilleur goût, puisque les planches sont ponctuées de standard du rock... ou de la chanson française. Il y a une vraie ambiance dans « We are the night », une vraie force dans les personnages créés par Ozanam et Kieran, et on s'intéresse à chacun et chacune. La réussite de cette balade au bout de la nuit tient justement, aussi, au rythme à laquelle elle est menée : le passage régulier de l'un à l'autre des protagonistes, installe un suspense grandissant, pour toutes et tous, avec en filigrane, le croisement attendu des routes des 19 personnages. Le tout fait furieusement penser à un « french comic » (le découpage, le format... et le titre en VO non sous titré... ), BD d'un genre qui serait en train de s'inventer, à la manière de certains albums du label KSTR de Casterman. Ankama assume jusqu'au bout l'appartenance à la famille « comics » en reproduisant, à la fin, les fausses couvertures mettant en scène les héros et héroïnes de cette nuit, réalisés par d'autres dessinateurs. Je ne résiste d'ailleurs pas à vous en reproduire une ici, celle de Méthylaine. Il y en a 5 ou 6 dans chacun des tomes, elles sont toutes réussies.
Ce diptyque est publié dans « Hostile Holster », une collection polar à suivre de près.
We are the night - Part 1 : 20h-01h
Scénario Ozanam et dessin Kieran
Ankama, 2010. – 80 pages couleur – Collection Hostile Holster - 13,90 €

We are the night - Part 2 : 01h-08h
Scénario Ozanam et dessin Kieran
Ankama, 2011. – 80 pages couleur – Collection Hostile Holster - 13,90 €

mardi 20 septembre 2011

[Festival] - Toulouse Polars du Sud, 3ème édition

Pour son troisième festival international des littératures policières, l'équipe toujours dynamique rassemblée autour du toujours sémillant Claude Mesplède n'a pas oublié d'inviter des auteurs et illustrateurs de bandes dessinées.
Côté scénaristes ce sera le moment de rencontrer, Roger Martin (« Amérikkka » chez EP), José-Luiz Munoz (monsieur « Alack Sinner ») et Doug Headline (adaptateur du roman de son père JP Manchette « La Princesse du sang »).
Côté dessinateurs, seront présents Max Cabanes (pour cette même « Princesse du sang »), Troub's, Chantal Montellier, et bien entendu, le grand Baru, qui a réalisé l'affiche de cette troisième édition.
Et évidemment, tout ce beau monde sera entouré d'une quarantaine d'écrivains du noir, dont vous trouverez la liste détaillée sur le blog du festival.
Cela se passe du 7 au 9 octobre 2011, et pour y être allé deux fois déjà, je peux vous dire que c'est un festival très sympa, où il est très facile d'aborder les auteurs.
Donc toutes et tous à TPS !

dimanche 11 septembre 2011

Sherlock avant Holmes : Les Origines (Soleil)

Des hommes assassinés avec auprès d'eux des lettres sur lesquelles sont griffonnées de mystérieuses formules latines, voilà qui a de quoi dérouter la police londonienne, et mettre en rogne le sanguin inspecteur Bratton. C'est le docteur Watson, qui officie comme légiste auprès des forces de l'ordre, qui suggère à Bratton de faire appel à un consultant un peu spécial, un jeune détective un peu fantasque, un certain Sherlock Holmes. Une fois en piste, celui-ci éclaire très vite la police sur un modèle bien précis selon lequel ont été perpétrés les assassinats...

...et je n'en dirais pas plus sur l'intrigue, assez prenante, au risque de gâcher le plaisir de lecture. Dans cette version comics de Holmes, si Watson reste le narrateur des aventures de son jeune ami, le docteur est surtout le personnage principal de ce premier tome. Les auteurs ont aussi choisi de faire du célèbre Lestrade un inspecteur plutôt discret, sous les ordres du tonitruant Bratton. . Lestrade est en retrait, tellement en retrait d'ailleurs qu'il est se fond même presque dans l'anonymat des policemen qu'il encadre, partageant leur uniforme, au point qu'on peine à l'identifier à sa première apparition. De Holmes, Betty et Indro ont fait un détective encore inconnu du public, qui tient ses connaissances de cours qu'il suit à peine, et qui apprend à se battre avec une fougue insoupçonnée. Un apprentissage qui fait de lui un personnage autant bagarreur que réfléchi, ce qui donne de belles planches d'action, aux côtés des celles mettant en scène les attendues méthodes de déduction et de réflexion menant à la résolution de l'affaire...Une réplique résume d'ailleurs assez bien l'esprit de cet Holmes des origines :
« Vous supposez que le Docteur Watson et moi-même n'allons pas nous engager dans une forme de violence pour contrecarrer vos plans. Malgré les apparences, j'en suis un adepte. Bien que débutant ».
Un Holmes sans humour british n'aurait pas été tout à fait un Holmes, non ? En tous cas, une version très plaisante, dont il faudra attendre la seconde partie pour connaître le dénouement de cette affaire des « Douze Césars »

Sherlock Holmes – Les Origines, tome 1
Scénario Scott Betty et dessin Daniel Indro
Soleil, 20101 - 72 pages couleurs – Collection Soleil US Comics

samedi 3 septembre 2011

Futuropolis : La Faute aux Chinois et Les larmes de l' assassin

Le catalogue Futuropolis s'enrichit petit à petit de véritables perles du noir. Retour sur deux - excellents ! - albums, parus à quelques mois d'intervalle.

Louis est un employé discret dans une usine d'abattage de volaille. Jamais un mot plus haut que l'autre. Pourtant, quand deux de ses collègues de la chaine s'en prennent un peu grassement à la chétive Suzanne, secrétaire qui a eu la mauvaise idée de descendre dans l'antre des découpeurs de cous de poulets, le sang de Louis ne fait qu'un tour et le voilà à défendre la jeune femme. Une robe achetée plus tard, suivie de plusieurs autres, et le voici bientôt à l'église, où avec Suzanne, ce sera désormais pour la vie. Avec Suzanne, mais aussi avec son encombrant frère Jean-Claude, cent cinquante kilos, à l'humour aussi léger que l'embonpoint. Et à l'emprise totale sur sa soeur. Bientôt, l'omniprésent beauf va trouver que Suzanne ne mène pas une vie à sa mesure, et il va se charger de faire grimper les échelons de la société à Louis, en l'entraînant sur une pente glissante : Louis devient un véritable liquidateur, marionnette au service de Suzanne et Jean-Claude...

Aborder la lutte des classes, les délocalisations, les grippes aviaires et porcines, l'anorexie, les relations frère-soeur, et j'en oublie certainement, on ne peut dire que « La faute aux Chinois » manque d'ambition ! Et ça marche... Car derrière tous ces sujets rencontrés au fil des pages, il y a la vie peu envieuse de Louis Meunier, qu'Aurélien Ducoudray et François Ravard narrent dans ses détails du quotidien, avec une grande humanité, mais aussi un certain humour noir quand il s'agit de décrire les activités peu orthodoxes de leur « héros ». En fait, cet album réussit le tour de force d'exposer les ravages du capitalisme le plus sauvage, celui qui oppresse les travailleurs du monde entier, en empruntant les chemins d'une histoire qui semble délirante. Et pourtant... qui sait jusqu'où les hommes et les femmes seront poussés pour trouver un boulot, le garder et s'en sortir mieux qu'en vivotant ? On pense parfois au roman de Westlake « Le Contrat » où à celui de Jason Starr « Simple comme un coup de fil », en lisant cette « Faute aux chinois », surtout quand le beau frère (quel personnage !) fait place net pour l'ascension de sa soeur... Mais c'est tout de même la figure de Louis, homme honnête mais parfois dépassé par les événements, et fou d'amour pour sa fille malade, qui reste en mémoire une fois la dernière page tournée. Comme une figure de la résistance, un peu monstrueuse, mais terriblement contemporaine...

La Faute aux Chinois
Scénario Aurélien Ducoudray et dessin François Ravard
Futuropolis, 2011. – 152 pages couleur - 21 €


Un second album paru en début d'année chez Futuropolis mérite tout autant votre attention : c'est celui signé Thierry Murat, adaptation du roman « pour la jeunesse » d'Anne-Laure Bondoux, Les Larmes de l'assassin. L'histoire est celle du jeune Paolo, qui vit avec ses parents dans le dénuement et l'isolement les plus extrêmes, dans des contrées arides, en Patagonie. Un homme traqué arrive, un truand, qui n'hésite pas à liquider les adultes pour s'installer dans leur misérable ferme, où il espère que la police ne le retrouvera pas. Il a épargné l'enfant, et une étonnante relation naît entre Paolo et l'assassin de ses parents. Le roman était splendide – il a été primé une vingtaine de fois – la bande dessinée l'est tout autant. Thierry Murat a su trouver les images les plus fortes et les plus justes pour traduire visuellement l'interaction paysage / émotions des hommes omniprésente dans le récit initial de la romancière. Ses planches sont composées dans leur majorité de deux ou trois grandes cases, elles-mêmes aux arrières-plans le plus souvent vierges de tout décors : un choix qui fait des personnages, tantôt silhouettés, tantôt campés en plans rapprochés où les visages sont des plus expressifs, le principal vecteur des émotions. Le texte sait se faire discret tout au long des pages, au point que la traditionnelle bulle disparaît, et ne subsiste qu'un simple trait pour relier les mots à ceux qui les prononcent... Au final, c'est un véritable récit illustré qui est donné à lire, une bande dessinée bien évidemment, mais qui sort graphiquement des sentiers battus, et nous emmène vers un ailleurs complètement fascinant. Les adaptations ne sont à mon sens vraiment réussies que lorsqu'elles sont avant tout elles-mêmes des oeuvres autonomes, mais qu'elles conservent l'essence, l'esprit, de leur matrice textuelle. Ces Larmes de l'assassin version Murat, entrent dans cette catégorie, et par la grande porte.

Les Larmes de l'assassin
Scénario et dessin Thierry Murat,
d'après le roman d'Anne-Laure Bondoux.
Futuropolis, 2011 – 128 pages couleurs – 18 €

lundi 25 juillet 2011

Sale Fric et Zone 10 : le crime made in USA chez Delcourt

Richard « Junk » Junkin a tout du looser : ex-star montante du football américain, sa carrière a été brisée en plein élan, alors qu'il allait intégrer le monde des pros. Recruté comme vendeur de voiture, il est le pire employé de la boite, ce que ses collègues lui font bien sentir, et son patron aussi. Mais le dit boss, Soeffer, plutôt que de licencier après une énième bévue, préfère lui confier un job un plus dans ses cordes : surveiller de près sa fille Victoria, une beauté d'une vingtaine d'années, qui ne semble en faire qu'à sa tête, et se retrouve un peu trop souvent à la une des journaux à scandales. Ce qui est mauvais pour les ventes de voitures de papa... « Junk » doit donc faire en sorte que les paparazzi n'importunent pas la jeune femme, et que celle-ci ne rentre pas trop tard de ses agapes nocturnes.
Job effectivement dans les cordes de Junk, qui a le coup de poing facile, mais qui peut être dangereux avec une jeune femme canon comme Vicky... et de qui on peut tomber amoureux...

Cet album est paru en même temps que « Le Frisson » et tous deux inauguraient la nouvelle collection « Dark Night » de Delcourt. Après le récit teinté de fantastique mythologique de Starr et Bertilorenzi, voici une plus classique mais impeccable histoire de femme fatale, manipulatrice du pauvre type un peu lent du cerveau... Le piège se referme lentement sur Junk, et on ne peut que constater les dégâts. Graphiquement, Victor Santos use d'un noir et blanc qui rappelle parfois celui de Risso dans les ombres des silhouettes et des visages (quand on ne voit que les dents, par exemple) ou celui de Frank Miller (scène au lit la nuit, avec les hachures pages 66-67). Pour vous donner un aperçu, vous pouvez lire ici les 20 premières pages sur le site de Delcourt. Le rythme de l'album est assez soutenu, avec 4 à 8 cases par page, ce qui fait qu'on ne décroche à aucun moment. « Sale fric » confirme que Brian Azzarello – scénariste de "100 bullets" – est bien le scénariste du moment en matière de « Crime comics ».


L'histoire inventée par Christos Gage pour Chris Samnee ne manque quant à elle pas d'originalité : l'inspecteur Adam Kamen, au cours d'une intervention mouvementée sur une prise d'otage, se retrouve avec un tournevis planté en plein milieu du front... Il en réchappe mais l'agression va laisser des séquelles inattendues : le voici pris d'étranges visions, qui modifient sa perception de la réalité. Phénomène encore plus mystérieux, ces visions vont relancer une enquête sur un tueur en série, baptisé Henri VIII, et qui a pour habitude de décapiter ses victimes et de laisser leurs corps mutilés en plein New-York...

Ce « Zone 10 » est assez flippant, car l'enquête est menée par un inspecteur un peu dérangé et va se déporter sur un territoire scientifique, voire même médical, assez inhabituel. Il va en effet être question de trépanation tout au long de l'histoire, et comme le dit Jason Aaron (scénariste de « Scalped ») dans l'exergue à cet album : « Gage et Sammee se sont bien trouvés, et grâce à eux, je ne me sentirai plus jamais tranquille en présence d'une perceuse. Merci... ». Là encore, le travail graphique est tout à fait intéressant, et le noir et blanc de Samnee est lui plus « sale » que celui de Santos, peut-être parce que ce qu'il doit dessiner est aussi un peu plus gore... Bon, on peut rester un peu de marbre quant aux explications scientifiques sur lesquelles repose tout l'édifice – et même les trouver parfaitement farfelues – il n'en reste pas moins que « Zone 10 » est lui aussi un comics captivant, et une nouvelle preuve qu'il est très possible de faire du polar en sortant des sentiers battus.Alors, que penser de ce nouveau label « Dark Night » lancé par Delcourt ? Hormis une petite réserve sur l'agrandissement du format par rapport aux comics originaux parus chez DC dans la collection « Vertigo crime », il faut se réjouir de la traduction de ces trois premiers titres, qui permet de réelles découvertes. Reste à savoir quels seront les prochains à rejoindre la collection, car les trois albums choisis se rapprochaient, peu ou prou, d'une même famille graphique. Or, par exemple, le « Bronx Kill » de Milligan et James ou « The Executor », de l'italien Mutti sur scénario d'Evans, sont dans des registres visuels complètement différents. Wait and see... Et en attendant de voir, Delcourt ressort l'excellent « Sentiers de la perdition », en deux volumes.

Sale Fric
Texte Brian Azzarello et dessins Victor Santos
Delcourt, 2011. - 196 pages noir et blanc.
- Collection Dark Night - 14,95 €

Zone 10
Texte Christos N. Gage et dessins Chris Samnee
Delcourt, 2011. - 179 pages noir et blanc.
- Collection Dark Night - 14,95 €




samedi 23 juillet 2011

Un boucher, un balafré et un squelette : faites-vous des amis grâce à Casterman !

Il paraît qu'en ce moment, c'est l'été. Vous savez, cette période où il fait bon oublier ses soucis, et s'adonner aux joies du farniente. Le moment, aussi, où on se laisse tenter par des lectures pleines de légèreté et d'optimisme. L'été quoi. Et si l'été est pourri, on peut rester dans le ton et s'adonner sans vergogne à la fréquentation d'oeuvres un peu plus sombres. Ce que j'ai fait en lisant ces trois albums parus au printemps dernier chez Casterman.
Le premier retrace l'histoire terrible de Fritz Haarmann, surnommé le Boucher de Hanovre. Sévissant à la même période que le célèbre Peter Kürten, alias le Vampire de Düsseldorf, Haarman s'en prenait lui à de jeunes garçons, qu'il abordait à la gare et attirait jusqu'à sa mansarde de la Rote Reihe, où il les violait avant de les liquider... Et comment se débarrassait-il des corps ? Simple, il les débitait et vendait les morceaux pour un restaurant... En connaisseur, il a déclaré à son interrogatoire : « Certains prétendent que la viande humaine ressemble à la viande de porc ou de veau. Non, elle est beaucoup plus noire, différente aussi de la viande de cheval. Et je sais de quoi je parle, j'en avais toujours plein les mains ». Au delà de l'atrocité de ces crimes, le plus étonnant dans cette histoire est bien que ce monstre soit passé à travers les mailles des filets de la police, grâce à des négligences, et que son arrestation se soit opérée par hasard. Il était même indicateur pour le commissariat de la ville. Je ne suis pas en général fasciné par les récits tirés de faits réels, ni par les tueurs en série, mais le talent d'Isabel Kreitz, est là : son dessin, noir et blanc, restitue avec minutie une Allemagne en proie à la crise, et sa description des rues crasseuses de Hanovre, de l'antre de Haarman, sont d'une précision admirables. Côté personnages, elle ne s'attarde pas sur le côté macabre de son boucher, et évite les scènes ouvertement gore, mais elle installe une peur insidieuse qui passe par le regard de fou de Haarman. C'est délicieusement dérangeant... Peer Meter, son scénariste, livre à la fin de l'album un aperçu historique des faits – photos d'époque à l'appui – qui complète parfaitement ce « Boucher de Hanovre ».

A côté, les deux romans adaptés sortis à la même époque, dans la toujours superbe la collection Rivages/Casterman/Noir sont presque d'aimables bleuettes. Bon, d'accord, j'exagère.

Le premier est signé Christian de Metter, qui a choisi de donner sa version du Scarface, d'Armitrage Trail. L'histoire est celle d'un gangster des années 20, Tony Guarino, devenu roi de la pègre de Chicago après son retour du front européen, où la guerre lui a laissé une balafre au visage qui transforme le moindre de ses sourires en rictus inquiétant Cet aspect du personnage est plus qu'un détail, et on pouvait compter sur de Metter pour être au plus près de la description qu'en avait faite le romancier lui-même : « […] le coin gauche de sa bouche tirait en permanence vers le haut, pas énormément, mais suffisamment pour modifier son apparence de façon surprenante. Quand il souriait, ce coin-là refusait de sourire, et conférait à son visage un aspect étonnamment sinistre ».
Sinistre à souhait, la trajectoire de Guarino, qui change d'identité pour devenir Tony Camonte, l'est aussi, et les planches de l'album sont parsemées de cadavres. On cherchera en vain la lumière dans cette adaptation que De Metter a quasi intégralement dessinée dans des tons glauques, au sens littéral du terme : d'un vert tirant sur le bleu... Si vous appréciez le travail de ce dessinateur, vous aimerez ce Scarface, même si on peut lui préférer, dans la même collection, son Shutter Island.

La seconde adaptation est celle d'un des dix-sept romans du « cycle de la police tribale Navajo » de Tony Hillerman : L'Homme-squelette. Il ne s'agit pas de la première version graphique des enquêtes de Joe Leaphorn et Jim Chee, puisque Katou avait réalisé « Là où dansent les morts » pour Emmanuel Proust en 2004-2005, mais force est de constater que le trait de Will Argunas est plus convaincant pour restituer l'atmosphère si particulière des romans de Hillerman. Dans celui-ci, un jeune Hopi se retrouve en possession d'une pierre précieuse d'une valeur inestimable : il n'en faut pas plus pour qu'il se retrouve accusé d'être l'auteur du récent braquage d'une bijouterie. C'est le point de départ d'une véritable chasse au trésor, dans la région du Grand Canyon, à la recherche de diamants égarés depuis plus de 40 ans... Argunas aime dessiner les Etats-Unis et les Américains comme il l'a déjà brillamment montré dans ses précédentes BD, comme Missing ou Bloody September, et cette fois, ce sont les grands espaces sauvages qui s'animent sous son crayon. Son style, où les hachures continuent de dominer, renforce la majesté des paysages, et rend toujours aussi mystérieux les visages. La couverture de cet album en est la parfaite illustration.
J'ai préféré cet « Homme squelette » au « Scarface », mais une chose est sûre : ces deux albums sont de qualité et en 16 albums, la collection Rivages/Casterman/Noir s'est vraiment imposée comme une valeur sûre de la bande dessinée noire.

Le Boucher de Hanovre
Scénario Peer Meter et dessin Isabel Kreitz
Casterman, 2011 – 176 pages noir et blanc – Collection Ecritures – 14 €

L'Homme squelette
Scénario et dessin Will Argunas d'après Tony Hillerman
Casterman, 2011 – 96 pages couleur – Collection Rivages/Casterman/ Noir – 18 €

Scarface
Scénario et dessin Christian de Metter d'après Armitrage Trail
Casterman, 2011 –112 pages couleur – Collection Rivages/Casterman/ Noir – 18 €

samedi 2 juillet 2011

[Chronique] - Seuls, ou presque...

Avertissement avant de lire cette chronique : si vous n'avez pas encore lu le premier cycle de « Seuls », et que vous comptiez le faire, revenez un peu plus tard à ce billet. Ce qui va suivre dévoile pourquoi les enfants-héros de la série se retrouvent livrés à eux-mêmes dans une ville totalement désertée par les adultes. Et le savoir gâcherait une bonne partie de la lecture de cette excellente série, dont vous pouvez ingurgiter d'un seul coup le premier cycle grâce à l'intégrale parue en fin d'année dernière. Bon, vous voilà prévenus. Prêt ? Retour à Fortville !

Maintenant, les enfants ont compris les raisons de leur solitude angoissante : ils ont quitté le monde des vivants, et pour eux, la mort, c'est cette errance dans Fortville, une ville vidée d'adultes mais regorgeant de ressources permettant de survivre. C'est là que Leïla, Dodji, Yvan, Camille et Terry ne comprennent pas : pourquoi ont-ils encore froid, faim, mal, alors qu'ils sont passés de vie à trépas ? Ils pensent aussi souvent à leurs parents et Yvan a l'idée de tenter une séance de spiritisme à l'envers : eux les morts, vont tenter de contacter les vivants. Et cela marche ! Sauf qu'en guise de réponse, ils ont une mise en garde où il est question de la part des mystérieuses « 15 familles » qui semblent les avoir à l'oeil... Mais d'où ? Comment ? Les enfants n'ont pas trop le temps de réfléchir à cette nouvelle énigme, car Saul, le chef d'une autre bande de gosses, beaucoup plus importante, décrète le partage de la ville : chaque immeuble ou magasin stratégique appartiendra au clan qui aura taggué sa marque sur ses murs avant l'autre. Une course au territoire entre le clan du soleil, de Saul, et celui de l'étendard, de Leïla, et la lutte va être sans pitié...

Après les révélations du dernier volume (Au coeur du maelström), on pouvait se demander comment Fabien Vehlmann allait faire rebondir cette série passionnante. Tout simplement, d'abord, en continuant à entretenir le mystère (Que cache la présence du monolithe noir ? Les 15 familles finiront-elles par se découvrir ?) puis en ouvrant de nouvelles portes : les enfants sont-ils vraiment morts ? S'ils quittaient la ville, que découvriraient-ils au-délà ? Qui trace ces « 9 » sur les murs ? Ce début de deuxième cycle démarre assez fort, avec la même intelligence qui préside à la série dans la manière d'aborder, sans avoir l'air d'y toucher, des sujets assez peu traités en BD jeunesse, par touches discrètes. Ainsi, en quelques cases et une conversation bien sentie, la place des différentes religions et l'existence même de Dieu, sont mises en scène, d'une manière extrêmement naturelle. Le talent de Vehlmann c'est aussi celui-là. Celui de Bruno Gazzotti ne se dément pas non plus et il réussit à faire osciller la lecture entre inquiétude et espoir pour ses jeunes héros, sans qu'à aucun moment on ne soit gêné par son style typique de l'école franco-belge, habituellement plus taillée pour l'humour pur. Mais on avait l'habitude, déjà, avec Soda...
Enfin, si dans votre entourage vous avez de jeunes lecteurs de « Seuls », Dupuis organise en ce moment un concours qui leur permet de devenir un héros de la série. Le règlement est ici, sur le site dédié à « Seuls ». Et tant que j'y suis, le blog de Vehlman c'est par ici, et celui
de Gazotti, par là.


Seuls, tome 6 – La Quatrième dimension et demie
Scénario Fabien Vehlmann et dessin Bruno Gazzotti
Dupuis, 2011 – 48 pages couleur - 10,45 €

Intégrale du cycle 1
Dupuis, 2010 – 264 pages couleur – 30 €

vendredi 24 juin 2011

[Pan !] - Les Enquêtes d'Andrew Barrymore

Ce n'est un secret pour personne, le western est un genre qui n'est pas loin de tomber dans l'oubli, et rares sont les auteurs qui osent remettre en selle des personnages aussi typés que le cow-boy, le shériff, le hors-la-loi ou encore, le joueur de poker, la prostituée. Et pour beaucoup de lecteurs, le genre s'arrête à Blueberry, Jonathan Cartland ou à l'inoxydable Lucky Luke. L'univers du western est si bordé par un imaginaire collectif, d'essence hollywoodienne, qu'il semble très difficile de s'extirper des archétypes et de scénarios cent fois relus... ou revus. Alors il faut ruser, sortir des sentiers battus, et donner dans le tragique grandiose comme l'avaient fait Meunier et Guérineau dans leur superbe Après la nuit (Delcourt, 2008)... ou se lancer dans le croisement expérimental comme le font actuellement Delestret et Valambois avec les Enquêtes d'Andrew Barrymore. Car ce n'est ni plus ni moins que Sherlock au Far West que nous proposent les auteurs.
Leur héros est un détective de San Francisco, fraîchement débarqué à Old Creek Town (1er tome) pour devenir l'adjoint du shérif local, un bougon blond aux allures de Wild Bill Hicock. Immédiatement repérable à sa tignasse rousse et à sa démarche de grand échalas, Andrew Barrymore va aussi très vite marquer les esprits des locaux par des méthodes d'enquêtes peu répandues dans la contrée, où l'étude des indices les plus insignifiants mène tout droit à la solution. Et va permettre de confondre les criminels. Cela ne vous rappelle personne ?
En choisissant d'immerger un as de l'observation, qui se sert plus de ces petites cellules grises que de son colt, au beau milieu d'une population parfois un peu rustique, Nicolas Delestret ne pouvait que provoquer des étincelles, et amener à des situations les plus cocasses, les plus délicates pour son héros...qui fera éclater à chaque fois une vérité dissimulée derrières des évidences trompeuses pour le commun des mortels. Ainsi, dans Old Creek Town, Barrymore élucide le meurtre l'épicier de la ville, grâce un morceau de robe déchirée et un serre-livre en forme d'éléphant, sous les yeux ébahis des principaux protagonistes de l'affaire. Pour sa deuxième enquête, Secrets de famille, il emploie tout son talent à démasquer l'assassin d'Emerson Kurtsfield, magnat des chemins de fer, dont la mort semble faire les affaires de pas mal de monde... y compris dans sa propre famille. Mais je ne vous en dirais pas plus si ce n'est que Rodéric Valembois – alias Rod pour d'autres séries, comme le vigoureux Murder et Scotty (chez Paquet) – apporte une touche de folie douce à la série, avec ses personnages aux attitudes et visages parfois cartoonesques, en contraste avec des décors très soignés. Et j'allais oublier les couvertures, très élégantes, qui poussent le raffinement jusqu'à pelliculer les personnages et titre de la série. C'est brillant. Comme Andrew Barrymore.

Le blog des auteurs est ici pour Rodéric Valembois et là, pour Nicolas Delestret

Les Enquêtes d'Andrew Barrymore – Dargaud – 48 p. couleur.
1 – Old Creek Town (2010) – 11,50 €
2 – Secrets de famille (2011) – 11,95 €

lundi 6 juin 2011

[Chronique délocalisée] - Grandville mon amour

Je vous avais déjà dit tout le bien que je pensais de "Grandville", cette géniale uchronie de Bryan Talbot - c'était même ma BD préférée de 2010, rien de moins - et voici que sort un deuxième opus mettant en scène le vigoureux Inspecteur LeBrock et son fidèle et subtil adjoint Radzi. Je ne sais si ce Grandville mon amour sera encore le premier de ma liste 2011, mais en tous cas, c'est à nouveau une des BD de l'année. Talbot a vraiment imaginé un monde absolument fascinant, et son Angleterre peuplée d'animaux est à mille lieux des séries comme Canardo ou Blacksad.D'accord, ce n'est pas tout à fait le même registre, mais franchement, plongez vous dans Grandville et pour vous donner un tout petit avant-goût de cette deuxième enquête, voici deux cases assez significatives de l'univers Talbotien...
Pas mal, isn't it ?

Je vous parle plus longuement de ce bel album chez les amis de k-libre. Allez-y voir de plus près !

Grandville mon amour
Scénario et dessin Bryan Talbot
104 pages couleurs - Milady, 2011 - 17 €