Ce blog est entièrement consacré au polar en cases. Essentiellement constitué de chroniques d'albums, vous y trouverez, de temps à autre, des brèves sur les festivals et des événements liés au genre ou des interviews d'auteurs.
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Bonne balade dans le noir !

mardi 31 décembre 2013

[Top 12] - La sélection 2013 de Bédépolar

Très attendue par mes nombreux-ses fans (levez la main que je puisse vous compter... Ah, 2 684 784, mais j'en ai vu qui ont levé les deux mains, l'habitude des braquages,peut-être ?), voici enfin la liste de mes albums préférés de l'année, versant polar, évidemment. Pour celles et ceux qui passent ici par hasard, sachez que ce classement est par ordre alphabétique éditorial inversé, (je sais, ça fait mal à la tête) et que je me suis arrêté aux 12 BD qui m'ont le plus plu, qui m'ont procuré le plus de plaisir, quoi. Si vous cliquez sur "la suite sur...", vous tombez soit sur une de mes chroniques, soit sur celle d''ami(e)s du noir en case. Bon, assez causé. Place au palmarès.


Revanche 2 - Société anonyme
Texte Nicolas Pothier et dessin Jean-Christophe Chauzy
Treize Etrange, 2013 – 48 pages couleur - 13,90 €

Alors voyons, commençons par ce qui se passe au dos de cet album. Le texte d'accroche est un peu mystérieux : "Je m'appelle Revanche, Thomas Revanche. Et j'ai deux boulots. Dans la journée je suis l'assistant de la présidente de la plus grosse organisation patronale du pays. Le reste du temps, je restaure la justice sociale. Avec ou sans arme".... (la suite sur Bédépolar)


Chapeau Melon et Bottes de cuir
Scénario Grant Morrison et Anne Caulfield, dessins Ian Gibson.
Soleil, 2013 - 143 pages noir et blanc -20 €
Bon, alors celui-là, c'est vraiment pour les fans - comme moi - des Avengers périodes Emma Peel / Tara King. En deux histoires ("Le jeu d'or", par Morrison et "Arc-en-ciel mortel" par Caulfeld), nous voici replongés en plein dans l'univers de la série, et les auteurs ont vraiment respecté l'esprit de celle-ci. C'est pas difficile, on croirait "voir" deux épisodes inédits... Le dessin de Gibson en déroutera plus d'un(e) mais les  fans de Juge Dredd, (oui c'est lui aussi... parmi d'autres) apprécieront certainement sa version du trio de choc Steed / Peel / King. Sans oublier Mère-Grand... Pour les fans, je vous dis !


Lartigues et Prévert 
Textes et dessins de Benjamin Adam
La Pastèque, 2013 - 130 pages couleur - 23 €
Lartigues, c'est celui qui est barbu, enfin, plus pour très longtemps. Prévert, c'est celui qui est propriétaire de l'épicerie du bourg. Enfin, plus pour très longtemps non plus. Tous les deux ont l'air d'avoir comme des ennuis, et voilà pourquoi ils lâchent leur magasin, et essayent de se faire oublier, juste quelques jours, le temps que l'affaire se tasse. L'affaire ? Une histoire de cadavre ensanglanté, retrouvé dans le coffre d'une R12.... (la suite sur Bédépolar)
A noter : album en course pour le prix  SNCF du polar BD 2014


Crève saucisse
Scénario Pascal Rabaté et dessins Simon Hureau
Futuropolis, 2013 - 80 pages couleur - 17 €
Didier, artisan-boucher indépendant, est toujours aimable et avenant envers sa clientèle. Cependant, quand il n’y a personne dans la boutique et que sa femme Sandrine est allée faire des courses, il se déchaine dans le frigo de l’arrière-boutique, à coups de hachoirs, sur une carcasse de veau. « Crève, salaud ! ». Son fils Arthur le surprend dans cet état de rage. Didier se rattrape avec un « Crève saucisse » peu convaincant… (la suite sur Planète BD)


Silas Corey 1 et 2 - Le Réseau Aquila
Scénario Fabien Nury et dessin Pierre Alary
Glénat, 2013 - 64 pages couleurs - 14,95 €
Silas Corey est un brin détective, un poil espion, plutôt patriote mais attiré par l’argent, il oscille entre le statut de héros ou la casquette de l’escroc. Bref, c’est l’homme de toutes les situations ! À Paris, en pleine Première Guerre mondiale, le voilà qui enquête sur la disparition d’un reporter louche et d’un timbre recelant des secrets, à la fois pour le compte de l’opposant Georges Clemenceau et pour celui du 2e Bureau (les services secrets français). Et peut-être aussi pour une riche marchande d’armes, aux motivations obscures… (la suite sur Bodoï)


J'aurai ta peau Dominique A
Scénario Arnaud Le Gouefflec et dessin Olivier Balez
Glénat, 2013 - 54 pages couleur - 16 €
Ca ne va pas fort pour Dominique A. Le chanteur reçoit d’inquiétantes lettres anonymes et craint pour sa vie. Il tente d’aller trouver refuge et compassion auprès l’un de ses meilleurs amis, son collègue Philippe Katerine. L’idée d’utiliser un artiste réel et vivant, encore en activité — dont le dernier album, Vers les lueurs, est magnifique —, pouvait laisser dubitatif. J’aurai ta peau Dominique A enchante pourtant, grâce à une finesse, un réel sens du suspense et un humour contagieux... (la suite sur Bodoï)
A noter : album en course pour le prix  SNCF du polar BD 2014


Millenium 1 et 2 - Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes
Scénario Runberg et dessins Homs, d'après la trilogie de Stieg Larsson
Dupuis, 2013 - 64 pages couleur chaque - 14,50 €
On a lu — et apprécié — la trilogie de Stieg Larsson, parue en Suède entre 2005 et 2007. Puis on a vu débarquer le film (suédois, puis américain), la série télé, et même le feuilleton radiophonique. De quoi se demander s’il y avait vraiment besoin de tirer de Millénium une bande dessinée… On a donc ouvert l’adaptation de Sylvain Runberg (au scénario) et José Homs (au dessin) avec méfiance, cherchant les signes attestant que le livre n’était qu’un produit dérivé sans âme, destiné à faire sonner le tiroir-caisse de l’éditeur. Aucun ne nous a sauté au visage. En quelques pages, on était replongé dans une histoire complexe, brutale, mystérieuse... (la suite sur Bodoï)

On dirait le Sud 2 - La fin des coccinelles
Scénario Cédric Rassat et dessinRaphaël Gauthey
Delcourt, 2013 - 64 pages couleur - 14,95 €
La PME locale qui s’apprête à licencier, le représentant syndical en pleine corruption, un demi-frère qui perturbe un enterrement, et un tueur en série qui rôde... L’atmosphère de cet été s’en trouve d’autant plus alourdie. Et pendant ce temps-là, les gendarmes tournoient au-dessus de la ville dans leurs hélicoptères, guettant les abus de consommation d’eau... (la suite sur Actua BD)


Tyler Cross
Scénario Fabien Nury et dessins Brüno
Dargaud, 2013 - 104 pages couleur - 16,95 €
A celui qui pourrait le prendre pour un autre, Tyler Cross rappelle volontiers son pedigree : "Je suis braqueur, pas trafiquant". Et peu importe qu'en face de lui se tienne le vieux Di Pietro, vieux parrain local de la mafia texane : Tyler Cross est du genre à ne pas se laisser emmener là où il n'a pas décider d'aller. Il accepte pourtant l'étrange contrat que lui propose le mafieux sur le déclin : s'emparer de 20 kilos d'héroïne en possession de Tony Scarfo, fils d'"un ami de Chicago - c'est même le filleul de Di Pietro - en échange de 150 000 dollars ....(la suite sur Bédépolar)

La colère de Fantômas 1 : Les Bois de justice
Scénario Olivier Bocquet ; dessin et couleur Julie Rocheleau
Dargaud, 2013 - 60 pages couleur – 13,99 €
21 août 1911. L'homme le plus célèbre et le plus redouté du moment est sur le banc des accusés : l'insaisissable Fantômas fait face à ses juges pour répondre du meurtre de Lord Bentham. Tout repose sur le témoignage de madame Flanquet, la respectable cuisinière des Bentham, et en particulier sur le fait que l'honnête femme ait immédiatement reconnu l'arme du crime, la broche à rôtir de l'office... Fantômas n'est bien entendu pas criminel à s'en laisser compter par le petit personnel, et, comme il est son propre avocat dans ce procès, il demande à avoir en main la fameuse broche... (la suite sur Bédépolar)

Canicule
Scénario et dessin Baru d'après le roman de Jean Vautrin
Casterman, 2013 - 104 pages couleur - 18 €
Aniello observe planqué dans un champ de blé Bogart enterrer une pleine valise de billets avant de croiser la route d'Al Capone filochant Bogart à bord d'une décapotable blanche. Nous sommes en pleine Beauce sous une chaleur caniculaire et tous ces personnages ne sont pas des mirages mais des surnoms distribués allègrement par Chim, jeune adolescent battu par son beau-père dans une ferme où tous sont d'étranges personnes... (La suite sur k-libre.fr)


Mon ami Dahmer
Scénario et dessins Derf Backderf
ça et là, 2013 - 222 pages noir et blanc - 20 €
Derf Backderf : derrière ce nom étrange se cache un journaliste et cartooniste qui délivre une bande dessinée autobiographique un brin particulière. L'auteur relate sa dernière année d'études dans une petite ville de province américaine avant de partir pour l'université, et s'attache à dépeindre l'un de ses camarades de classe, Jeffrey Dahmer, qui deviendra l'un des pires serial killers des États-Unis. Le "Cannibale de Milwaukee" tel qu'on le surnommera a en effet vécu une enfance, et il est intéressant d'essayer de déterminer à quel moment l'enfant devenu adulte se transforme en bête immonde et meurtrière... (la suite sur k-libre.fr)
A noter : album en course pour le prix  SNCF du polar BD 2014

dimanche 15 décembre 2013

[ça va cogner] - Revanche, prénom : Thomas. L'ange purificateur (économique) de Pothier et Chauzy...

Alors voyons, commençons par ce qui se passe au dos de ces deux albums. Le texte d'accroche est un peu mystérieux :
"Je m'appelle Revanche, Thomas Revanche. Et j'ai deux boulots. Dans la journée je suis l'assistant de la présidente de la plus grosse organisation patronale du pays. Le reste du temps, je restaure la justice sociale. Avec ou sans arme".
Quant au dessin qui accompagne cette entrée en matière, que raconte-t-il ?
On y découvre le dénommé Revanche, bien droit sur le trottoir, une clope à la main, dans un costume bleu impeccable, et une coupe de cheveux qui ne l'est pas moins. Une tête, à lunettes, de premier de la classe : ça, c'est pour le premier boulot. Mais il y a forcément autre chose, et elle se trouve de l'autre côté de la rue, là où le regard de Revanche se pose, : la vitrine du bouquiniste "Les Raisins de la colère".
En fait, c'est la porte de cet endroit chargé de livres, et de sens, que viennent franchir les outragés de la société, celles et ceux qui sont broyés par un patron, un chef de service, un collègue harceleur... et qu'ils viennent prononcer la phrase magique : "Bonjour, je viens prendre ma revanche". Et là, Thomas entre en scène pour son deuxième boulot, celui qui lui permet de se faire un pourfendeur, à coups de poing, d'un monde du travail vraiment trop pourri. Et franchement, on peut se dire que ça fait du bien de voir enfin quelqu'un défendre la cause du peuple d'une manière aussi radicale...
En douze histoires courtes (chaque album en contient six) de huit pages chacune, Nicolas Pothier et Jean-Christophe Chauzy font intervenir son "héros" contre, entre autres, un fabricant de silicone douteux, des exploiteurs de travailleurs sans papiers, un flic harceleur conduisant une collègue au suicide, un patron qui vide son usine le week-end pour la reconstruire en Chine, un marchand de sommeil abusant de la faiblesse d'une vieille dame... N'en jetez plus, on se croirait au 20 heures (enfin, je sais pas, le 20 h, ça fait longtemps que je regarde plus, vu la manière dont sont traités les sujets, mais je m'égare...), en tous cas dans les pages "société" de la presse nationale... ou locale.
Le tour de force du duo est de rendre ces histoires tout à fait crédibles... car tout droit sorties de notre quotidien. L'idée de génie est d'appliquer les codes du récit de super-héros (double identité, volonté de lutter contre le mal, tiraillements psychologiques...) au monde impitoyable du travail, mondialisé, inégalitaire et anxyogène... Et tous ça sans que la lecture de ces scènes de la vie ordinaire, ne poussent le lecteur au suicide. Au contraire ! Les baffes bien senties de Thomas Revanche à ses "victimes", les humiliations qu'il fait sentir aux exploiteurs à la petite semaine, aux chefaillons de tous poils, ont un effet revigorant. Cela fonctionne car c'est intelligent dans la dénonciation du monde de l'entreprise tel qu'il est - et non tel qu'il voudrait nous faire croire qu'il est - et qu'il y a une part d'humour distancié dans les réflexions pour lui-même de Thomas Revanche. Une ironie constante, dont on sent bien que c'est un rempart pour ne pas craquer, lui aussi. Quant au dessin de Chauzy, il est parfait, en particulier quand il s'agit de faire exprimer tous les sentiments par lesquelles passent bourreaux et victimes lorsqu'ils croisent la route de Thomas Revanche... ou avant.
Voilà. C'est bientôt Noël : vous savez ce qu'il vous reste à faire. Appeler Thomas Revanche pour lui dire de faire un tour du côté de ce super marché, pas loin de chez vous, ouvert jusqu'à 22 heures mardi 24 décembre, et de demander au patron comment il paye son Père Noël. Ou lui offrir ces deux tomes de Revanche. Il comprendra peut-être. Ou pas. Mais il ferait bien de se méfier.

Revanche
Texte Nicolas Pothier et dessin Jean-Christophe Chauzy
1 - Raison sociale
2 - Société anonyme
Treize Etrange, 2012 et 2013 – 48 pages couleur chaque - 13,90 €



samedi 7 décembre 2013

[Conan Doyle revisité] - Scotland Yard 1 et 2, par Dobbs et Perger (Soleil)

Londres, 1890. Au cours d'un transfert de prisonniers, supervisé par le talentueux inspecteur Tobias Gregson, deux détenus particulièrement dangereux, car particulièrement dérangés du cerveau, se font la belle. Coup dur supplémentaire pour Gregson : son fidèle second, Bradstreet, n'a pas survécu au guet-apens qui a permis l'évasion des deux aliénés mentaux. Et pour achever définitivement Gregson, son supérieur, Lestrade, lui conseille de démissionner et de ne plus mettre les pieds au Yard... Mais Gregson ne se laisse pas abattre comme cela et va tout faire pour retrouver les deux évadés. Il est secondé dans cette quête quasi impossible par une étrange équipe composée du docteur Seward, psychiatre, de 
Faustine Clerval, son assistante au charme troublant, et de Wiggins, un gamin des rues, qui eut autrefois un autre patron : Sherlock Holmes. Ils ne seront pas de trop pour une traque qui va les conduire aux confins de la folie humaine... 

Vous l'aurez compris, ce Scotland Yard-là est bourré de références et clins d'oeil aux figures légendaires de l'âge d'or du roman policier anglais. On retrouve ainsi des personnages qui firent la renommée de Conan Doyle, comme Wiggins ou Lestrade, dans une histoire qu'il n'aurait certainement pas reniée. Pour faire bonne mesure, Dobbs convoque même Bram Stoker, en observateur de l'enquête menée par Gregson et son trio de choc : tout cela est jubilatoire, d'autant plus que le scénario, avec ses deux chasses à l'homme successives, une par tome, fonctionne très bien et va crescendo vers une certaine forme de terreur. Car il y a aussi un petit côté fantastique, dans ce diptyque, et c'est en fait toute la collection "1800" qui revisite ainsi sous cet angle les classiques de la littératures du XIXème. Et si Scotland Yard fait certainement partie des meilleurs titres de "1800", c'est sans aucun doute possible aussi grâce aux superbes planches de Stéphane Perger (son blog ici) qui sait faire surgir l'inquiétude à tout moment. Le dessinateur allie à un sens du cadrage faisant réellement écho au scénario, une palette de couleurs idéale pour restituer l'atmosphère poisseuse des bas-fonds londoniens, la moiteur d'une cave abandonnée, ou encore les souvenirs terrifiés d'un jeune garçon persécuté. Perger s'autorise des débordements de cases, des doubles planches, qui font tous sens, et c'est un vrai régal pour l'oeil. On ne sait, à la fin du second tome, si on retrouvera Tobias Gregson et ses acolytes, mais ce qui est certain, c'est qu'ils mériteraient une plus longue carrière que cette première affaire, vraiment intéressante.

Scotland Yard
Scénario Dobbs et dessin Stéphane Perger
1- Au coeur des Ténèbres
Soleil, 2012 - 56 pages couleurs – Collection Quadrants / Boussole
13,95 €
2 - Poupées de sang
Soleil, 2013 - 56 pages couleurs – Collection Quadrants / Boussole
13,95 €