Ce blog est entièrement consacré au polar en cases. Essentiellement constitué de chroniques d'albums, vous y trouverez, de temps à autre, des brèves sur les festivals et des événements liés au genre ou des interviews d'auteurs.
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lundi 21 novembre 2022

[11 balles dans le chargeur] – Le Crime parfait / Collectif (Phileas)

 

Le maniaque du polar en cases aura beau retourner sa bibliothèque dans tous les sens, il n’y trouvera pas plus de collectifs de son genre préféré que de doigts sur ses deux mains. S’il est chanceux et conservateur, ou les deux, il sera en possession des hors-séries des revues
Tintin
et Pilote « spécial policier » parues en 1978, ou du (A suivre) « BD Polar : Noces de Sang » sorti lui en 1981 sous couverture de Tardi. Pour les albums, il a peut-être fait main basse sur le « Polar  story – Des histoires de polar » chez Fugues en Bulles (2010) ou du plus récent « Polar – Shots entre amis à Cognac » (2020). 

C’est dire si l’initiative des éditions Phileas de demander à une quinzaine de dessinateurs et scénaristes de s’emparer du thème du crime parfait – si cher au genre policier en littérature comme en cinéma – est la bienvenue. Surtout que c’est une belle réussite. Sous les couvertures rouge sang de Barral ou bleu nuit de Guérineau, chacun des auteurs livre sa version du crime parfait. Et évidemment elles ont toutes leur angle d’attaque. Elles revisitent ainsi l’Histoire (Gess, Guérineau, Chabouté, Holgado & Seltzer), s’ancrent dans un quotidien contemporain (Rabaté, Peyraud et Liéron, Moynot, Krassinsky) ou utopique (De Metter), ou invitent même à leur table d’autres « mauvais genres » (Sandoval & O’Griafa, Krassinsky, Guérineau, Pomès). Sans oublier les ingrédients : vengeance, complot, détective, tueur en série… tous très bien digérés. Cela donne onze récits originaux, parfaitement menés,  tous agrémentés d'un « Repose en paix » signé Anaïs Bon, une forme d'oraison funèbre qui vient prolonger, ou éclairer, le récit noir tout juste terminé. Un peu à la manière de la morale d’une fable, ou plus encore, de cette voix qui concluait les épisodes de la Quatrième Dimension, souvent ironiquement.

Il y a tout de même un peu – ou beaucoup selon les récits – d’humour noir dans ce collectif inattendu et roboratif. Et à la manière des recueils de nouvelles noires et policières, cet album permet aussi de découvrir ou de retrouver les univers graphiques de onze dessinateurs maîtres de leur art. Un album parfait ? Ce serait en tous cas un crime de passer à côté... 

Le Crime parfait ****

Scénario et dessins de Chabouté, De Metter, Gess, Guérineau, Holgado, Krassinsky, Moynot, O’Griafa, Peyraud, Pomès, Rabaté, Sandoval, Liéron, Seltzer

Couverture de Barral (édition courante) et Guérineau (édition Canal BD - 1400 exemplaires)

Nécrologies d’Anaïs Bon

112 pages couleurs et Noir & blanc – Sorti le 10 novembre 2022 – 19,90 €


dimanche 7 février 2010

La Crème de la BD Noire à Bon-Encontre les 13 et 14 mars

Le cinquième Salon “Polar’Encontre” de Bon-Encontre se déroulera les samedi 13 et dimanche 14 mars 2010. Cela se passe au Centre Jacques Prévert de Bon-Encontre, dans le Lot-et-Garonne, tout près d’Agen. Si je vous en cause c'est que ce festival est l'un des rares dans le polar - le seul ? - à avoir autant d'auteurs de BD que de romanciers à son menu. Et rien que du beau monde :

Will Argunas, Laurent Astier, Max Cabanes, Jean-Christophe Chauzy, Chetville, Michel Espinosa, Olivier Grenson, Gunt, Horne, Alexis Laumaillie, Gilles Mezzomo, Jean-Philippe Peyraud.

C'est Laurent Astier qui a réalisé l'affiche de ce festival, avec en vedette Claire, la femme-flic de sa série du moment "Cellule Poison". Un série dont je vous ai déjà dit ici tout le bien qu'elle m'inspirait.

Et côté livres avec plein de lignes : Ingrid Astier, Laurence Biberfeld, Jeanne Desaubry, Catherine Diran, Naïri Nahapetian, Anne Secret, Lalie Walker, Marin Ledun, Michel Leydier, Marcus Malte, Claude Mesplède, Benoît Séverac, Marc Villard. (Sous réserve : Doug Headline).
Quand je vous dit qu'il y aura du beau monde.

Alors pour le week-end du 13/14 mars : votez Polar, liste Bon-Encontre !

lundi 4 janvier 2010

Quand j'étais star (2008)

Marc Villard a écrit des poètes traversés par le souffle beatnik. Marc Villard a tenu avec hargne les fûts d'un groupe météorique sobrement baptisés « Les Comètes ». Marc Villard est capable d'en appeler aux syndicats pour le retour des barres de Nuts dans le distributeur de son boulot. Marc Villard brandit des 13,7 cm règlementaires dès qu'on met en doute sa virilité. Marc Villard a même essayé la technique du Flamby pour se débarrasser de Tatie. Il y eut, comme pour beaucoup de mâles, un jour béni pour Marc Villard : celui où il fut enfin admis au club des fameux baiseurs. Marc Villard aime bien aller prendre la température des festivals de polar, où il est attendu comme un Dieu, mais c'est la sienne, de température, qui monte dès qu'approche l'heure fatidique du départ.
La vie de Marc Villard est pleine de rebondissements qui lui sont autant de sujets d'inquiétude. Et c'est ainsi que Marc Villard est grand.

Vous l'aurez deviné, les épisodes évoqués ci dessus sont tous issus des recueils parus à l'Atalante, dans lesquels notre grand nouvelliste du noir, se dévoile sans vergogne depuis 1995 (« J'aurais voulu être un type bien »), et que Jean-Philippe Peyraud a mis en image avec brio. On retrouve dans ses adaptations tout ce qui fait le charme de ces moments villardiens intimes : une tendresse à peine cachée, un humour pas loin de vous glacer, une angoisse assumée face au quotidien tyrannique, et derrière tout cela, une joie de vivre communicative. Entre autres, car le Villardus commun est un être qui se jette en patûre pour mieux se protéger. Peyraud réussit l'exploit de camper un Villard du 21ème siècle extrêmement proche du vrai et du coup, toutes ses représentations du Villard plus jeune, à différentes étapes de sa vie, inconnu du public anonyme, semblent aller de soi. Le parti-pri de ne pas avoir respecté d'ordre chronologique à ces flashs autobiographiques – comme dans les recueils – renforce d'ailleurs cette réussite. Bref, même si nous ne sommes bien entendu plus sur les routes du noir avec cet album, nous n'en sommes pas moins sur un de ces chemins de traverses qu'il vous faut absolument emprunter tant ces nouvelles adaptées sont une superbe réussite.

Quand j'étais star
Scénario Marc Villard et dessin Jean-Philippe Peyraud
Casterman, 2008. - 232 pages, bichromie. - Collection écritures - 12,95 €
[Chronique parue dans l'Ours Polar n°45/46, juin 2008]