Zack est employé de bureau et mène une vie anonyme, employé transparent aux yeux de ses collègues, y compris de ceux d'Amanda la fille sexy de la comptabilité. Mais Zack vit caché : il doit rencontrer régulièrement son agent de liaison, qui veille à ce qu'il ne replonge pas dans ses errements passés. Car Zack Andersen fut dans une vie antérieure Zack Overkill, responsable avec son frère jumeau Xander de plus de deux cents actes de terrorisme intérieur... Membre d'une organisation criminelle emmenée par un homme quasi-immortel, Black Death, et regroupant des hommes et des femmes aux pouvoirs paranormaux, Zack a jeté l'éponge à la mort de son jumeau... et joué par la même occasion les indicateurs pour l'ennemi principal de Black Death, le Service des Opérations Spéciales. En échange, il a obtenu immunité et service de protection des témoins, mais il se demande combien de temps il tiendra ainsi, dans cette position du minable, lui qui fut un homme redouté et médiatisé. Et voilà qu'un de ses collègues découvre son passé et ne trouve rien de mieux que d'exercer un chantage d'un genre un peu particulier...
Ce n'est pas la première fois que les auteurs de comics tentent une autre approche du genre « super héros », via des histoires d'humains dotés de pouvoirs anormaux et puissants, et qui n'en font pas un étalage outrancier. Ce renouveau a démarré à la fin des années 80 avec des auteurs comme Franck Miller et Alan Moore, ce dernier faisant prendre un tournant décisif au genre avec Dave Gibbons et les « Watchmen ». Brubaker et Philipps, les orfèvres de la série « Criminal», apportent leur pierre à l'édifice, en inscrivant leur histoire dans leur registre de prédilection, celui du « crime comics ». Ou plutôt, en croisant les genres de manière habile... et en commençant en quelque sorte par la fin de ce que pourrait être une de leurs intrigues criminelles habituelles : le personnage principal n'est plus dangereux, puisqu'il vit une vie des plus ordinaires, et donc, l'arrestation du coupable, ou la lutte contre ses méfaits n'est plus ce qui donne la tension à l'histoire. Comment capter l'attention du lecteur en ce cas ? C'est là que Brubaker injecte l'ingrédient « super vilains » à son histoire : Zack peut à tout moment revenir à sa vie de mort et de destruction, que va-t-il choisir ? Là où Brubaker est fort c'est bien dans sa manière de traiter la fascination pour la violence : il entoure son personnage principal, de seconds couteaux qui sont eux-mêmes encore plus drogués par le pouvoir que peut procurer une anomalie génétique. Cette question quasi-existentielle traverse l'album tout entier, qui n'oublie pas d'être une BD où le monde est mis à feu et à sang, et où les coups pleuvent jusque dans les rivières à saumons les plus paisibles. Sean Phillips est égal à lui-même, et si vous l'aviez apprécié dans « Criminal », vous le retrouverez ici au mieux de sa forme, son dessin bénéficiant des couleurs impec de Val Staples, qui officie aussi sur « Criminal ».
« Incognito » sort évidemment de la ligne tracée dans leur série-phare, mais l'esprit du duo est bien là. Et en plus, la couverture est superbe. C'est celle du sixième volume du comics original, Delcourt ayant choisi de reproduire celle de « l'album » US en pages intérieures. Ce qui n'est pas anodin quant à l'annonce du contenu du livre... Voici cette couverture originale :
Mais que vous soyez adepte de la VO ou de la VF , dans les deux cas : lisez !
« Incognito » sort évidemment de la ligne tracée dans leur série-phare, mais l'esprit du duo est bien là. Et en plus, la couverture est superbe. C'est celle du sixième volume du comics original, Delcourt ayant choisi de reproduire celle de « l'album » US en pages intérieures. Ce qui n'est pas anodin quant à l'annonce du contenu du livre... Voici cette couverture originale :
Mais que vous soyez adepte de la VO ou de la VF , dans les deux cas : lisez !
Incognito – Projet Overkill
Texte d'Ed Brubaker et dessins de Sean Phillips
Delcourt, 2010. - 160 pages couleurs – Collection Contrebande – 14,95 €