1977. Jack Parks est un étudiant transparent, nul en à peu près toutes choses, incapable d'attraper un ballon de basket au vol, ou de séduire une fille. Il faut dire que son visage couvert d'acné ne lui ouvre pas vraiment les portes des chambres des bombes du campus, et il est plutôt, en fait, le souffre-douleur idéal de la gent masculine de la Cleardale Highschool. Son quotidien c'est donc, tabassages et humiliations. Bien des années plus tard, le voici devenu un autre homme, ou plutôt surhomme : il est Dead End, un super-vilain à l'adresse inégalée, capable de transformer une rue tranquille en théâtre des opérations apocalyptique, rien qu'en projetant une pièce de monnaie, au bon endroit, au bon moment. Un monstre, quoi. Comment en est-il arrivé là ? Que veut-il ? Qui sont ses ennemis ? Dead End se fout pas mal de tout ça : à bord de sa Dead Mobile, il trace sa route, en écrasant tout le monde sur son passage...
Amis de la poésie, bonsoir ! Il va falloir faire place à un petit nouveau dans le monde des comics, et Dead End, le « héros » de cette nouvelle série, Bad Ass, n'a rien à envier à ses cousins américains. Car Jack Parks et son avatar son nés de l'imagination d'Herik Hanna (scénariste de l'excellent 7 détectives), qui a eu l'idée de créer, ni plus ni moins, qu'une série à la couleur, au goût et à l'esprit des histoires de super-héros et super-vilains sévissant chez l'Oncle Sam. Ce n'est pas la première fois que des Français s'emparent des comics et de leurs codes, et, dans le monde des super-héros, on se souviendra des Photonik Cosmo et autre Mikros, lancés par Lug, dans Mustang, à l'aube des années 80. Mais ces trois personnages étaient positifs, et se battaient contre d'impitoyables super-méchants. Avec Bad Ass, on change de bord, et Dead End est à ranger définitivement (?) du côté des bad guys... C'est une vraie teigne, et la série est à l'avenant : dialogues percutants, scènes de baston spectaculaires, le tout baignant dans une espèce d'ironie assez bienvenue. Habile mélange des genres, Bad Ass, c'est en fait le polar qui s'invite au bal des héros costumés. Et des mecs et des nanas en costumes, il y en a une belle galerie dans ce premier tome, et visiblement Bruno Bessadi - parfait en passant - s'éclate à les mettre en scène. Ce tome est le premier d'une série de quatre, Hanna ayant déjà écrit toute l'histoire de Dead End... et de The Voice, les deux personnages principaux de son intrigue. C'est justement The Voice qui sera à l'honneur dans le prochain tome. Mais prenez déjà le temps de plonger dans la vie tourmentée de Jack Parks, ça secoue pas mal, et si vous aimez les comics, cette tentative 100 % frenchie est faite pour vous. Il reste maintenant à surveiller de près les deux autres séries annoncées par Delcourt sous ce label « Comics fabric » : « Nightfall » et « Le Cercle » aux aspects fantastiques plus prononcés. Wait and see...
Bad ass, tome 1 : Dead End
Scénario Herik Hanna et dessin Bruno Bessadi
Delcourt, 2013 - 96 pages couleur - (Comics fabric)
14,95 €