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lundi 22 juillet 2024

[Adaptation] – Mysteras et la Cour d’épouvante : Le retour d’Harry Dickson chez Dupuis, par Headline, Vergari et Catacchio

 

Faut-il encore présenter le célèbre détective de l’étrange, Harry Dickson, alias le Sherlock Holmes américain ? Peut-être oui, car s’il a acquis au fil des décennies un statut de personnage classique de la littérature policière, le héros créée par Jean Ray, créée dans les années 20, reste certainement encore dans l’ombre des mastodontes Holmes (donc) et Lupin. Cette nouvelle reprise en cases marque une volonté – dixit les éditions Dupuis - de « lui redonner tout son prestige et ses lettres lettres de noblesses en offrant à ses exploits une adaptation graphique et narrative impeccable et pertinente ». 

 

D’abord – et donc – pour qui ne connaît pas encore Harry Dickson, sachez que c’est un détective suprêmement intelligent, et que ses enquêtes le mènent systématiquement aux frontières du fantastique : une banale affaire a vite fait de basculer dans le monde des fantômes, vampires, savants fous et autres ennemis baignant sans vergogne dans le surnaturel. Assisté du jeune et fidèle Tom Wills, sur qui Dickson compte surtout quand il s’agit de donner du coup de poing ou de revolver, tous deux résolvent des affaires aux rebondissements multiples et spectaculaires, dans des ambiances délicieusement flippantes. Voilà le tableau côté romans, ou plutôt novellas, car les histoires de Jean Ray sont plutôt de longues nouvelles, d’environ 70-80 pages.

Et pour inaugurer ce nouveau cycle d’adaptations, le trio Doug Headline- Luana Vergari (scénario) et Onofrio Catacchio (dessin) a choisi de se replonger dans l’imposant corpus de ces trépidantes aventures existantes (plus de cent) et a porté son choix sur ?? Mystéras ?? et la Cour d’épouvante pour ses deux premiers tomes. Choix judicieux car il permet d’entrain de plain-pied dans l’univers dicksonnien : un condamné électrocuté sur la chaise électrique réussit son évasion, pendant qu’une romancière prisonnière de sa propre tour ultra-moderne est enlevée - alors que c’est impossible - (Mysteras) et un homme – millionnaire - en proie à un cauchemar récurrent (il passe en jugement devant un terrifiant tribunal qui finit par le condamner à mort) en appelle à Dickson pour le sortir de ces songes de plus en plus réels (La Cour d’épouvante). Rien que ça !

Et dans les deux cas – les albums constituent une sorte de diptyque même s’ils peuvent se lire de manière indépendante – un génie du mal et de la manipulation est à l’oeuvre, un ennemi qui tient autant de Moriarty que de Fantômas…


Disons-le franchement : c’est avec un grand plaisir que le fan de Dickson (dont je suis) retrouve l’atmosphère si particulière qui règne dans les histoires de Jean Ray. Tout y est, des landes embrumées aux manoirs austères et menaçants, en passant par les déguisements audacieux, les créatures nocturnes inquiétantes, les courses-poursuites échevelées et les coups-fourrés de dernière minute. Un vrai feu d’artifice, réussi grâce au trait « ligne claire » adopté par Catacchio, et qui convient tout à fait à aux scénarios du duo Headline-Vergari. Il y a certes aussi un côté vintage dans ces planches, mais qui colle finalement bien à l'époque des intrigues de Jean Ray.

D’autres auteurs s’étaient déjà emparés de Harry Dickson, notamment par Vanderhaege, Zanon et Renaud (13 albums entre 1986 et 2018) ou par Nolane et Roman (13 histoires, cette fois, originales de 1992 à 2009) mais c’est certainement ce retour chez Dupuis, qui prévoit 1 tome par an, qui est le plus proche de l’esprit de la série. Si vous ne connaissiez pas encore le « Sherlock Holmes américain », c’est le moment ou jamais de le rencontrer. Lui et ses « ennemis vomis par l’enfer » (tels qu’ils sont qualifiés dans l’excellente postface du tome 2) dont le prochain sera « Le Vampire aux yeux rouges »… 


Harry Dickson *** , d’après Jean Ray

Scénario Doug Headline et Luana Vergari – Dessin Onofrio Catacchio – Dupuis, 64 pages couleur

1 – Mysteras (5 mai 2023)

2 – La cour d’épouvante (17 mai 2024)

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