Comme à chaque fois avec ce bon vieux JKJ Bloche, l’aventure commence dès la couverture, qui distille quelques pistes et installe tout de suite une atmosphère. Voyons voyons : que peut donc bien regarder notre détective de cet air un peu… inquiet ? Quel endroit, éclairé de l’intérieur, observe-t-il derrière ces barreaux ouvragés ? Et ce doudou, que fait-il là ?
Evidemment, je triche un peu : je pose ces questions en connaissant les réponses. Mais comme d’habitude, force est de constater tout le talent de Dodier à mettre en scène les affaires suivies par Bloche, le détective au solex. Plus que jamais au solex, même, car cet engin fétiche va même avoir un lien direct avec l’enquête en cours. Celle-ci commence lorsque Burhan, vieil ami de Jérôme, lance celui-ci sur la trace du doudou de Yasmina, fille de Rachida, une femme de ménage intervenant chez une vieille bourgeoise prof de piano, pas commode du tout. Si peu commode qu’elle nie l’évidence de la perte de ce doudou dans sa maison : Yasmina et sa mère sont pourtant certaines de sa présence dans la vénérable et vaste demeure. Il ne reste donc plus à Jérôme qu’à s’approcher à son tour de la propriété, sans tomber trop vite sur la gardienne des lieux…
Perpétuité, ce vingt-neuvième volume des aventures policières de JKJ Bloche est dans la droite ligne des précédentes : une enquête assez simple à la base, et dont tout l’intérêt réside autant dans la résolution de l’affaire que dans l’époque et les lieux où elle prend corps : ici et maintenant. Une grande ville de la France de 2025, où chacun fait face comme il peut aux petits et grands malheurs de son quotidien. Il sera ainsi question de la place que laisse notre société aux malades et à celles et ceux touchés dans leurs corps. Entre autres. C’est aussi un épisode où on croise avec toujours le même plaisir presque tous les personnages qui sont les proches de Jérôme avec cette fois en première ligne Burhan qui veut jouer aussi les détectives à sa manière, ce qui donne la petite touche humoristique présente à chaque album. Celle qui est moins présente, c’est Babette, car à l’étranger pour quelques jours, mais qui trouve le moyen de s’incruster dans les rêves de Jérôme, et lui faire la morale. Là encore, un peu de lumière dans une histoire au final assez sombre, mais d’où ressort une profonde humanité de chacun des personnages.
Une nouvel épisode réussi, pour une série qui ne s’essouffle pas, ni dans ses propos et intrigue, ni dans le trait et la science de la planche d’Alain Dodier, définitivement un des maîtres du Neuvième Art, branche classique franco-belge (appellation non contrôlée).
Un statut confirmé par Dupuis qui sort en même temps que ce tome 29 de la série, le volume dix de sa collection « Une vie en dessins », très bel ouvrage sur la carrière d’Alain Dodier, avec une place de choix pour Jérôme K. Jérôme Bloche, qui fait la une et dont le nom figure même aux côtés de son créateur sur la couverture c’est dire…
Jérôme K Jérôme Bloche 29 – Perpétuité ****
Scénario et dessin Alain Dodier
Dupuis – 58 pages couleur – Sortie le 18 octobre 2024 – 13,50 €
Dodier, une vie en dessins****
Dupuis / Champaka - 192 pages - Sortie le 18 octobre 2024 – 69 €
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