Salvador de Bahia, Brésil.
Au pied du Fort de Notre-Dame de
Monte Serrat, deux types en barque pêchent. A la dynamite. C'est
efficace mais pas forcément toléré. Ils sont vus, depuis le fort
par un certain Monsieur Ney, sergent à la retraite, et par un jeune
homme avec qui il discutait, Caju. Outré par le comportement des
pêcheurs-dynamiteurs, le vieux militaire somme le jeune homme
d'appeler l'armée. Ce qui ne donne rien car l'armée a d'autres
chats à fouetter...
Mais comme le vieux insiste en
menaçant de dénoncer Caju à la police - car Caju est un petit
dealer, et ça, Ney, bizarrement, le sait - le jeune finit par
appeler un flic qu'il connait bien, Richard. Et ça tombe bien, car
Richard est tout près de la scène, sur une plage, à quelques
centaines de mètres. Mais le flic est un peu contrarié par ce coup
de fil, car il est de repos, et il avait formellement interdit qu'on
appelle sur ce portable à ce moment là. Mais il décroche, et
finalement va voir ce qui se passe avec les pêcheurs. Juste au
moment où Keira, sa femme, essaye de le joindre pour lui annoncer
quelque chose de très important, pour leur vie de couple...
C'est dans la ronde de ces
quatre personnages, Ney, Caju, Richard et Keira, que Marcello
Quintanilha nous invite à entrer : et c'est en fait une tranche de
vie en forme de faits divers qu'il nous donne à lire, en 180 pages
qui commencent doucement, avant de monter inexorablement en pression.
Et la tension est de plus en plus palpable, au fil de chacune des
actions des quatre personnages : chacun de leurs faits et geste peut
amener une issue différente, pour chacun d'entre eux, selon l'option
qu'ils vont prendre. C'est admirablement construit, car cela mêle à
la fois des scènes ultra-dynamiques tandis que d'autres nous font
partager des moments d'introspection. Et parfois dans la même
planche ! Si on est pris dans ce tourbillon c'est aussi grâce à la
formidable lumière qui traverse tout l'album : il a beau être en
noir et blanc, il s'en dégage une chaleur incroyable. D'ailleurs, il
n'est pas en noir et blanc, mais bien entre gris acier et blanc étain
: les couleurs du tungstène, ce métal lourd qui donne son titre à
cette bande dessinée. C'est on ne peut mieux trouvé. Et encore une pierre à l'édifice de l'excellent catalogue des éditions ça et là !
Tungstène fait partie de la
sélection 2016 du Fauve Polar SNCF
Tungstène
****
Texte et dessins de Marcello
Quintanilha.
Traduction de Christine Zonzon et Marie Zeni, lettrage Studio Sylvie C
- Editions ça et là, 2015 -180 pages noir et blanc - 20 €
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