Adélaïde Tiersen débarque,
de Paris, à Calcutta avec une seule idée en tête, une obsession,
même : retrouver son compagnon, Matthieu, en mission en Inde depuis
cinq mois pour la société Tosh Computers, et qui n'a pas donné
signe de vie depuis trente jours. Enceinte jusqu'aux yeux, Adélaïde
va mettre toute l'énergie possible dans cette quête éperdue du
futur père de son bébé, et commence par s'adresser à la police
sitôt le pied sur le sol indien. Mais l'ombrageux inspecteur Dut ne
semble guère disposé à remuer ciel et terre pour une disparition
qui n'en est pas vraiment une... d'après lui. Pire, il lui apprend
que la société pour laquelle travaille son compagnon n'existe
pas... Adélaïde décide alors de faire appel à une Imran Suresh,
ce sympathique chauffeur de taxi débrouillard qui l'avait accueillie
à son arrivée. Les ressources d'Imran, inépuisables, et son
ingéniosité, vont permettre à la jeune femme de retrouver la trace
de Matthieu. Mais le chemin pour arriver jusqu'à lui va être
parsemé d'embûches...
Un album étonnant : une jeune
femme sur le point d'accoucher à chaque page, s'agite en tous sens
et finit par découvrir une affaire d'état, au bout de péripéties
dignes d'un roman d'espionnage, période Ian Flemming... et le mieux,
c'est que ça fonctionne et qu'on y croit ! En fait, le duo Adélaïde
/ Imran, choc de deux cultures, est tellement attachant, que le
lecteur a envie de les voir aller au bout de leur quête, au début
désespérée. Et si le scénario tient le choc, c'est aussi parce
qu'il se déroule dans des décors respirant l'authenticité, des
hôtels des quartiers populaires aux rassemblements sur le Gange, en
passant par le quartier des prostituées. Pierre-Henry Gomont a nimbé
toutes ses planches d'une lumière tamisée, et donne l'impression
qu'une brume permanente règne, presque étouffante, tout au long de
l'histoire.
En embrassant plus d'une
thématique (l'amour, l'amitié, la politique, l'enquête policière,
la religion...) les auteurs prenaient le risque de perdre leur
lecteur en route. En fait, Eddy Simon et Pierre-Henry Gomont ont
réussi un album à la hauteur de la complexité du pays, et si Rouge
Karma donne de temps en temps dans la démesure, c'est en fait en
écho parfait à cette Inde encore mystérieuse pour beaucoup
d'occidentaux. Au final, une bande dessinée au parfum entêtant...
Rouge
Karma ***
Scénario Eddy Simon et dessin
Pierre-Henry Gomont
Sarbacane, 2014 - 128 pages
couleurs - 22 €
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