Ce blog est entièrement consacré au polar en cases. Essentiellement constitué de chroniques d'albums, vous y trouverez, de temps à autre, des brèves sur les festivals et des événements liés au genre ou des interviews d'auteurs.
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Bonne balade dans le noir !

lundi 30 juin 2025

[Do it yourself] – Les Héros du Peuple sont immortels, par Stéphane OIRY (Dargaud)

   Donc, Les Héros du peuple sont immortels.

La première fois que j’ai vu ce titre, c’était celui de la compilation Gougnaf Mouvement/ Krontchadt Tapes, un 33 tours regroupant la fine fleur du rock alternatif (ou pas), circa 1985, et où les Thugs cotoyaient les Rats, La Souris Déglinguée, OTH, les Hot Pants… Et où, l’auditeur déjà complètement rincé par l’ensemble du disque, découvrait en fin de face B coincé, entre le vindicatif « National Trouble » des Babylon Fighters et le gouailleur « Père Noël » de Parabellum, le sublime et très habité « Identité » de Camera Silens. Au chant : Gilles Bertin, pour un morceau dont le titre symbolise à lui seul une grande partie de la vie de ce jeune homme, qui va devenir une autre personne, sous un autre nom, quelques années plus tard, après un braquage réussi et une fuite sans fin…

Et c’est justement ce que nous raconte Stéphane Oiry dans ses « Héros du peuple  sont immortels» à lui, qu’il prend la peine de sous-titrer « La Cavale de Gilles Bertin ». Précisons-le tout de suite : il y a deux versions de cet album,  chez Dargaud, avec deux couvertures qui illustrent parfaitement les deux vies de Bertin : celle d’abord consacrée à la musique, puis l’autre, où la délinquance va prendre le pas petit à petit, jusqu’au braquage à main armée… La version « jaune », courante, est en couleurs, la « bleue » en noir et blanc, avec un dossier de 16 pages (de forts intéressants entretiens avec Stéphane Oiry et Philippe Rose, ami de Gilles Bertin). Cette édition, tirée à 400 exemplaires, est en partenariat avec la vénérable librairie Bulle du Mans.

L’album s’ouvre sur une boutique de disques à Lisbonne en 1990. Un client de passage croit reconnaître le disquaire, persuadé de l’avoir vu sur scène, en France, il y a longtemps. Il se rappelle vaguement le nom du groupe… « Silence moteur, un truc comme ça... ». Et le disquaire d’affirmer qu’il y a erreur sur la personne, puisqu’il s’appelle Did et qu’il est écossais. Le choix de cette scène introductive plonge tout de suite dans l’univers de crainte – voire de parano comme il l’affirme – dans lequel vit Gilles Bertin – car c’était bien lui – depuis qu’il a quitté la France, avec un mandat d’arrêt international aux fesses, en 1988. Mais comment en est-il arrivé là ? Oiry rembobine et nous ramène à Bordeaux, en 1981 , où une bande de quatre potes plus doués pour les conneries que pour les études décide de monter un groupe punk, baptisé Camera Silens, du nom des cellules d’isolement décrites par Ulrike Meinhof dans un livre sur la R.A.F. Et on suit particulièrement le parcours de Gilles Bertin, chanteur, bassiste, héroïnomane, braqueur à la petite semaine, et finalement, après un passage en prison, acteur principal avec six autres complices, d’un casse retentissant contre la Brink’s à Toulouse, en avril 1988. Mais ce coup réussi l’entraîne dans une cavale qui durera des années, en Espagne, au Portugal, jusqu’à ce qu’il se rende à la justice française en 2016… Je laisse tout de même un peu de suspense pour celles et ceux qui ignorent encore ce qui s’est passé après cette reddition de Gilles Bertin.

 Pour son récit, admirablement maîtrisé, Stéphane Oiry reste fidèle à son cher « gaufrier » (des planches de cinq ou six cases), une technique, comme il l’explique est « totalement en accord avec l’esthétique des années 1980. Il n’y a pas de contradiction entre le punk et cette forme classique ». Le dessinateur est particulièrement à l’aise avec les scènes de concerts, de répétitions, où les corps en tension des musiciens, les publics placides ou en transes, nous replongent dans des ambiances authentiques. Quiconque a fréquenté ces soirées électriques sera instantanément plongé dans ses propres souvenirs, sans oublier que la bande sonore s’invite aussi dans la narration, comme dans cette scène où Gilles rencontre Cécilia, qui deviendra sa compagne, pendant un concert d’OTH. La chanson «L’Ecole de la rue » est là, en fil rouge, et on a l’impression d’être assis à côté de ce couple qui discute, tout juste si on ne leur paierait pas une bière…

Et si le lecteur ne connaît rien de tout cela ? Et bien, cet album est évidemment un impeccable, et implacable ! , récit de vie, au coeur des années 80, un portrait sensible d’un homme perdu, amputé d’une partie de sa vie, et qui finira par vouloir remettre de l’ordre dans son existence chaotique, et continuer à vivre en étant apaisé. Une histoire terriblement humaine, un destin hors du commun. Et vous l’aurez compris, un nouvelle réussite de Stéphane Oiry (son Lino Ventura, avec Le Gouëfflec était excellent, et sa série Maggy Garrisson, avec Trondheim est une pépite à mon sens trop méconnue). C’est certainement même un des meilleurs albums de ce dessinateur. Et si vous pouvez vous procurer la version en noir et blanc (400 exemplaires), n’hésitez surtout pas. Tout le travail sur les détails, sur les trames, les ombres s’en trouve magnifié.

Enfin, si vous voulez entendre la voix de Gilles Bertin, podcastez-vous sur « Une histoire particulière » sur la plate-forme de Radio France (avant le massacre à la tronçonneuse de Rachida D.) :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-gilles-bertin-une-vie-en-sursis

Sans oublier de boucler la boucle de cette chronique en écoutant cette version d’« Identité »…



Les Héros du Peuple sont immortels *****

Dessin, scénario et couleurs Stéphane Oiry

Dargaud – 128 pages couleurs (édition courante) – 21,50 €

Dargaud – 144 pages noir et blanc (édition Librairie Bulle) – 35 €




dimanche 30 mars 2025

[Nuit et brouillard] – Krimi, par Thibault Vermot et Alex W. Inker (Sarbacane)

 

- « La femme dans la lune »… vous devez en avoir des histoires à raconter !

-Raconter des histoires c’est ce que je préfère.

- Ce que je préfère moi… ce sont les secrets... »

Les deux hommes qui devisent ainsi, aimablement attablés devant leur bière berlinoise sont « Herr Inspektor » Lohman et le très élégant Fritz Lang, cinéaste désormais renommé en cette année 1930.

 Le flic a alpagué le réalisateur en pleine rue pour lui faire une étrange proposition : son prochain film, c’est lui, Lohman, qui va lui fournir le scénario, ni plus ni moins. 

 

Il lui transmet alors un carnet noir, avec ces quelques mystérieuses paroles : 

 

Pourquoi Lang accepterait-il ? Il a un déjà un film en cours… Mais l’homme est un flic, qui a enquêté sur la mort suspecte de sa première femme, et ses menaces à peine voilées sur les doutes quant au suicide de celle-ci ne sont pas vraiment à prendre à la légère. Et puis… Lohman a l’air certain de détenir quelque chose sur les sombres secrets de l’âme humaine avec son carnet. Et voilà comment Fritz Lang est mis sur la route de son chef d’oeuvre, M. le Maudit. Mais il ne le sait pas encore…

Thibault Vermot et Alex W. Inker ont déjà fait œuvre ensemble, avec l’excellente adaptation du roman Colorado Train du premier par le second. Cette fois, il s’agit d’un scénario original, dans tous les sens du terme ! Imaginer une intrigue mêlant tout à la fois histoire du cinéma, pègre, tueur en série d’époque, amitiés indéfectibles, et j’en passe, le tout sur fond d’Histoire avec un grand H, période montée du nazisme avec une grande Haine, et bien fallait le faire ! On se laisse vite embarquer, intrigués au début par cette scène introductive entre les deux personnages principaux, puis pris par le rythme de cet album, découpés en 24 chapitres de longueurs variables, mais souvent assez courts et percutants. 

 Et sous nous yeux ébahis, le pari du flic Lohman se réalise petit à petit, en même temps que se résoud l’enquête sur le sérial killer nummer eins de l’époque : Peter Kürten, alias le Vampire de Düsseldorf. Le carnet de l’inspecteur était tout entier consacré à cette affaire, et l’homme réussit à emmener Lang avec lui sur les traces du tueur, jusqu’à son arrestation. Pour quoi faire ? Je vous laisse ici le soin de le découvrir… Tout comme la singulière relation qui va se nouer entre les deux hommes, au fil des semaines...

 Tout comme tout le reste, car cet album est d’une richesse scénaristique incroyable : des petits secrets des personnages (Lang, son majordome, sa femme…) au recrutement de Peter Lorre, en passant par le tournage un peu spécial de M. le Maudit, l’étonnant interrogatoire par un psychiatre de Peter Kurten ou l’immersion dans un Berlin de plus en plus sombre, l’histoire Thibault Vermot – scénarisée par Alex Inker, un partage des tâches peu commun en bande dessinée – est fascinante.

Et que dire du dessin d’Alex W. Inker, justement ? Qu’il fait plus que participer à nous plonger dans une ambaince lourde de tensions est la première des évidences. Ensuite, et c’est là toute la force de cet album, chaque planche, ou presque, baigne dans une véritable atmosphère charbonneuse ou cotonneuse, ombreuse ou brumeuse… langienne , quoi ! Et nous ne sommes pas en train de lire une BD sur un film mais nous sommes dans ce film ! C’est vraiment remarquable. Alex Inker varie plans et cadrages, à la manière d’un long métrage, cherchant à chaque fois la bonne idée pour mettre en scène chaque passage particulier. Telles ces pages en ombres chinoises qui donnent à voir les crimes – silencieux mais assourdissants – du Vampire de Düsselfdorf. Pages qui évoquent également le passage du muet au parlant, qui sera rappelé un peu plus tard. Car il y a aussi au fil des pages, par petites touches, de régulières allusions à l’histoire du cinéma, qui en est ici à la fin de son âge d’or. Et il est évidemment impossible de ne pas évoquer l’avènement imminent du Troisième Reich, distillée en fil rouge, de manière indirecte, jusqu’à la confrontation brutale de Lang à Goebbels, qui souhaite faire du cinéaste « l’homme du cinéma national-socialiste ». On connaît la suite de l’Histoire… 

 

 Mais celle que vous ne connaissez pas, c’est donc celle de ce Krimi, un des grands albums de cette année, à n’en pas douter. Et une invitation expresse à voir ou revoir M le Maudit !

C’est pour finir un magnifique livre, au dos toilé, de très grand format, à la maquette impeccablement soignée. A ne manquer sous aucun prétexte !

(pardon pour la qualité des planches ici reproduites, c'était histoire de vous donner une petite idée avant tout)

Krimi *****

Ecriture par Thibault Vermot et dessin et scénario Alex W. Inker

Sarbacane – 280 pages noir et blanc, sur beau papier et couverture soignée

Sortie le 2 avril 2025 – 35 €




lundi 3 mars 2025

[Roman noir au soleil] – Calle Malaga de Mark Eacersall et James Blondel (Bamboo / Grand Angle)

 « J’ai froid. J’ai peur. J’arrive pas à m’endormir…

- ça va aller, t’inquiète… Ecoute ce silence… ce silence... »

Au coeur de la nuit, deux hommes en fuite ont arrêté leur voiture au milieu de nulle part, en pleine nature. Ou plutôt : un homme en fuite, Saïd, a entraîné avec lui son gentil voisin d’immeuble, un prof de sciences naturelles, dépité par le désintérêt total de ses élèves pour sa matière. Les deux hommes se sont rencontrés quelques jours plus tôt dans un grand immeuble d’une station balnéaire complètement désertée de ses touristes en cette période totalement hors-saison. Saïd est là pour se faire oublier, on comprend vite qu’il est un braqueur en cavale, et il traîne son ennui et une certaine mélancolie dans ce qui n’est pas loin d’être une ville fantôme. La rencontre de ce voisin amoureux de la nature va l’amener à se confier, un peu, et fendre la carapace. Sans risque ?

Voici un album extrêmement rare, car il prend le contre-pied de pas mal d’autres sur une thématique pas vraiment neuve : la cavale d’un braqueur. Mais en prenant comme point de départ de son scénario un décor vraiment singulier – une ville touristique sans touristes… - Mark Eacesall ( à qui on doit notamment chez Glénat GoST 111, co-scénarisé avec Henri Scala et dessiné par Marion Mousse, Fauve Polar SNCF 2021) installe immédiatement une histoire placée sous le signe d’une certaine contemplation, où la part belle est faite au dessin de James Blondel, dont c’est ici le premier album.

Les toutes premières planches donnent le ton : dans de grandes cases panoramiques d’une cité aux rues, squares et promenades vides, évolue un joggeur solitaire et encapuchonné. Sa course l’emmène sur les hauteurs de la ville, où le seul être vivant croisé est un cheval dans son enclos. Ce petit jogging solitaire s’achève sur une case en double page offrant une vue plongeante en cinémascope sur la ville endormie. Le silence qui règne est ensuite à peine brisé par une mise en garde de Saïd à un gamin chapardeur, et un peu plus tard, par le son de la télévision, de chaussures qui couinent dans le couloir et de clés qui teinte contre la porte… Et c’est bien en cela que Calle Malaga est roboratif : ses auteurs utilisent réellement le langage de la bande dessinée, celui qui fait appel à tous nos sens, y compris olfactif lorsque que le fuyard sent littéralement qu’on est entré dans son appart en son absence… C’est évidemment un vrai polar, car tout ceci est au service d’une intrigue bien réelle, avec les ingrédients attendus du genre, mais un polar nettement moins bavard que d’autres… ce qui fait aussi beaucoup de bien. Et on découvre le style élégant de James Blondel, jusque là visible sans une série d'albums collectifs chez Petit à Petit. Une première bande dessinnée "au long cours" qui espérons-le en appellera d'autres

Un petite présentation ici pour vous mettre un peu dans l’ambiance de cet album



Calle Malaga ****

Scénario Mark Eacersall et dessin James Blondel

Bamboo / Grand Angle – 72 pages couleur

Sprtoe le 26 février 2025 – 16,90 €

lundi 3 février 2025

[Tout en images ! ] - Romain Renard remporte le Fauve Polar SNCF Voyageurs 2025 avec Revoir Comanche (Lombard)

 Et voilà ! Le FIBD 2025 referme ses portes, et moi j'ouvre une fenêtre sur les coulisses du Fauve Polar SNCF Voyageurs, remporté à l'unanimité du Jury par Romain Renard et son excellent Revoir Comanche, publié au Lombard. 

 


 J'étais sur place, et avec l'aimable autorisation des participants et participantes à cette formidable édition, voici quelques images exclusives, rien que pour Bédépolar, blog préhistorique, mais toujours vivant. Donc, suivez le guide ! 

C'est parti pour le grand déballage (ah ah) en douze questions subtiles


Qui va avoir son nom sur le fameux murs des lauréats du Prix Polar SNCF (tout court puis Voyageurs ?) et succéder à Keko et Portela ?


(Amis bédéphiles du Noir, il manque un Fauve dans cette galerie, sauras-tu le retrouver ? )

Quels beaux albums étaient à la lutte cette année ? Et bien ceux-là :


 Et qui avait la lourde tâche de débattre âprement ? 

Et bien ce jury de choc (avec l'aimable repiquage sur le site du FIBD 2025) 


 Et la tâche allait-elle être ardue, se demande ce jury, au comble de l'angoisse, et sous l'oeil inquiétant d'Alexandre Dubois, responsable des partenariats et de l'influence chez SNCF Voyageurs ? 


Et   monter sur la grande scène du théâtre d'Angoulême, pas trop angoissant, cher jury ? Surtout sous l'oeil tout aussi inquiétant d'Olivier Reinsbach, directeur de la Communication de SNCF Voyageurs ? Que de pression !


 Sitôt couronné, Romain notre intrépide nouveau Fauve s'inquiète,
à l'instar de Vivienne, son héroïne (si si regardez-bien), en parlant de pression : les pompes à bière sont-elles prêtes pour fêter ça ? Va-t-on pouvoir lever nos verres ?


 Réponse immédiate sur scène (moment furtif capté par mon oeil d'expert en bulles) : oui !  les bouteilles, au moins, sont elles déja prêtes. Les sourires reviennent !


 Et le lendemain, les stickers seront-ils tous prêts sur chacun des albums pour la rencontre publique avec Romain ? Qui va mener à bien l'Opération Pastille Jaune ? Ici, mon enquête est formelle : c'est Marine de Magic Garden qui s'y colle...

 

 Et après la rencontre, la Présidente du Jury, Véronique Augereau, aura-t-elle l'occasion de féliciter Romain ? 

Pinaise, oui !!!


Et notre lauréat multi-talents (bientôt ici une vidéo de son exceptionnelle chanson, à la guitare Suzuki, exécutée de manière impromptue et magistrale, sur scène pendant la rencontre avec le public.  Votre reporter en est resté sans voix quelques instants au moment de reprendre le micro), donc :

Et notre lauréat avait-il la force après tout ça de dédicacer quelques albums ? 

Mesdames et messieurs, voyez plutôt :


Et retrouverons-nous Romain Renard l'an prochain au FIBD 2026 ? 


Oui ! Car maintenant que Revoir Comanche et son auteur ont rejoint le Hall of Fame du Fauve Polar SNCF Voyageurs, le lauréat doit revenir pour présider le jury...

Alors, à l'année prochaine, et à bientôt ici pour une chronique détaillée de de cet excellent album, hommage à la célèbre série de Greg et Herman, bien sûr, mais aussi véritable polar au suspense allant crescendo, dans des décors somptueux et fascinants. 



 A bientôt !

lundi 27 janvier 2025

[Expresso – FIBD 2025] - Les Âmes noires d’Aurélien Ducoudray et Fred Druart (Dupuis)

 

Direction la Chine rurale et rude dans Les Âmes noires d’Aurélien Ducoudray et Fred Druart. On y suit Yuan à bord de son camion, en route, au départ de l’album, pour un des mines de charbon à ciel ou vert plus ou moins légales du pays. Un voyage vital et qui durera quatre jours, un peu plus que d’habitude, car Yuan compte bien ramener plus d’argent cette fois à la maison, où la vie est plus que précaire, grâce à un chargement qu’il compte négocier à bon prix. Il connaît son affaire, il la sait dangereuse, et qu’il faut graisser la patte de policiers, et négocier à chaque étape du périple. Mais il ne se méfie pas assez de ceux en qui il met un minimum de confiance et il va vite en payer le prix fort… On reconnaît bien dans ce scénario la patte « sociale » et quasi-documentaire de Ducoudray, qui depuis longtemps propos d’éclairer les dérives de nos sociétés, et dresse des portraits d’hommes et femmes broyés par leur quotidien et faisant de leur mieux pour échapper à des destins qu’on pressent tragiques. Il nous fait découvrir ici la terrible réalité des mines clandestines de charbon chinoises, au travers une fiction au suspense bien présent. Le dessin, tout en grandes cases, très organiques quant la nature est mise en images, et aux personnages très expressifs, de Fred Druart fait de cet album, en lice pour le Fauve Polar SNCF 2025, une grande réussite. 

 


 ALERTE INFO POLAR : Les deux auteurs seront à l’espace STUDIO SNCF samedi 1er février de 10h à 11h, où j’aurai le plaisir de les recevoir en compagnie de Kao, animatrice du Studio pendant ce FIBD 2025

Les âmes noires ****

Scénario Aurélien Ducoudray et dessin Fred Druart

Dupuis – 128 p. couleurs – Sortie le 29 mars 2024 – 21,95 €


samedi 14 décembre 2024

[Prix Clouzot 2025] – Ter repetita pour Futuropolis : le Meunier hurlant de Nicolas Dumontheuil récompensé par le festival Regards Noirs de Niort

 

«  Bonjour docteur. C’est pour une consultation. Je suis fou. »

Et le docteur de faire entrer patient dans son cabinet, une pièce grouillant d’animaux empaillés. Des trophées de chasse dont le carabin est assez fier. Mais là n’est pas l’objet de la consultation :

- Alors notre meunier est fou ? C’est pour ça que tu viens ? Je ne crois pas beaucoup me tromper en disant que tu es neurasthénique.

- Il y a des pilules pour ça ? Si ça pouvait calmer les villageois…

- Les villageois n’ont pas besoin de pilules. Pourquoi cries-tu au juste ?

- Je ne sais pas, ça sort tout seul. Automatiquement. »


Voilà donc où en est Agnar Huttunen, quelques temps après avoir repris un moulin abandonné près du petit village de Oulu, en Laponie finlandaise. Une reprise qui surprend les autochtones, d’abord curieux de savoir qui est ce grand échalas un peu bizarre qui a réussi à remettre le moulin en marche. Une curiosité qui va vite céder à la panique, puis à la vindicte quand ils vont découvrir passe son temps à hurler à tout moment et à imiter bon nombre d’animaux sauvages. Seule la douce conseillère horticole Sanelma Kayramo semble faire preuve d’empathie. Mais Agnar se retrouve vite persécuté par les villageois qui n’ont qu’un but : le faire enfermer…

On retrouve avec cette nouvelle adaptation de Paasilinna,  après La Forêt des renards pendus (Futuropolis, 2016), tout le talent de Nicolas Dumontheuil pour mettre en scène les contrées lointaines de la Finlande de l’immédiate après seconde guerre mondiale et surtout, ce don pour mettre en scène toute une galerie de personnages tous aussi pleutres, rapaces, craintifs, jaloux, avides … les uns que les autres. Les silhouettes et trognes de tout ce petit monde sont extraordinaires, et au premier chef le meunier lui-même qui avec ses allures de coq échevelé a tout à fait le physique de sa personnalité excentrique. L’intrigue suit celle du roman, pleine de péripéties étonnantes, et on suit avec une délectation légèrement angoissée – et une certaine tendresse – le destin d’Agnar le pas-comme-les-autres. La couverture de cet album est elle aussi vraiment réussie : elle résume à elle toute seule l’état d’esprit libertaire du « héros ».

Et c’est donc cette excellente adaptation qui a convaincu le jury du Prix Clouzot du festival de polar Regards Noirs de Niort. Après Le Temps des sauvages en 2018 (de Sébastien Goethals d’après Thomas Gunzig) et l’étonnant A Fake Story de Laurent Galandon et Jean-Denis Pendanx) d’après l’oublié Douglas Burroughs, en 2022, les éditions Futuropolis inscrivent une troisième fois leur nom au palmarès de ce prix. Bravo à elles et à Nicolas Dumontheuil et rendez-vous à Niort les 14 et 15 février 2025 pour la remise officielle des prix pendant le festival.


Le Meunier hurlant****

Scénario et dessin Nicolas Dumontheuil, d’après le roman de Arto Paasilinna

 Futuropolis  - 152 pages couleurs – 24 € - Parution le 10 janvier 2024


lundi 2 décembre 2024

[ Polar et doudou] – Jérôme K Jérôme Bloche 29 – Perpétuité par Alain Dodier

 

Comme à chaque fois avec ce bon vieux JKJ Bloche, l’aventure commence dès la couverture, qui distille quelques pistes et installe tout de suite une atmosphère. Voyons voyons : que peut donc bien regarder notre détective de cet air un peu… inquiet ? Quel endroit, éclairé de l’intérieur, observe-t-il derrière ces barreaux ouvragés ? Et ce doudou, que fait-il là ?

Evidemment, je triche un peu : je pose ces questions en connaissant les réponses. Mais comme d’habitude, force est de constater tout le talent de Dodier à mettre en scène les affaires suivies par Bloche, le détective au solex. Plus que jamais au solex, même, car cet engin fétiche va même avoir un lien direct avec l’enquête en cours. Celle-ci commence lorsque Burhan, vieil ami de Jérôme, lance celui-ci sur la trace du doudou de Yasmina, fille de Rachida, une femme de ménage intervenant chez une vieille bourgeoise prof de piano, pas commode du tout. Si peu commode qu’elle nie l’évidence de la perte de ce doudou dans sa maison : Yasmina et sa mère sont pourtant certaines de sa présence dans la vénérable et vaste demeure. Il ne reste donc plus à Jérôme qu’à s’approcher à son tour de la propriété, sans tomber trop vite sur la gardienne des lieux…

Perpétuité, ce vingt-neuvième volume des aventures policières de JKJ Bloche est dans la droite ligne des précédentes : une enquête assez simple à la base, et dont tout l’intérêt réside autant dans la résolution de l’affaire que dans l’époque et les lieux où elle prend corps : ici et maintenant. Une grande ville de la France de 2025, où chacun fait face comme il peut aux petits et grands malheurs de son quotidien. Il sera ainsi question de la place que laisse notre société aux malades et à celles et ceux touchés dans leurs corps. Entre autres. C’est aussi un épisode où on croise avec toujours le même plaisir presque tous les personnages qui sont les proches de Jérôme avec cette fois en première ligne Burhan qui veut jouer aussi les détectives à sa manière, ce qui donne la petite touche humoristique présente à chaque album. Celle qui est moins présente, c’est Babette, car à l’étranger pour quelques jours, mais qui trouve le moyen de s’incruster dans les rêves de Jérôme, et lui faire la morale. Là encore, un peu de lumière dans une histoire au final assez sombre, mais d’où ressort une profonde humanité de chacun des personnages.

Une nouvel épisode réussi, pour une série qui ne s’essouffle pas, ni dans ses propos et intrigue, ni dans le trait et la science de la planche d’Alain Dodier, définitivement un des maîtres du Neuvième Art, branche classique franco-belge (appellation non contrôlée).

Un statut confirmé par Dupuis qui sort en même temps que ce tome 29 de la série, le volume dix de sa collection « Une vie en dessins », très bel ouvrage sur la carrière d’Alain Dodier, avec une place de choix pour Jérôme K. Jérôme Bloche, qui fait la une et dont le nom figure même aux côtés de son créateur sur la couverture c’est dire…


Jérôme K Jérôme Bloche 29 – Perpétuité ****

Scénario et dessin Alain Dodier

Dupuis – 58 pages couleur – Sortie le 18 octobre 2024 – 13,50 €

Dodier, une vie en dessins****

Dupuis / Champaka - 192 pages - Sortie le 18 octobre 2024 – 69 €

dimanche 24 novembre 2024

[ Prix Goscinny 2025] – Les Navigateurs par Serge Lehman et Stéphane De Caneva (Delcourt)

 Max, Arthur et Sébastien forment un trio dont les liens d’amitiés se sont tissés au cours de leurs années lycéennes, en pleine eighties. Une jeune femme, Neige, gravitait alors aussi autour du trio, qu’elle retrouvait après les cours à Clamart, où ils formaient la bande du Panorama, de jeunes gens attirés par l’art, les voyages aventureux, l’écriture, la photographie. Neige a soudainement quitté le groupe, et la France, suite à un épisode dont seul Max, devenu écrivain, pourrait expliquer les raisons… La surprise est de taille lorsque vingt ans après, Neige fait son retour : ils vont avoir des tas de choses à se raconter. Ce qu’ils font, un peu lors d’une soirée de retrouvailles, mais il reste des choses à dire. Max, que ce retour perturbe un peu plus que les autres décide de retourner voir Neige un soir, seul, mais alors qu’il arrive devant sa villa, un phénomène étrange et terrifiant se produit : des bruits stridents que tout le quartier entend émanent de la maison… situation d’autant plus angoissante que Max croit distinguer les ombres d’une forme arachnéenne géante à une fenêtre de l’étage. Et lorsqu’il pénètre avec Arthur, habitant lui à proximité et venu sur les lieux, les deux amis constatent la disparition de leur amie… qu’ils croient reconnaître sur une fresque murale, au pied d’une gigantesque araignée. La police arrive sur place et tout le monde va se mettre à enquêter, sur une disparition pour le moins irrationnelle. Et dont certaines pistes semblent difficiles à suivre comme le dit Sébastien à Max : « Mets-toi à ma place : tu m’expliques que notre vieille copine de lycée a été aspirée dans une peinture du XIXème siècle »…


Voici donc la base de ces Navigateurs, une intrigue signée Serge Lehman, qui entremêle avec bonheur les genres, les époques, et les faits historiques et artistiques, ce que confirme un des trois amis :  «ça ressemble plus à une histoire de l’art qu’à une enquête policière, votre truc » . En effet, on y croise Odilon Redon, Jean Cocteau, des revues littéraires, mais aussi la figure d’Eugène Belgrand, inventeur de l’hydrologie, et auteur d’une fascinante carte de la Seine aux temps ante-préhistorique, où Montmartre était une île… Doué pour les récits à la croisée des genres (comme Saint-Elme, dont le tome 5 est en compétition aussi pour le Fauve d’Or au FIBD 2025) Lehmann mêle ici comme à son habitude avec subtilité tous ces ingrédients, et construit un polar aux portes du Merveilleux, un fascinant voyage dans le temps et donne une envie de se replonger dans ces univers symbolistes et fantastiques de Redon, et de reluire le Huysmans de Là-bas… Et le dessin de Stéphane de Caneva, dans un noir, gris et blanc , rend particulièrement vivant cet univers tantôt réaliste, tantôt onirique, où tout semble crédible, même le plus improbable. Ses planches finales, là où l’histoire bascule vers son dénouement fantastique participent énormément à la réussite de cet album hors-norme, où chacun va aussi voir sa vie bouleversée. Une très grande bande dessinée, qui vient de recevoir le Prix Goscinny 2025, de l'Institut René Goscinny, qui met en avant le travail spécifique des scénaristes.

Les Navigateurs *****
Scénario Serge Lehman et dessin Stéphane de Caneva
Delcourt – 208 pages noir et blanc – Sortie le 2 octobre 2024 - 26,50 €

jeudi 21 novembre 2024

[Encore mieux que les super-héros] - The good asian – Une enquête d’Edison Hark par Pichetshote et Tefenkgi (Komics Initiative)

 

San Francisco, 1936. Edison Hark, enquêteur de son état, revient de toute urgence à la maison – adoptive – familiale, alerté par son demi-frère Frankie Carroway : Mason, leur père, grande fortune de l’industrie sucrière, est dans le coma. Un état provoqué semble-t-il par la disparition brutale d’Ivy CHen la domestique asiatique – et amante ? – de Mason : une dispute serait à l’origine de la fuite de la jeune femme, qui n’a plus donné signe de vie depuis l’altercation. Et puisque les flics locaux ne remontent aucune piste, qui de mieux placé qu’Eddy, le fils préféré, pour aller voir ce qui se trame du côté de Chinatown ? Hark est membre de la famille certes, mais est surtout américain d’origine chinoise, et les portes devraient s’ouvrir plus facilement. C’est bien le cas, mais très vite l’affaire va dévier sur un tueur quasi-légendaire, Hui Tong, qui semble bien avoir quitté les récits folkloriques pour semer les cadavres dans un jeu de piste, où les protagonistes sont aussi nombreux que leurs motivations à vouloir prendre le contrôle de Chinatown…


Meilleur Récit Complet aux Eisner Awards 2022 et Livre de l’année aux Harvey Awards la même année, The Good Asian est bien ce qu’annonce une des nombreuses couvertures de ce comics : « A Noir mystery featuring the first immigrants officially banned from America… The Chinese ». Pornsak Pichetshote  et Alexandre Tefenkgi réussissent le tour de force d’un récit tout à la fois noir, historique et politique, avec une intrigue bâtie autour d’un des tout premiers détectives sino-américain, qui tente comme il peut de mener une enquête à une époque où le racisme anti-chinois est au plus haut, fruit de lois anti-immigratoires radicales votées depuis les années 1870, visant particulièrement les asiatiques. 

 

 Le personnage d’Edison Hark – qui a forcément un petit côté Charlie Chan le privé créé par Earl Biggers en 1925 - est magnifique : en constante interrogation sur son identité, hésitant sur les choix à opérer, malmené de bout en bout par ses adversaires comme par sa famille, souvent obligé de faire profil bas, de mentir, il est le parfait reflet de qu’on dû être les immigrés asiatiques de ces décennies-là. Pourtant, ne pourrait-il pas être lui, le sino-américain, un espoir pour ces Chinois déracinés, ce « pont » qu’évoque un de ses amis entre les peuples et leurs cultures ? C’est une des nombreuses questions que posent les auteurs de cette brillante série (12 épisodes en vo chez Image Comics en 2021) , avec celle des rapports familiaux, du racisme ambiant du pays… et de sa violence récurrente.

L’intrigue de Pichetshote en elle-même est dense, palpitante, aux ramifications complexes, très bien rythmée par des planches adaptées à chacune des scènes : cadrages hyper-dynamiques pour les scènes d’action, cases déstructurées aux bons moments, et pleines pages judicieusement distillées. Le travail graphique de Tefenkgi est à la hauteur de ce récit ambitieux, qui a reçu un accueil positif unanime lors de sa parution américaine. Komics Iniative en propose une très belle édition, agrémentées de notes historiques passionnantes et autres bonus graphiques roboratifs. Une vraie découverte.

Un album en compétition pour le Fauve polar SNCF Voyageurs 2025 !


The good asian – Une enquête d’Edison Hark ****

Scénario Pornsak Pichetshote ; dessin Alexandre Tefenkgi – Trad. Benjamin Viette

Komics Initiative - 304 pages couleurs – Sortie le 24 octobre 2024

lundi 14 octobre 2024

[Vive les blaireaux!] - Grandville – Force Majeure, de Bryan Talbot (Delirium)

 

Un restaurant de fruits de mer, chic et art déco. Les convives dînent dans une ambiance feutrée, calme et reposée. Soudain c’est le chaos : les grandes baies vitrées explosent en milliers de fragments de verre, les clients sont criblés de balles tirées en rafales. Cela ne dure que quelques secondes et à la fin, les poissons encore vivants restent tétanisés. Pas les poissons des assiettes : les poissons en costumes trois-pièces car nous voici au début du cinquième et dernier tome de Grandville, la série polar phare de Bryan Talbot où les personnages sont tous des animaux anthromorphes. Et quelle série ! Pour mémoire, nous voici à une époque où, 200 ans après la victoire de Napoléon sur l’Angleterre, Paris s’appelle désormais Grandville, et est le coeur du plus grand empire du monde. Mais au moment où s’ouvre Force Majeure, l’Angleterre a retrouvé son indépendance, et la France est gouvernée par un Conseil Révolutionnaire. C’est dans ce contexte que l’inspecteur LeBrock, un blaireau vigoureux et fin limier, va enquêter sur ce massacre du restaurant, en compagnie de son fidèle adjoint Roderick Ratzi, certes plus chétif – il ne faut pas trop en demander à un rat – mais tout aussi efficace dans les affaires qu’il démêle avec son chef. Et celle-ci va vite les conduire à la piste de Tiberius Koenig, lézard rouge tendance tyrannosaure, et qui est à la tête avec ses frères du gang le plus meurtrier et sanguinaire de la ville. Et en passe de réunifier toutes les bandes de malfrats, malfaiteurs et malfaisants de la cité. Mais LeBrock va aussi vite se rendre compte que c’est lui-même la cible, ainsi que tous ses proches, une vieille histoire de vengeance à assouvir pour Koenig…



C’est un bonheur absolu de retrouver l’univers steampunk et spectaculaire de Bryan Talbot, dans une intrigue digne des quatre précédentes (il faut lire tout Grandvlle !), et qui cette fois donne à découvrir le passé de l’indestructible blaireau, et ses débuts dans la police sous la houlette de son mentor, l’inspecteur en chef Stamford Hakwsmoor. Et en parallèle à la narration d’une enquête ancienne et exemplaire, Talbot nous mène par le bout du museau dans l’affaire la plus dangereuse que LeBrock ait eu à résoudre, avec un de ses adversaires les plus coriaces et impitoyables.

 Une construction narrative sans faille au rythme graphique infernal. Avec toujours ces sens du cadrage et de l’action : la scène d’introduction est à couper le souffle, tout comme un peu plus loin une poursuite dans les rues mal famées de Grandville, entre Billie, la fiancée de LeBrock et les sbires de Koenig. 

Ajoutez à cela une bonne dose d’humour dans les dialogues aux réparties percutantes (les piques du héros à son supérieur hiérarchique, abruti notoire, sont savoureuses), et vous avez bien entre les mains un must du comics anglais !

 Sans oublier ce qui fait également tout le charme de la série depuis le début : ces clins d’oeil et références à l’art, la culture, le cinéma dont Talbot parsème avec délectation ses aventures. C’est un jeu de s’amuser à les retrouver ! Parfois c’est facile : tel cette visite au musée de cire où LeBrock admire un peu amusé les statues de Blacksad et Canardo, dans la partie « Célèbres détectives ». 

Et pourquoi tu n’y es pas toi ? demande Billie. Question juste : LeBrock a toute sa place sur le podium. Il est même sur la plus haute marche !

  Et si vous ne trouvez pas, plongez-vous dans les commentaires de Bryan Talbot himself, à la fin de l'album, c'est passionnant !

 

 

Encore merci à Delirium d’avoir repris cette superbe série, et traduit les trois tomes restés inédits. 

Avec « Noël », quatrième paru en début d’année, 2024 est vraiment l’année Grandville !

 

 

Une sortie fêtée comme il se doit par une tournée, débutée ici à la librairie Planète Dessin le 7 septembre dernier, par Laurent Lerner, boss de Delirium, et Bryan Talbot (avec sa femme Mary sur la photo),… et deux nouveaux fans – 600ème acheteurs ! 

 

Granville – Force Majeure *****

Textes, dessins et couleurs Bryan Talbot – Trad. Philippe Touboul

Delirium – 162 pages couleurs – Sortie le 6 septembre 2024