Luca Di Serafino est un
escrimeur de grande classe. Si talentueux qu'on fait appel à lui
pour officier comme maître d'armes sur les plateaux de cinéma. Un
rôle qui lui tient tellement à coeur, qu'il n'hésite pas à
interrompre l'action en pleine scène, lorsqu'il juge que les
acteurs, ne comprennent vraiment rien à rien et massacrent les
duels. Et c'est ce qu'il fait, sur le tournage du nouveau film du
producteur Douglas Henderson, "Les lames de le nuit", en
tournant en ridicule un des protagonistes du film... Non seulement
lui donne-t-il une cuisante leçon d'escrime, mais, qui plus est,
obtient-il son renvoi par le réalisateur. Le lendemain, à un
cocktail donné au domicile de Henderson, il fait pour les invités
une petite démonstration de duel, avec Alan Lantier, la vedette du
film. Tout se passe bien, mais à la sortie de la soirée, il se fait
agresser par trois hommes, qui s'enfuient après lui avoir broyé une
main... la mauvaise, heureusement pour lui ! Mais le lendemain, Di
Serafino s'interroge... qui est ce "patron qui n'apprécie pas
sa main baladeuse", comme a lui a lancé un de ses agresseurs ?
Et surtout, qui a saccagé son appartement, comme il le découvre à
sa sortie d'hôpital ? Il croit savoir, et son honneur lui impose
d'aller provoquer en duel le coupable...
C'est
un plaisir de retrouver Dan Christensen et sa ligne claire, découvert
pour ma part en... 2006, avec la trilogie "Paranormal",
publiée alors chez Carabas (tenez : ici ma chronique parue à
l'époque dans l'Ours Polar). Et ce retour, pour une histoire dans
les milieux du cinéma et de l'escrime, est des plus réussis. En
plongeant son personnage principal, Di Serafino, au coeur d'une
machination qui prend ses racines dans le passé du maître d'armes,
Christensen entraîne son lecteur dans un suspens bien construit,
où la vérité arrive par petites touches. Car c'est petit à petit
que le récit bascule dans le genre noir, au fur et à mesure des
découvertes du "héros", et des révélations sur sa
jeunesse. La galerie de personnages de "Riposte" est riche
et elle aussi bien vue, avec notamment ce qu'il faut en hommes et
femmes cupides, manipulateurs, ou simplement salauds... Di Serafino
n'étant lui même pas un modèle de sympathie, ce qui rend l'album
d'autant plus crédible pour ce genre de récit. L'ambiance est
franchement celle des films noirs de la grande époque (des Siodmak,
Wise ou Lang...).
Les combats à l'épée sont bien entendu omniprésents et arrivent toujours au bon moment. Et surtout, ils sont très bien mis en images et n'ont rien à envier à leurs équivalents cinématographiques. Bon d'accord, c'est moins spectaculaire, tout de même. N'empêche qu'on s'y croirait, et qu'au final, voici une des belles surprises de ce début d'année 2016. Chez un éditeur qui a pu faire paraître cet album grâce aux internautes, et au CNL. Comme quoi, les oeuvres de qualité finissent toujours par sortir... et voici Dan Christensen au bout d'une aventure qui aura duré pas loin de 7 ans... Pour en savoir plus d'ailleurs sur cet auteur, rendez-vous sur son site : DCartoons.
Mais
en attendant... en garde !
Riposte***
Scénario et dessins de Dan
Christensen
Scutella, 2015 - 159 pages noir
et blanc - 20 €
Le monde est bien fait ; je viens de découvrir ton blog (très intéressant) à l'occasion de ton billet sur Riposte, et je m'aperçois qu'outre Dan Christensen, nous partageons un intérêt certain pour les polars. [-_ô]
RépondreSupprimerCher Artemus, merci ! Ah, les polars, c'est mon dada... Quant à Christensen, j'aime à la fois son style tout comme sa façon de croiser les genres. Il me reste maintenant à aller faire un tour du côté de ton blog à toi, dont la première visite rapide donne tout de suite envie de continuer.
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