Cela
commence très fort : dans une métropole pas très riante, Pol
Riviera, présentateur vedette de la télé, se jette du haut d'un
immeuble, appartenant à la Zuppa SA, et s'écrase, 35 étages plus
bas, sur le béton, certes, mais aussi sur Tong-Tong, musicien de rue
en train de jouer de la guitare devant les badauds. Eclaboussures
écarlates pour tout le monde... et entrée en scène de l'inspecteur
Mortenson, un flic dépressif et taciturne. Et ce qui commence comme
un polar des plus traditionnels, va petit à petit se transformer en
un voyage bizarroïde, dans une ville d'un glauque achevé, et friser
avec un fantastique à la David Lynch, période Twin Peaks. Pas moins
!
Ce
scénario, déjà prenant, l'est encore plus grâce à la technique
employé par Marco Galli, un dessinateur italien dont c'est ici la
première traduction en France. Pour raconter son histoire il a pris
le parti de planches toutes construites sur le même modèle : deux
grandes cases par page (l'album est au format roman), avec le texte
au dessus, ou en dessous, mais quasiment jamais dans les
traditionnelles bulles (ou phylactères pour les puristes), y compris
pour les dialogues. Et tout cela sur fond noir, ce qui donne aussi
une impression de récit filmé. "Oceania boulevard"
fourmille de trouvailles graphiques et narratives de ce genre, et
c'est une vraie découverte, chez un éditeur qui ne manque pas
d'audace. Je vais vous faire une confidence : c'est une des rares
fois où l'expression "roman graphique" ne me semble pas de
l'usurpation. En tous cas, si vous êtes revenu de tout, et que plus
rien ne vous surprend, arpentez-donc cet Oceania Boulevard, vous
n'allez pas être déçu du voyage... et gare au freak au coin de la rue !
Oceania
Boulevard
Texte
et dessin de Marco Galli
Ici
Même, 2014 - 52 pages couleurs - 24 €
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