Tony Chu, ex-agent vedette de la Répression des Aliments et Stupéfiants, est mal en point : le voici sur son lit de douleur à l'hôpital Notre-Dame du Fémur Cassé. Un hôpital rassurant, au personnel prévenant, à l'image des affichettes qui fleurissent sur les murs chambres, du genre "Vous n'avez pas envie de savoir ce qu'est cette odeur" ou encore "ça empire seulement avant la fin". Bref, Tony est entre de bonnes mains. Bon, sa fille a été enlevée, mais ça, il verra plus tard. Ou plutôt ses collègues et sa soeur, Antonelle, alias Toni, agent de la Nasa (quelle famille !) verront plus tard. Pour l'instant, il leur faut faire face à toute une série d'actes de délinquance, de l'enlèvement de grenoulets psychédéliques (le grenoulet est un croisement de grenouille et de poulet) à l'explosion de mannequin en plein défilé de présentation de la collection "Mets et mode". Sans compter sur les affaires encore plus bizarres, comme, en Angleterre, ces orages mortels de moutons (oui, les moutons tombent du ciel et s'écrasent sur les habitants : deux morts à chaque fois). Heureusement, Poyo, le coq de combat cybernétique de l'USDA - une autre Agence américaine - est là pour remettre les choses dans l'ordre. Mais pendant ce temps-là, le Vampire rôde, et absorbe les pouvoirs spéciaux de ses victimes....
Welcome ! Si vous n'avez pas encore lu Tony Chu, cette tentative de résumé de ce superbe tome 6 doit vous sembler un brin ésotérique. C'est que la série, partie sur des bases délirantes assez élevées, poursuit son chemin dans le farfelu le plus débridé, et emportant tout sur son passage : le lecteur, son fauteuil, son verre de bière (attention citoyen : êtes-vous sûr que cette besoin soit autorisée ?) et tout ce qui traîne autour... Pour mémoire, Tony Chu, "le détective canibale" ne mange pas vraiment les gens : il les goûte seulement, une fois morts, et grâce à son pouvoir, la cybopathie, il peut revivre leurs derniers instants. Pratique pour les morts inexpliquées... ou les meurtres. Tony est donc devenu Agent de la Répression des Aliments et Stupéfiants, dans des Etats-Unis où la consommation de poulet est strictement interdite, suite à une épidémie de grippe aviaire. Le retour de la Prohibition, quoi... Sur ce point de départ, John Layman a développé un univers en y injectant des personnages dotés de pouvoirs spéciaux le plus souvent liés à la nourriture, et chaque épisode, ou presque, est l'occasion de découvrir une nouvelle profession issue de son cerveau en ébullition constante. Ainsi, dans "Space Cakes", croise-t-on le chemin d'une "victuspéciosienne", une femme qui prépare des masques de beauté à partir d'aliments, "aux résultats transformationnels stupéfiants voire impossibles". Par exemple. Chaque tome de Tony Chu est ainsi l'occasion de découvrir de nouveaux personnages, ou d'en savoir plus sur la petite dizaine de "seconds couteaux" qui accompagnent le héros au fil des pages. Et dans "Space Cakes", les véritables vedettes sont Toni Chu, la soeur de Tony, qui elle, peut voir une partie du futur des gens qu'elle mord, et Poyo, le coq remodelé façon Steve Austin (sauf que là c'est 6,2 trillions de dollars, le coût de la bestiole). Et cela donne au final un des comics les plus originaux du moment, qui continue de tenir la route, sans s'essouffler. Grâce à son scénario hors norme, bien sûr, mais aussi au dessin époustouflant de Rob Guillory, qui possède un art du cadrage proche de la perfection, et dont les planches fourmillent d'idées et de détails qui rendent Tony Chu absolument unique. Grâce à Layman et Guillory, plus jamais vous ne verrez votre poulet-frites de la même façon. Ni les oeuvres d'art. Ni la météo. Ni les grenouilles. Oubliez-tout. Vous allez entrer dans la chew-dimension, là où l'imaginaire s'étire à l'infini. Welcome !
Ah oui : en plus, vous avez même droit à deux superbes sous-bock, avec la première édition de ce tome. A la vôtre !
Et puis : ma chronique du tome 3, "Croque mort" si vous voulez en savoir encore plus, ici, sur k-libre.fr.
Tony Chu 6 - Space cakes
Scénario John Layman et dessin Rob Guillory
Delcourt, 2012 – 160 p coul. - Collection Contrebande – 15,50 €
Ce blog est entièrement consacré au polar en cases. Essentiellement constitué de chroniques d'albums, vous y trouverez, de temps à autre, des brèves sur les festivals et des événements liés au genre ou des interviews d'auteurs.
Trois index sont là pour vous aider à retrouver les BD chroniquées dans ce blog : par genres, thèmes et éditeurs.
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Bonne balade dans le noir !
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