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vendredi 21 octobre 2022

[Piscines, espions et gentlemen] - Une romance anglaise / Hyman et Fromental (Dupuis)

« La justice poétique demandait qu’on entende au moins une fois sa voix, imaginée, certes, recrée à partir de fragments de réalité et c’est à cela que s’emploie ce livre ».

Cette voix évoquée par le scénariste Jean-Luc Fromental dans sa postface, c’est celle de Stephen Ward, « improbable ostéopathe-portraiste-ordonnateur des plaisirs de la Gentry », au coeur de cet album et du scandale qui ébranla l’Angleterre des Sixties : l’affaire Profumo. Une affaire qui a donné lieu à de nombreux ouvrages depuis l’année où elle a éclaté, 1963, et que cet album vient rappeler à notre époque hautement conspirationniste. Les faits ? Un ostéopathe de la bonne société londonienne, Stephen Ward, ami des puissants de l’époque, partage avec eux leur goûts des rencontres mondaines, raffinées et sensuelles. Il fait un jour la connaissance de Christine, jeune danseuse au charme éblouissant, et l’installe vite chez lui. Non pour en devenir l’amant, contrairement à ce que tout le monde semble penser, mais pour en être son mentor, celui qui l’aidera à gravir les échelons d’un monde inaccessible pour elle. Et c’est lui qui lui fera rencontrer Ivanov, attaché naval de l’ambassade d’URSS, et un peu plus tard, John Profumo, ministre de la Guerre. Tout cela en la laissant continuer à retrouver les boites de jazz moins huppées et plus populaires, et plus dangereuses au final pour elle : ses amants d’un soir peuvent vite devenir des tyrans dont elle peine à sortir des griffes. La belle finit par connaître tant de choses des différents monde qu'elle fréquente que tout cela peut exploser d’un moment à l’autre au visage d’un Stephen Ward, qui voit le danger trop tard, et d’un gouvernement qui va payer le prix fort… 

 Toujours aussi doué pour les intrigues complexes mêlant en scène de nombreux personnages, Fromental réussit réussit à nouveau son coup, comme celui de Prague paru dans la même collection, et toujours avec son complice, le grand Miles Hyman. Le dessinateur restitue à sa manière sensuelle et sensible les après-midi récréatifs au bord de piscines débordant de naïades, les soirées libertines de la bourgeoisie, et les nuits plus ou moins feutrées des clubs de jazz. Et fait parfaitement passer les états d’âme d’un Stephen Ward désabusé au moment où il enregistre sa version de l’affaire. Une mélancolie diffuse plane tout au long des pages de cette histoire tragique et noire. Une romance anglaise, oui, mais pas une bluette.


Une romance anglaise ****

Scénario Jean-Luc Fromental et dessins Miles Hyman

Dupuis (Aire Libre) – 102 pages couleur – 23 €

Sortie le 7 octobre 2022

 

Et pour mémoire : 



lundi 25 septembre 2017

[London Calling] - Les 7 Sherlock, par Darlot, Pourquié et Vidal (Vide-Cocagne) ****

A Londres, de nos jours.
Le député Shrubbery fait la une du Times : il a inexplicablement disparu. Un enlèvement ? De l’autre côté de la Manche, à Arras, cette nouvelle met en émoi un dénommé Kéchichian, ce qui intrigue le jeune Alexis Jurkewicz, un ado fan de romans policiers, et qui habite dans le même immeuble que Kéchichian… Poussé par la curiosité, et par un fantomatique ami, Barney Spottiwood, ex-détective privé, Alexis va profiter d’un voyage scolaire à Londres pour tenter d’en savoir plus sur cette mystérieuse disparition. Il va vite être servi par les événements, car aussitôt, deux autres honnêtes citoyens britanniques, Carfax et Roylott, vont subir le même sort que Shrubbery.  Le premier a une nièce, Liza, tout aussi intrépide que le jeune Français, et tous les deux vont se lancer sur la seule piste en leur possession : la clé d’une consigne de la gare Saint-Pancras. C’est le début d’une aventure échevelée où le jeune Alex doit échapper tout autant à la surveillance de sa prof de lettres qu’aux griffes d’un sinistre « Policeman ». Heureusement, il peut compter sur Liza, et sur Barney, son  imaginaire et moqueur compagnon.

Initialement publié dans les  numéro 791 à 800 de la revue Okapi, en 2005, cet excellent hommage au roman policier (branche : enquête et détective) en général et à Sherlock Holmes en particulier, retrouve une seconde vie grâce aux éditions Vide Cocagne, dans leur collection « Grand Souk ». Et ce n’est que justice, car le trio Darlot / Pourquié / Vidal, a réussi une des meilleures variations holmesiennes qui soient. Du côté du scénario, tout y est : un mystère initial, un méchant insaisissable et flippant, une chasse au « trésor », une vengeance, des rebondissements incessants et des personnages crédibles et attachants. Dessinés avec tout le talent de Jeff Pourquié, ceux-ci évoluent dans de très réussis décors signés Damien Vidal, dont le Londres, pluvieux à souhait, lorgne parfois vers l’insolite (cimetière, théâtre abandonné…), ce qui donne à l’ensemble une ambiance typiquement « british »… Et comme Jean-Michel Darlot a également parsemé son histoire de références aux grands Arthur Conan Doyle et Edgar Allan Poe, le coup est parfait. Sans oublier sa trouvaille en la personne du privé imaginaire qui suit son jeune héros, un vrai dur-à-cuire tout droit sorti des pages d’Hammett ou Chandler... Estampillée BD pour la jeunesse, avec son duo de héros juvéniles, ces « 7 Sherlock », récit trépidant, rigoureux et drôle à la fois, est de toute évidence à mettre entre toutes les mains d’amateurs d’intrigues originales. De 7 à 77 ans ? Yes ! 




Et si vous êtes du côté d’Avignon le week-end prochain, vous pourrez retrouver Jeff Pourquié, mais aussi Luc Brunschwig (scénariste de Holmes, entre autres), Stéphane Oiry ( Maggy Garrisson) et CED, à la 13ème édition du Festival du Polar de Villeneuve-lez-Avignon.
See you soon !


Les 7 Sherlock ****
Texte de Jean-Michel Darlot, dessins de Jeff Pourquié et Damien Vidal
Vide-Cocagne, 2017 – 48 pages couleurs – Collection Grand Souk – 13 €

dimanche 6 novembre 2016

[Femme de caractère] - Maggy Garrisson : je ne voulais pas que ça finisse comme ça, de Trondheim et Oiry (Dupuis)

Nous avions laissé notre chère Maggy, trinquant à l'avenir avec son amoureux tout neuf, Alex, dans leur pub préféré de Londres. Tout ne s'annonçait-il pas pour le moins mal dans le meilleur des mondes pourris ? Comme le disait Alex, à 6 cases de la fin du tome 2 :" Sheena maîtrisée... Affaire résolue avec Wight qui te réengage... Amour parfait avec le plus beau mec de Londres...". De quoi envisager un futur potable pour Maggy, non ? Peut-être.... Sauf que les trois dernières cases de ce même tome s'achevaient avec Sheena, dans la rue, sous les fenêtres du pub. La femme-flic témoin - et victime - des agissements de la bande d'Alex en restera-t-elle là ? Il y a tout de même un beau paquet de fric à récupérer...
Et c'est un peu pour ça qu'Alex, en ouverture de ce troisième tome, rachète une arme, à l'origine inconnue, trouvée dans un container emporté aux enchères par un Ashley, un pote flic à lui. Maggy n'est pas vraiment heureuse de se retrouver avec ce flingue, qu'elle planque dans le bac à légume de son frigo, mais elle est plutôt contente d'avoir récupéré dans ce même container un album photo, qu'elle s'imagine rendre à ses propriétaires, car il est plein de souvenirs, peut-être important pour la famille.

Tout ce qui va se passer dans l'album final de ce premier cycle est posé là, dans cette scène introductive : une arme qui va avoir toute son importance, à la fois par son présent (va-t-elle servir ? Qui va s'en servir ? Contre qui ?) et par son passé (A qui appartenait-elle ? Pourquoi était-elle conservée dans ce container ?). Un album photo qui va conduire Maggy à jouer un peu plus les détectives, et à se rendre compte, avec nous, lecteurs, que finalement, elle aime ça et se débrouille pas si mal. Deux objets, qui permettent une double intrigue, pour une narration en parallèle, ou plutôt, qui permettent de mettre en scène la double vie de Maggy : celle, officielle, où elle travaille sur des enquêtes, que ce soit pour elle (l'album photo) ou pour Wight, son patron (et cette fois il s'agit de vol de dents en or après la crémation par une société de pompes funèbres) et l'autre , sa vie privée, faites de secrets et cachotteries, où elle est sur la corde raide, car ce fric qu'elle a récupéré continue à attirer du monde, et pas du plus recommandable.

Maggy dans les rues du Mans...
Alors, je ne vous dirai évidemment pas ici comment tout ça finira, mais ce qui est sûr, c'est que tout ce qui faisait l'intérêt et le plaisir de lecture des deux tomes précédents est à nouveau présent : des personnages principaux, Maggy en tête, très crédibles car on-ne-peut-plus humains, et aux caractères complexes, des scènes de la vie quotidienne hyper bien observées et senties, des dialogues percutants et souvent drôles, et des rebondissements ne tombant jamais comme des cheveux sur la soupe, ou ne faisant pas office d'échappatoire facile pour les auteurs, comme on peut le voir dans pas mal de polar. Car il ne faut pas oublier : Maggy Garrisson, c'est du polar ! Du polar d'un autre genre, mais du polar où le duo Trondheim - Oiry fait merveille. Lewis Trondheim avec tous les ingrédients déjà évoquées prouve qu'il est possible de construire une intrigue mêlant suspense et quotidien, et où les deux sont d'égal intérêt, et Stéphane Oiry, avec son dessin réaliste et franco-belge, son sens du cadrage (superbe scène avec Maggy et Sheena en voiture !), son souci constant du détail, donne corps et âme à cette série qu'on a pas envie de voir s'arrêter comme ça. C'est peut-être justement le sens caché du titre, tiens ? Cela tombe bien, car il y aura un quatrième "aventure" de Maggy. Même si pour l'instant Stéphane Oiry travaille sur un ambitieux projet, avec Arnaud Le Gouefflec : une bio romancée de Lino Ventura. Mais ça, c'est une autre histoire. En attendant, filez donc à Londres avec Maggy !


Maggy Garrisson 3 - Je ne voulais pas que ça finisse comme ça ****
Scénario Lewis Trondheim et dessin Stéphane Oiry
46 pages couleurs - Dupuis, 2016- 14,50 €

jeudi 25 août 2016

[Rencontre exclusive et inopinée] - Maggy Garrisson : "J'en connais qui feraient bien de se méfier..."


Ami-e-s du noir (et rouge), Bédépolar sort de sa torpeur estivale et revient avec scoop : une conversation avec Maggy Garrisson, la vraie, la seule, l'unique ! J'étais en effet en vadrouille à la capitale, lorsque, Canal Saint-Martin, j'aperçois une silhouette qui m'est familière. Damned ! Mais c'est Maggy ! N'écoutant que mon amour de l'information, je m'approche de celle que je tiens pour ma détective préférée et l'aborde sans plus de chichi. Je crains un peu le retour de bâton. Mais non... Enfin, pas tout de suite...

- Maggy Garrisson ? Mais que faites-vous ici ? Nous vous croyions à Londres...

- Ah, je vois qu'on ne peut pas faire deux pas incognito, même à Paris... Oui, c'est bien moi, mais ce que je fais ici, je ne suis pas sûr que cela vous regarde...

- Hum, je me disais tout de même, vos fans seraient ravis d'en savoir un peu plus sur vous, car à part ces aventures Londoniennes, on ne sait pas grand-chose de vous.

- Et alors ? Je ne vois pas trop en quoi ma vie peut intéresser mes fans. Et puis mes aventures Londoniennes ?  Mais de quoi parlez-vous ? Tout de même pas de ces odieux illustrés qui sont parus chez vous sans mon autorisation ? Deux livres totalement scandaleux ! Dire que j'ai été obligée d'acheter ces deux choses pour me rendre compte de l'étendue des dégâts. Je ne voulais positivement pas y croire !

- Ah bon, vous n'étiez pas au courant ? Mais, pourtant, ce sont deux albums absolument délicieux. Une autre manière de raconter le polar. Avec un peu d'humour, noir, je vous l'accorde...

- Ah, parce qu'un titre comme "Fais un sourire Maggy !", vous trouvez ça drôle vous ? Franchement, est-ce que j'ai une tête à faire peur ? Qui vous dit que je ne suis pas la première des drôlesses ? 

- Euh...

- Et quant au deuxième tome, alors là, c'est le ponpon ! "L'Homme qui est entré dans mon lit", mais je rêve !!! De quoi je me mêle ? On frôle le harcèlement, là ! Et puis, je mets qui je veux sous ma couette. Le type qui est soit-disant rentré dans mon lit, en plus, c'est pas tout à fait mon genre... Je suis plutôt beau gosse barbu à lunettes. 

- Hmm. Vous êtes au courant, qu'un troisième tome vient de sortir ? 
 
- Quoi ??? Mais c'est pas vrai ?

- Euh, si. D'ailleurs tenez, regardez, il a même été pré-publié dans le magazine Spirou (coup de bol, j'avais le numéro 4079 dans mon sac. Je ne me déplace jamais sans un Spirou). 
 
- Mais ... N'importe quoi !!! Moi, menacée par un flingue ??? Mais c'est le monde à l'envers ! J'en connais qui  feraient bien de se méfier, à force de me tourner en ridicule. (elle marque un temps d'arrêt et feuillette vite fait le numéro). Et puis c'est quoi cette histoire ? On se croirait dans Storage Wars... moi qui ne mets jamais les pieds dans la moindre brocante. Mais dites-moi : venez-donc jusqu'à chez moi, je vais vous montrer quelque chose...


 J'hésite un peu, mais finalement, je suis Maggy, qui, m'apprend-elle en chemin, a un petit pied-à-terre dans le coin, pas loin du canal. On y arrive vite et me voici assis dans son canapé, face à ses bouquins, une bière à la main. Maggy s'est absentée dans une pièce voisine et quand elle revient, elle a un flingue à la main... Elle sort le tome 1 de "ses" aventures et se laisse tomber dans son fauteuil.

- Bon. J'ai beau faire des efforts, c'est vraiment n'importe quoi ce truc. Et puis, franchement, elle me ressemble pas vraiment cette Maggy ! C'est pas à mon avantage, en plus... Je vais devoir sévir.

Elle pose l'album sur la table basse, me regarde fixement et, calmement, elle me demande :

- Dites-moi, jeune homme, vous m'avez l'air bien informé sur moi. Je suis sûr que vous connaissez les auteurs de ces histoires. Je vais aller leur rendre une petite visite.

- Ah, euh, c'est à dire, que, non, je ne les connais pas vraiment, enfin, je ne sais...

Elle me colle le canon dans la narine gauche.

- C'est à dire que je crois bien que le dessinateur, Stéphane Oiry, est en dédicace, ce samedi, au Mans. Je crois que je dois avoir une pub dans mon sac. Vous permettez ? Ah oui, c'est ça, la couv' de l'édition spéciale pour la librairie Bulle... Voyons, j'ai écrit au dos... 15h - 18h...

Maggy a un petit sourire en coin. 
 
- Merci. Je crois que je vais partir en week-end à la campagne. La porte, c'est par là...

Je suis parti sans demander mon reste, la honte au front, la moitié de ma Guinness bue, et le moral dans les chaussettes. 
 
Alors, cher-e-s ami-e-s de Maggy, si vous la voyez débouler, ce samedi 27 à la librairie Bulle, au Mans, essayer de la calmer un peu. Je l'ais sentie un peu énervée. Et si vous voyez Stéphane Oiry, et que les choses tournent mal, dites-lui bien de ma part : Je ne voulais pas que les choses finissent comme ça. 
 
Mais non. Cela ne peut pas se passer comme ça. 
Allez, demi-tour, je retourne voir Maggy. J'ai une bière à finir, non ? 
 


jeudi 22 octobre 2015

Trophées 813 : Le Trophée BD 2015 remis au Mans à Stéphane Oiry pour Maggy Garrisson

C'est chez Bulle, LA librairie BD du Mans, que j'ai eu l'honneur, la joie, l'avantage, et toutes ces sortes de choses, de remettre à Stéphane Oiry son Trophée 813 de la meilleure bande dessinée 2015, obtenu pour "Fais un sourire, Maggy", premier tome de la série MaggyGarrisson, scénarisée par Lewis Trondheim et publiée chez Dupuis.

Samuel Chauveau, maître des lieux, en partance pour Quai des Bulles, a pris le temps de nous recevoir, et même, de faire fabriquer, en deux coups de cuillère à tea-pot, un décor à la mesure de la série : merci Sam, c'est trop ! Si avec ça, Maggy ne dépasse pas le livreur de menhir et son pote dans les best-sellers de l'année c'est à n'y rien comprendre.
En tous cas, bravo encore au duo Trondheim-Oiry, pour cette excellente série, justement récompensée par les adhérents de l'association813. Le troisième tome est sur les rails : qu'ils portent Maggy Garrisson le plus loin possible !

Et merci à Acclo, photographe de choc !

mardi 21 avril 2015

[Détective privée newschool] - Maggy Garrisson, de Trondheim et Oiry (Dupuis)

    Alors, voici : Maggy Garrisson vit à Londres et vient tout juste de décrocher un poste de secrétaire auprès de Stephen Wright, Private investigator. 
 Détective privé, quoi. Elle se rend à ce nouveau job, moyennement convaincue d'être la bonne personne à la bonne place. Mais les temps sont durs et quand on a pas bossé depuis près de deux ans, on fait quelques efforts pour ne pas passer dans la catégorie des oubliés définitifs, et on met de côté ses rancoeurs contre la société. On essaye. Et on fait un sourire.
Mais voilà : le sourire se fige quand l'employeur est découvert par la nouvelle secrétaire, affalé sur son bureau, la tête sur le clavier de son ordi. Mort ? Non... Juste un lendemain de cuite difficile. Et au réveil, le patron est clair : "Y'a rien à faire pour l'instant et j'ai pas les moyens de vous payer à glandouiller sur internet avec mon ordinateur". Fais un sourire, Maggy...
Rien à faire, mais en deux temps trois mouvements Maggy résoud une première affaire, celle de la disparition de Rodrigo, le canari de la voisine, bouffé par le chat du troisième. Et le temps de la résoudre, Stephen Wright est tabassé chez lui et emmené à l'hôpital. Et là, une affaire d'un genre plus périlleux attend Maggy Garrisson, qui,  au bout de quelques rencontres plus ou moins louches, plus ou moins réconfortantes, va se retrouver, à la fin du tome 1, avec un semblant de petit ami et 30 000 livres à partager avec lui.

Et dans le tome 2, toutes les questions restées en suspens vont être réglées ou presque. Avec une autre enquête pour Maggy et Stephen Wright, autour d'un frère et d'une soeur s'accusant mutuellement du vol des bijoux de leur défunte mère. La nouvelle vie de Maggy va-t-elle lui permettre de retrouver le sourire, pour de vrai ?
                                               ***
Dans la famille enquêteurs, je voudrais la fille : "Vilaine, fauchée et détective privée". Voilà sur quelles bases Lewis Trondheim et Stéphane Oiry ont lancé leur anti-héroïne, Magy Garrisson, qui se pose ici en digne héritière de A.Y. Jalisco, "Pauvre, laide, et détective privée", dans la série "Chicanos" de Trillo et Risso.

En inventant un personnage de ce calibre, le duo va à contre-courant de tous les archétypes du genre. Voici une enquêtrice qui fume, boit, jure, n'a pas franchement la ligne, et semble faire la gueule en permanence. On est loin des filles canons qui mettent le mystère KO entre deux déshabillages et trois coups de lattes en talons aiguilles. Déjà, rien que ça, cela fait énormément de bien au lecteur, et à la lectrice, qui commençaient à se demander, si cela existait encore, du polar de la vraie vie. Bon, d'accord, vous allez me dire, oui, mais le privé fauché, voilà bien un autre cliché du genre.
Et c'est là que Trondheim et Oiry sont encore plus forts : pour donner de l'épaisseur à ce personnage archétypal, et ne pas en rester à la simple esquisse, ils distillent des scènes du quotidien d'une Maggy sans un rond, tout au long de leur intrigue. Exemple, cette scène dans une supérette où Maggy voit un encore plus pauvre qu'elle voler des biscuits... bas de gamme, ce qui lui inspire la pensée suivante :  "Tant qu'à se faire gauler, autant plus cher et plus qualitatif. Aucune ambition... Même dans la loose"... Une réflexion qui rappelle celle de Michel Blanc dans Marche à l'ombre et son "Piquer des trucs chers, c'est du vol".
Voilà pour l'atmosphère générale de ces deux enquêtes : un quotidien réaliste, crédible, où une jeune femme presque transparente physiquement - au premier abord, du moins - s'échine à résoudre une enquête qui va l'entraîner sur des pentes de plus en plus glissantes. Et tout cela  dans un Londres plus vrai que nature, même si Stéphane Oiry explique  que toute la ville est reconstruite et qu'un promeneur Londonien ne retrouverait pas les lieux tels qu'ils les a dessinés (Cf interview dans Spirou 4009).

"L'homme qui est entré dans mon lit" reprend là où le tome 1 s'était arrêté; et tourne à la fois autour de l'homme en question, Alex Barry ( tiens, serait-ce un hommage à Alan Ford ? Ou plutôt à John Barry ?) et d'une autre enquête où Maggy va retrouver son ex-patron, Stephen Wright. Oui, parce qu'évidemment elle s'est faite virée de son nouveau job avant le mot "fin" du tome 1
Et ce deuxième tome est lui aussi un vrai bonheur. Cela tient à la précision du scénario de Trondheim, à son sens du dialogue et à ses fameuses répliques qui tuent, et bien sûr au travail de Stéphane Oiry. Déjà, ce dernier utilise la technique dite "du gaufrier", pour sa mise en page, et franchement, c'est la meilleure pour éviter de tomber dans le spectaculaire et de faire glisser le récit noir au thriller démonstratif sans y prendre garde. Les auteurs expliquent d'ailleurs très bien ce choix : "... le gaufrier résout résout plein de problème de lisibilité et permet de densifier le récit" (Oiry) et "Une page en gaufrier permet de rester concentré sur ce qui se passe et au dessinateur d'éviter à chercher l'esbrouffe graphique" (Trondheim) (tous les deux dans Spirou n°4009)
Ensuite, son Londres - même réinventé - est réellement formidable : les pubs, on a vraiment envie de s'y arrêter pour aller partager une pinte avec ces clients, qui,  loin de jouer le rôles des figurants habituels,  sont bien des personnes authentiques, même si on ne les croise que quelques cases.
C'est cela en fait, la grande force de Maggy Garrison : on commence à lire, et on est tout de suite fasciné par la personnalité de la jeune femme, et on devient carrément accroc à son petit monde, on s'attache à elle et ses galères, on croise les doigts pour elle, on se dit, "non, elle ne va tout de même pas faire ça"... Et toutes sortes de choses du même acabit.
 Maggy Garrisson, c'est exactement comme ces séries TV polar dont on ne peut décrocher. Et c'est bon.

Maggy Garrisson*****
Scénario Lewis Trondheim et dessin Stéphane Oiry  - 46 pages couleurs
1 - Fais un sourire, Maggy - Dupuis, 2014
2 - L'Homme qui est entré dans mon lit - Dupuis, 2015

samedi 7 décembre 2013

[Conan Doyle revisité] - Scotland Yard 1 et 2, par Dobbs et Perger (Soleil)

Londres, 1890. Au cours d'un transfert de prisonniers, supervisé par le talentueux inspecteur Tobias Gregson, deux détenus particulièrement dangereux, car particulièrement dérangés du cerveau, se font la belle. Coup dur supplémentaire pour Gregson : son fidèle second, Bradstreet, n'a pas survécu au guet-apens qui a permis l'évasion des deux aliénés mentaux. Et pour achever définitivement Gregson, son supérieur, Lestrade, lui conseille de démissionner et de ne plus mettre les pieds au Yard... Mais Gregson ne se laisse pas abattre comme cela et va tout faire pour retrouver les deux évadés. Il est secondé dans cette quête quasi impossible par une étrange équipe composée du docteur Seward, psychiatre, de 
Faustine Clerval, son assistante au charme troublant, et de Wiggins, un gamin des rues, qui eut autrefois un autre patron : Sherlock Holmes. Ils ne seront pas de trop pour une traque qui va les conduire aux confins de la folie humaine... 

Vous l'aurez compris, ce Scotland Yard-là est bourré de références et clins d'oeil aux figures légendaires de l'âge d'or du roman policier anglais. On retrouve ainsi des personnages qui firent la renommée de Conan Doyle, comme Wiggins ou Lestrade, dans une histoire qu'il n'aurait certainement pas reniée. Pour faire bonne mesure, Dobbs convoque même Bram Stoker, en observateur de l'enquête menée par Gregson et son trio de choc : tout cela est jubilatoire, d'autant plus que le scénario, avec ses deux chasses à l'homme successives, une par tome, fonctionne très bien et va crescendo vers une certaine forme de terreur. Car il y a aussi un petit côté fantastique, dans ce diptyque, et c'est en fait toute la collection "1800" qui revisite ainsi sous cet angle les classiques de la littératures du XIXème. Et si Scotland Yard fait certainement partie des meilleurs titres de "1800", c'est sans aucun doute possible aussi grâce aux superbes planches de Stéphane Perger (son blog ici) qui sait faire surgir l'inquiétude à tout moment. Le dessinateur allie à un sens du cadrage faisant réellement écho au scénario, une palette de couleurs idéale pour restituer l'atmosphère poisseuse des bas-fonds londoniens, la moiteur d'une cave abandonnée, ou encore les souvenirs terrifiés d'un jeune garçon persécuté. Perger s'autorise des débordements de cases, des doubles planches, qui font tous sens, et c'est un vrai régal pour l'oeil. On ne sait, à la fin du second tome, si on retrouvera Tobias Gregson et ses acolytes, mais ce qui est certain, c'est qu'ils mériteraient une plus longue carrière que cette première affaire, vraiment intéressante.

Scotland Yard
Scénario Dobbs et dessin Stéphane Perger
1- Au coeur des Ténèbres
Soleil, 2012 - 56 pages couleurs – Collection Quadrants / Boussole
13,95 €
2 - Poupées de sang
Soleil, 2013 - 56 pages couleurs – Collection Quadrants / Boussole
13,95 €

dimanche 17 juin 2012

[Chronique] - 7 détectives : sept enquêteurs défiés par un mystérieux assassin

Ils ne se sont jamais rencontrés, mais ils ont une raison de vivre commune : celle de résoudre les affaires criminelles les plus mystérieuses. Et les voici tous réunis, à Londres, dans le salon de l'un d'entre eux, Ernest Patisson, détective Suisse installé là depuis peu. Autour de lui, Adélaïde Crumble, institutrice retraitée ; Frédérick Abstraight, ex-inspecteur du Yard, qui a traqué en vain « l'égorgeur de Greenhill » ; Martin Bec, de la PJ française ; Richard Monroe, détective privé de Los Angeles ; le docteur Eaton « aide de camp » du plus grand détective du monde, Nathan Else, qui est bien évidemment présent à cette réunion hors du commun. Aucun des ces fins limiers ne se doute de la raison de leur convocation chez Patisson, qui l'ignore lui-même... L'inspecteur MacGill, une fois les présentations faites, les met vite au parfum : un tueur en série a laissé auprès de trois scènes de crimes la liste de leur nom à tous, accompagnée d'un chiffre 7... C'est clairement un défi lancé aux détectives par un assassin pour l'instant insaisissable....

Et bien voilà un volume des plus ludiques et des plus plaisants de la série 7 ! Les auteurs ont visiblement pris un malin plaisir à fabriquer une histoire qui rend hommage aux enquêtes de l'âge d'or du roman policier, à commencer par celles du grand Conan Doyle. Il y a une ambiance follement holmesienne – si je puis me permettre – dans cet album. Déjà, les personnages de Nathan Else et du docteur Eaton sont d'évidentes démarques de Holmes et Watson.  Ensuite, l'intrigue se déroule à Londres, et on y croise le chemin d'un étrangleur. Et surtout, elle est construite avec moult rebondissements spectaculaires, fausses pistes, chausse-trappes et autres pièges à rois et reine de la déduction. Graphiquement, c'est une grande réussite, et les 7 premières planches sont un régal : chacun des 7 se présente lui-même à l'assemblée, et Éric Canete  (ici son blog) dessine les enquêteurs sur une pleine page, en une seule case, où ils sont représentés de plein-pied. Impressionnant et superbe ! Immédiatement, la forte -personnalité de chacun est posée et l'envie prend aussitôt le lecteur de les suivre dans le défi qui leur est très vite proposé. Et le lecteur ne sera pas déçu, car le scénario d'Herik Hanna garde des surprises jusqu'au bout, et réussit à injecter une touche d'humour, assez british, qui cadre bien avec l'ambiance qui règne dans les pages.
Franchement, ce « 7 détectives » est un vrai régal pour l'esprit et pour les yeux.


7 Détectives
Scénario Herik Hanna et dessin Éric Canete
Delcourt, 2012 – 64 pages couleur
 - Collection Conquistador – 14,95 €

samedi 19 mai 2012

[Chronique] - London Running : Plus vite, plus haut, plus fort ! Matt Peterson déboule


Matt Peterson est reporter photographe et couvre pour l'Equipe les Jeux Olympiques de Londres, avec son collègue journaliste Grégoire Blanchard. Ce sont ses premiers JO, et il compte bien en profiter, même s'il constate assez vite que la sécurité du site atteint des niveaux difficilement tolérables pour les médias qui veulent approcher les athlètes. Matt réalise tout de même une première série de clichés, et là : bingo ! Le service iconographique de son journal lui signale une chose étrange sur une des photos envoyées : le marathonien Tchèque Miroslav Palick, qui tourne le dos à Peterson, est en train de regarder une photo sur son propre portable, et c'est celle d'une femme bâillonnée et au visage baigné de larmes... Le reporter essaye aussitôt d'en savoir plus et va mettre à jour un complot qui dépasse largement les enjeux purement sportifs.

Cette nouvelle série – coéditée par L'Equipe et Casterman – s'attaque à un domaine un peu délaissé par les auteurs de bande dessinées polar (et par les autres aussi, d'ailleurs), le sport. Ou plutôt, le côté obscur de la force physique, celui qui s'exprime dans les dérives du sport business. Bonne idée, car il y a vraiment matière, et pour cette première manche Bollée imagine un chantage sur un obscur athlète, pris dans les rouages d'un mécanisme qui le dépasse et sert des intérêts politiques et financiers à un très haut niveau. Le pion sacrifié pour la victoire finale, quoi. L'intrigue est fluide et bien construite, dès les premières pages et cette sorte de séquence « pré-générique », un an avant les Jeux, jusqu'à un final haletant comme une course d'obstacles. La forme rejoint le fond, c'est assez bien vu. 
Côté personnages, le héros n'a pas froid aux yeux – normal, c'est un héros – mais conserve un regard assez frais sur le monde, et ne semble pas encore blasé, ni lassé, par ce qui l'entoure. Il est aussi dragueur (et ça marche très vite, même avec les policières inconnues : c'est là que le lecteur voit qu'il lit une fiction) et a un passé mystérieux, où son père, croisé furtivement dans ce premier tome, joue un rôle important. On le recroisera certainement, ainsi que les méchants qui n'ont pas l'air d'être de la petite bière, dans le prochain tome, mais ce « London Running » peut se lire seul. Graphiquement, le trait est réaliste, évoquant par certains côté Hermann, et Stom utilise, par touches discrètes, des inserts photographiques, qui accentuent le coté immédiat et contemporain de la série. « Matt Peterson » mérite qu'on s'y attarde, et on l'attend maintenant au prochain virage, peut-être celui du Tour de France du centenaire, en 2013, comme cela est évoqué dans une des dernières pages de ce tome ? Ou alors le foot et sa folie permanente des grandeurs ? Les sujets sont légion...

Matt Peterson 1 – London Running
Scénario Laurent-Frédéric Bollée et dessins Stom
Casterman / L'Equipe, 2012 – 56 pages couleur – 10,95 €

dimanche 11 septembre 2011

Sherlock avant Holmes : Les Origines (Soleil)

Des hommes assassinés avec auprès d'eux des lettres sur lesquelles sont griffonnées de mystérieuses formules latines, voilà qui a de quoi dérouter la police londonienne, et mettre en rogne le sanguin inspecteur Bratton. C'est le docteur Watson, qui officie comme légiste auprès des forces de l'ordre, qui suggère à Bratton de faire appel à un consultant un peu spécial, un jeune détective un peu fantasque, un certain Sherlock Holmes. Une fois en piste, celui-ci éclaire très vite la police sur un modèle bien précis selon lequel ont été perpétrés les assassinats...

...et je n'en dirais pas plus sur l'intrigue, assez prenante, au risque de gâcher le plaisir de lecture. Dans cette version comics de Holmes, si Watson reste le narrateur des aventures de son jeune ami, le docteur est surtout le personnage principal de ce premier tome. Les auteurs ont aussi choisi de faire du célèbre Lestrade un inspecteur plutôt discret, sous les ordres du tonitruant Bratton. . Lestrade est en retrait, tellement en retrait d'ailleurs qu'il est se fond même presque dans l'anonymat des policemen qu'il encadre, partageant leur uniforme, au point qu'on peine à l'identifier à sa première apparition. De Holmes, Betty et Indro ont fait un détective encore inconnu du public, qui tient ses connaissances de cours qu'il suit à peine, et qui apprend à se battre avec une fougue insoupçonnée. Un apprentissage qui fait de lui un personnage autant bagarreur que réfléchi, ce qui donne de belles planches d'action, aux côtés des celles mettant en scène les attendues méthodes de déduction et de réflexion menant à la résolution de l'affaire...Une réplique résume d'ailleurs assez bien l'esprit de cet Holmes des origines :
« Vous supposez que le Docteur Watson et moi-même n'allons pas nous engager dans une forme de violence pour contrecarrer vos plans. Malgré les apparences, j'en suis un adepte. Bien que débutant ».
Un Holmes sans humour british n'aurait pas été tout à fait un Holmes, non ? En tous cas, une version très plaisante, dont il faudra attendre la seconde partie pour connaître le dénouement de cette affaire des « Douze Césars »

Sherlock Holmes – Les Origines, tome 1
Scénario Scott Betty et dessin Daniel Indro
Soleil, 20101 - 72 pages couleurs – Collection Soleil US Comics

lundi 28 décembre 2009

Basil et Victoria 5 - Ravenstein (2007)

Branle-bas de combat au château de Balmoral où la reine Victoria apprend une terrible nouvelle : les six corbeaux de la Tour de Londres ont disparu ! Car si l’on prête foi à la prophétie de l’astrologue de Charles II, cette disparition signifie la chute de la Tour et bientôt celle de l’Empire lui-même. La reine, très fâchée, ordonne donc au Ravenmaster, l’homme chargé de leur surveillance, de retrouver les volatiles envolés. Pour mener à bien cette mission délicate, il introduit Basil au sein d’une bande de petits ramoneurs, une bande où Victoria (pas la reine, of course !) a déjà été admise après avoir triomphé de trois épreuves initiatiques. Mais elle, c’est plus pour les beaux yeux de l’intrépide Félix, chef de la petite troupe, que pour pister le mystérieux Ravenstein qu’elle a laissé choir le pauvre Basil, un peu déboussolé. C’est pourtant lui qui réussira à remettre la main sur les corbeaux et à démasquer Ravenstein au terme d’une aventure riche en péripéties.

Edith et Yann ont réactivé cette série originale l’an passé en sortant un quatrième volume («Pearl ») 11 ans après le troisième… et ils ont bien fait ! Créée en 1990, cette série peuplée de gamins frondeurs et attachants luttant pour leur survie dans les bas-fonds londoniens, mérite de sortir du relatif oubli dans lequel elle semblait s’être enfoncée (malgré un Alph-Art du meilleur album en 1993 pour « Jack » et une adaptation en dessin animée sous le nom d’Orson et Olivia). Ce cinquième tome est rondement mené, avec cette fois-ci une Victoria un peu plus en avant qu’à l’accoutumée. Pour le reste, on retrouve ce qui fait le charme de la série : un humour omniprésent dans les dialogues de Yann et la « patte » d’Edith, dont l’usage de différentes techniques pour les couleurs fait toujours merveille. Les scènes sous la neige sont particulièrement réussies, tout comme celles où domine la brume, et le passage à un plus grand format depuis la reprise de la série rend justice à cet univers propre à la dessinatrice. Tiens, on se croirait parfois dans des paysages de Turner ! Si ! Bref, en attendant le sixième tome qui promet « encore plus de pathos tragique, davantage de drame social et de misère humaine », dixit les auteurs, lisez ce « Ravenstein », que vous ayez 9, 19 ou 99 ans !

Basil et Victoria, tome 5 - Ravenstein
Scénario Yann et dessin Edith
Les Humanoïdes Associés, 2007. – 48 p. coul. – 12,90 €

[Chronique parue dans l'Ours Polar n°41, mars 2007]