Ami-e-s
du noir (et rouge), Bédépolar sort de sa torpeur estivale et
revient avec scoop : une conversation avec Maggy Garrisson, la vraie,
la seule, l'unique ! J'étais en effet en vadrouille à la capitale,
lorsque, Canal Saint-Martin, j'aperçois une silhouette qui m'est
familière. Damned ! Mais c'est Maggy !
N'écoutant que mon amour de l'information, je m'approche de celle
que je tiens pour ma détective préférée et l'aborde sans plus de
chichi. Je crains un peu le retour de bâton. Mais non... Enfin, pas tout de suite...
- Maggy Garrisson ? Mais que
faites-vous ici ? Nous vous croyions à Londres...
- Ah, je vois qu'on ne peut pas faire
deux pas incognito, même à Paris... Oui, c'est bien moi, mais ce
que je fais ici, je ne suis pas sûr que cela vous regarde...
- Hum, je me disais tout de même,
vos fans seraient ravis d'en savoir un peu plus sur vous, car à part
ces aventures Londoniennes, on ne sait pas grand-chose de vous.
- Et alors ? Je ne vois pas trop en
quoi ma vie peut intéresser mes fans. Et puis mes aventures
Londoniennes ? Mais de quoi parlez-vous ? Tout de même pas de ces
odieux illustrés qui sont parus chez vous sans mon autorisation ? Deux
livres totalement scandaleux ! Dire que j'ai été obligée d'acheter
ces deux choses pour me rendre compte de l'étendue des dégâts. Je
ne voulais positivement pas y croire !
- Ah bon, vous n'étiez pas au
courant ? Mais, pourtant, ce sont deux albums absolument délicieux.
Une autre manière de raconter le polar. Avec un peu d'humour, noir,
je vous l'accorde...
- Ah, parce qu'un titre comme "Fais un sourire Maggy !", vous trouvez ça drôle vous ? Franchement,
est-ce que j'ai une tête à faire peur ? Qui vous dit que je ne suis
pas la première des drôlesses ?
- Euh...
- Et quant au deuxième tome, alors là,
c'est le ponpon ! "L'Homme qui est entré dans mon lit",
mais je rêve !!! De quoi je me mêle ? On frôle le harcèlement, là
! Et puis, je mets qui je veux sous ma couette. Le type qui est
soit-disant rentré dans mon lit, en plus, c'est pas tout à fait mon
genre... Je suis plutôt beau gosse barbu à lunettes.
- Hmm. Vous êtes au courant, qu'un
troisième tome vient de sortir ?
- Quoi ??? Mais c'est pas vrai ?
- Euh, si. D'ailleurs tenez,
regardez, il a même été pré-publié dans le magazine Spirou (coup
de bol, j'avais le numéro 4079 dans mon sac. Je ne me déplace
jamais sans un Spirou).
- Mais ... N'importe quoi !!! Moi,
menacée par un flingue ??? Mais c'est le monde à l'envers ! J'en
connais qui feraient bien de se méfier, à force de me tourner en
ridicule. (elle marque un temps d'arrêt et feuillette vite fait le
numéro). Et puis c'est quoi cette histoire ? On se croirait dans
Storage Wars... moi qui ne mets jamais les pieds dans la moindre
brocante. Mais dites-moi : venez-donc jusqu'à chez moi, je vais vous
montrer quelque chose...
J'hésite un peu, mais finalement,
je suis Maggy, qui, m'apprend-elle en chemin, a un petit pied-à-terre dans le coin, pas loin du canal. On y arrive vite et me voici assis dans son
canapé, face à ses bouquins, une bière à la main. Maggy s'est
absentée dans une pièce voisine et quand elle revient, elle a un
flingue à la main... Elle sort le tome 1 de "ses"
aventures et se laisse tomber dans son fauteuil.
- Bon. J'ai beau faire des efforts,
c'est vraiment n'importe quoi ce truc. Et puis, franchement, elle me ressemble pas vraiment cette Maggy ! C'est pas à mon avantage, en plus... Je vais devoir sévir.
Elle pose l'album sur la table
basse, me regarde fixement et, calmement, elle me demande :
- Dites-moi, jeune homme, vous m'avez
l'air bien informé sur moi. Je suis sûr que vous connaissez les
auteurs de ces histoires. Je vais aller leur rendre une petite
visite.
- Ah, euh, c'est à dire, que, non, je
ne les connais pas vraiment, enfin, je ne sais...
Elle me colle le canon dans la
narine gauche.
- C'est à dire que je crois bien que
le dessinateur, Stéphane Oiry, est en dédicace, ce samedi, au Mans.
Je crois que je dois avoir une pub dans mon sac. Vous permettez ? Ah
oui, c'est ça, la couv' de l'édition spéciale pour la librairie
Bulle... Voyons, j'ai écrit au dos... 15h - 18h...
Maggy a un petit sourire en coin.
- Merci. Je crois que je vais partir en
week-end à la campagne. La porte, c'est par là...
Je suis parti sans demander mon
reste, la honte au front, la moitié de ma Guinness bue, et le moral
dans les chaussettes.
Alors, cher-e-s ami-e-s de Maggy, si
vous la voyez débouler, ce samedi 27 à la librairie Bulle, au Mans,
essayer de la calmer un peu. Je l'ais sentie un peu énervée. Et si
vous voyez Stéphane Oiry, et que les choses tournent mal, dites-lui
bien de ma part : Je ne voulais pas que les choses finissent comme
ça.
Mais non. Cela ne peut pas se passer
comme ça.
Allez, demi-tour, je retourne voir Maggy. J'ai une bière
à finir, non ?