Nous sommes, voyons, dans un
futur proche, où l'empire soviétique existe toujours, et la guerre
froide n'a jamais été aussi brûlante. Le sémillant Adam Clarks
est une des personnalités en vue de cette époque, où il exerce
avec brio ses talents de chroniqueur mondain dans les colonnes de
"Puppet", le magazine féminin le plus prisé du marché.
Mais Clark est aussi un être secret, qui cache d'autres talents,
derrière son look de séducteur chevaleresque au costard impeccable
et à la mine affable. Le voici justement à une réception donnée
dans un hôtel de luxe de Majestic City, où tout le gratin de la
ville se presse pour admirer le "Long Star", un des plus
gros rubis du monde, dont la vente imminente est destinée à combler
le déficit d'un grand musée... Adam Clarks va troquer le costume du
journaliste pour celui du monte-en-l'air et tenter de s'emparer du
fabuleux bijou. Un jeu d'enfant, à moins que l'ingénue et sexy
Irina ne soit pas que la ravissante idiote destinée à lui servir
d'alibi...
Surprenante aventure que celle
d'Adam Clarks : c'est un peu James Bond meets Arsène Lupin, sur fond
d'uchronie. Un cocktail risqué, mais réussi, par les deux auteurs,
Régis Hautière, et Antonio Lapone. Le scénario, malin, du premier,
mêle deux types de récits bien connus des amateurs du genre : le
casse, minutieusement organisé et exécuté, et l'espionnage, avec
tous ses codes, personnages attendus et coup-fourrés. Sur cette
base, Lapone dessine décors et personnages comme il l'a toujours
fait, avec ce trait caractéristique de la ligne claire, et même
plus précisément celui du "style atome" (une "école"
où on retrouve Swarte, Chaland, Clerc, Ever Meulen, Daniel
Torrès...). Une appartenance assumée, puisqu'en clin d'oeil, Lapone
glisse une (fausse) pub pour les "Atom style cigarettes "dès
le début de l'album. L'élégance dans la torgnole et la classe dans
l'adversité : voilà ce qui se dégage de cet "Adam Clarks",
aux couleurs et ambiances nocturnes superbes. Le grand format, lui
aussi inhabituel de cette bande dessinée achève d'en faire plus
qu'une curiosité, mais une vraie et bonne surprise.
Adam Clarks ***
Scénario Régis Hautière et
dessin Antonio Lapone
Treize Etrange, 2014 - 64 pages
couleur - 22 €
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