Voici la traditionnelle (quoi, cinq ans, c'est pas
assez, pour une tradition ?) sélection de Bédépolar, autrement dit
mes albums préférés de l'année écoulée. Donc 2014. Avec une ou
deux phrases définitives, pour vous convaincre, définitivement,
donc, d'aller lire ces biens beaux albums, plus ou moins noirs, plus
ou moins policiers, plus ou moins comics, plus ou moins
franco-belges, plus ou moins spirituels... etc.
Bref. Et toujours par ordre alphabétique, pour par
faire jaser.
Ah oui, au fait : bonne année.
Before Watchmen : 8 tomes (ouais, tous)
par Azzarello, Cooke, Kubert, Lee, Wein, etc... Chez Urban comics. On
pouvait se dire que, bon, bof, à quoi ça sert de savoir ce qui
s'est passé avant les Watchmen, hein ? On avait tort, c'est
passionnant et sacrément bien foutu.
Bonbons atomiques par Anthony Pastor, toujours
chez Actes Sud/L'an 02, comme toute son oeuvre. Ou le retour de
Sally Salinger, détective privée malgré elle, dans une nouvelle
enquête familialo-policière, encore meilleure que "Castilla
drive". C'est dire.
Crime SuspenStories 2 : Collectif des années 50,
réédité par Akileos. Des histoires criminelles comme on n'en fait
plus, dans un noir et blanc ultra-réaliste, clairement estampillés
"thriller", par des maîtres du genre. Indispensable à
tout amateur de frisson.
Fatale, par Max
Cabanes et Doug Headline, d'après Manchette, chez Dupuis. Alors là,
c'est pas compliqué : la meilleure adaptation de l'année, faut pas
chercher plus loin. Pour la littérature noire française, je veux
dire.
Fun island (Parker 4) par
Darwin Cooke d'après Richard Stark, chez Dargaud. Alors là,
c'est pas compliqué : la meilleure adaptation de l'année, faut pas
chercher plus loin. Pour la littérature noire américaine, je veux
dire.
Le linge sale, par Pascal Rabaté (qu'a écrit
les textes) et Sébastien Gnaedig (qui les a mis en cases), chez Vent
d'Ouest. Se venger de sa femme parce qu'elle vous a laissé croupir
en prison 20 ans, quoi de plus naturel ? Liquider aussi toute la
nouvelle famille qu'elle s'est construite pendant tout ce temps ?
Encore mieux ! Une histoire bien méchante, avec des vrais morceaux
de Rabaté dans les dialogues. Epatant.
Love in vain, par Jean-Michel Dupont et Mezzo,
chez Glénat. Alors là, on pourra toujours me chercher des noises en
me disant que cet album, c'est pas du polar. Je dis : une destinée
aussi sombre que celle de Robert Johnson, la figure mythique du
blues, sublimement mise en images par Mezzo, cela doit figurer
dans la sélection de cette année.
Maggy Garrisson 1 - Fais un sourire, Maggy
par Lewis Trondheim (au scénario) et Stéphane Oiry (pas au
scénario), chez Dupuis. Enfin une enquêtrice qui ne subjugue pas
ses lecteurs par ses formes généreuses et son charme pigeonnant,
mais par son caractère de cochon. En plus elle boit comme un trou et
fume comme un pompier. C'est Spirou qui prépublie ses aventures :
bel exemple pour la jeunesse, tiens ! Une nouvelle série qui sort du lot.
Maori 1 et 2 par Caryl Férey et Giuseppe
Camuncoli, chez Ankama. Première incursion de l'auteur de "Zulu"
dans l'univers de ses romans "Haka" et "Utu".
Première réussie.
Moi, assassin par Antonio
Altarriba et Keko, chez Denoël graphics. Alors là, je ne sais pas
pourquoi, mais je sens que cet album-là va collectionner les prix
dans les mois à venir. Il a déjà eu le "Grand Prix de la
Critique ACBD", en décembre. Normal. C'est un chef d'oeuvre.
The Nightly news par Jonathan Hickman chez Urban
Comics. Si vous croyez encore que les comics, c'est rien que des mecs
et des nanas - euh, surtout des mecs, en fait - en collants bariolés,
c'est que vous en êtes restés à Strange. Vous allez tomber de
votre chaise en attaquant cet-album là. Préparez tout de même le
tube d'aspirine, au cas où vous ne soyez pas trop habitué : la
crampe au cerveau peut surgir sans crier gare.
Oceania Boulevard par
Marco Galli, chez Ici Même. Un album bizarre en tout : dessin, mise
en page, histoire, dialogues. Ah ces Italiens, tout de même, ils
sont forts. Une des BD les plus originales de l'année.
Soda 13 - Résurrection par Dan Vernlinden et
Philippe Tome, chez Dupuis. Alleluia ! Mon flic préféré est sorti
des ténèbres où il croupissait depuis presque 10 ans. Retour dans
un New-York et des Etats-Unis encore marqués par le 11 septembre,
et changement - réussi - de dessinateur : une nouvelle direction qui
promet pour le pasteur-flic.
Le Théorème de Karinthy par Jörg
Ulbert et Jörg Mailliet, chez Des Ronds dans l'O. Et un doigt
d'histoire politique pour finir, avec ce voyage au pays des
activistes Allemands des années 80, à Berlin. Instructif, précis,
et passionnant.