Abel Mérian sort de prison, après sept ans passés à l'ombre. Avec le pécule amassé pendant ces années, il s'achète de nouvelles fringues (dans le premier magasin qu'il trouve : un New Man...), et prend un billet de train pour la ville où un butin l'attend, enterré dans le sol crasseux d'un usine. Mais à son arrivée, Mérian découvre que la vieille fabrique est devenue un musée d'art contemporain flambant neuf. Avec plusieurs mètres de béton au dessus de son fric. L'homme est déboussolé, et alors qu'il est perdu dans la contemplation d'un Magritte, un portable sonne près de lui : il appartient à une jeune fille qui l'a oubliée, avant de prendre son vol pour l'Italie.
Elle lui demande de lui renvoyer, ce qu'il s'apprête à faire, mais il renonce devant la queue à la Poste... Il décide alors de voler une voiture et d'aller en Italie pour rendre le portable à la jeune femme, étrangement séduit par celle-ci, à travers les textos qu'il a pu lire sur le téléphone, et une photo d'elle. Un périple commence, où Abel sera accompagné d'un chien, puis d'un gamin débrouillard...
Ce récit noir de Rascal, est un beau portrait d'homme qui doit faire face à une société dont il a un peu oublié les codes, après ses années de prison. C'est une histoire à multiples entrées et lectures.
C'est d'abord un récit sur le temps, dont le premier symbole est cette usine disparue, remplacée par un musée. C'est dans ce lieu de labeur devenu lieu de mémoire, que le souvenir du père surgit, face à une oeuvre de Magritte. Et là, le voyage dans le temps se confond avec voyage dans l'art.
C'est ensuite une réflexion sur le genre humain : le chien - ce meilleur ami de l'homme - est bon, l'enfant est bon (mais peut-être déjà sur la mauvaise pente, car on sent le voyou roublard derrière le gamin débrouillard), mais l'adulte, lui, semble bien irrémédiablement mauvais...
Et c'est enfin une histoire à chute, brutale, réussie, car assez inattendue : tout au long du voyage vers l'Italie, on se demande vraiment ce que peut espérer Abel de ce périple vers un amour fantasmé.
La technique de Thierry Murat est celle employée dans "Les larmes de l'assassin" : de grandes cases, avec, comme texte en légende, les pensées du narrateur, Abel. Très peu de dialogues, sans les phylactères qui plus est, ce qui place un peu plus cet album dans la famille des récits graphiques .
Mais ce très bon album, très sombre, au final assez froid, est surtout une parfaite illustration de la branche "noire" du genre polar.
Au vent mauvais
Texte Rascal et dessin Thierry Murat - Futuropolis, 2013 - 18 €
Ce blog est entièrement consacré au polar en cases. Essentiellement constitué de chroniques d'albums, vous y trouverez, de temps à autre, des brèves sur les festivals et des événements liés au genre ou des interviews d'auteurs.
Trois index sont là pour vous aider à retrouver les BD chroniquées dans ce blog : par genres, thèmes et éditeurs.
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Bonne balade dans le noir !
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