Ce blog est entièrement consacré au polar en cases. Essentiellement constitué de chroniques d'albums, vous y trouverez, de temps à autre, des brèves sur les festivals et des événements liés au genre ou des interviews d'auteurs.
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Bonne balade dans le noir !

dimanche 27 janvier 2013

[Nouveauté] - Bad Ass 1 : Dead End


1977. Jack Parks est un étudiant transparent, nul en à peu près toutes choses, incapable d'attraper un ballon de basket au vol, ou de séduire une fille. Il faut dire que son visage couvert d'acné ne lui ouvre pas vraiment les portes des chambres des bombes du campus, et il est plutôt, en fait, le souffre-douleur idéal de la gent masculine de la Cleardale Highschool. Son quotidien c'est donc, tabassages et humiliations. Bien des années plus tard, le voici devenu un autre homme, ou plutôt surhomme : il est Dead End, un super-vilain à l'adresse inégalée, capable de transformer une rue tranquille en théâtre des opérations apocalyptique, rien qu'en projetant une pièce de monnaie, au bon endroit, au bon moment. Un monstre, quoi. Comment en est-il arrivé là ? Que veut-il ? Qui sont ses ennemis ? Dead End se fout pas mal de tout ça : à bord de sa Dead Mobile, il trace sa route, en écrasant tout le monde sur son passage...
Amis de la poésie, bonsoir ! Il va falloir faire place à un petit nouveau dans le monde des comics, et Dead End, le « héros » de cette nouvelle série, Bad Ass, n'a rien à envier à ses cousins américains. Car Jack Parks et son avatar son nés de l'imagination d'Herik Hanna (scénariste de l'excellent 7 détectives), qui a eu l'idée de créer, ni plus ni moins, qu'une série à la couleur, au goût et à  l'esprit des histoires de super-héros et super-vilains sévissant chez l'Oncle Sam. Ce n'est pas la première fois que des Français s'emparent des comics et de leurs codes, et, dans le monde des super-héros, on se souviendra des Photonik Cosmo et autre Mikros, lancés par Lug, dans Mustang,  à l'aube des années 80. Mais ces trois personnages étaient  positifs, et se battaient contre d'impitoyables super-méchants. Avec Bad Ass, on change de bord, et Dead End est à ranger définitivement (?) du côté des bad guys... C'est une vraie teigne, et la série est à l'avenant : dialogues percutants, scènes de baston spectaculaires, le tout baignant dans une espèce d'ironie assez bienvenue. Habile mélange des genres, Bad Ass, c'est en fait le polar qui s'invite au bal des héros costumés. Et des mecs et des nanas en costumes, il y en a une belle galerie dans ce premier tome, et visiblement Bruno Bessadi  - parfait en passant - s'éclate à les mettre en scène. Ce tome est le premier d'une série de quatre, Hanna ayant déjà écrit toute l'histoire de Dead End... et de The Voice, les deux personnages principaux de son intrigue. C'est justement The Voice qui sera à l'honneur dans le prochain tome. Mais prenez déjà  le temps de plonger dans la vie tourmentée de Jack Parks, ça secoue pas mal, et si vous aimez les comics, cette tentative 100 % frenchie est faite pour vous. Il reste maintenant à surveiller de près les deux autres séries annoncées par Delcourt sous ce label « Comics fabric » : « Nightfall » et « Le Cercle » aux aspects fantastiques plus prononcés. Wait and see...

Bad ass, tome 1 : Dead End
Scénario Herik Hanna et dessin Bruno Bessadi
Delcourt, 2013 - 96 pages couleur - (Comics fabric)
14,95 € 

samedi 19 janvier 2013

[Palmarès] - Sélection Bédépolar 2012


Allez, en attendant les prochaines chroniques de nouveautés, voici la liste des 10 albums de l'année 2012, selon la fine équipe de Bédépolar.  Un « top ten » issu d'une intense soirée de débat avec moi-même, où les participants n'ont pas hésité à s'invectiver, se jeter des albums à la tête, et menacer de quitter la salle si leur chouchou n'intégrait pas la prestigieuse liste. Bien entendu,  j'ai calmé tout le monde à grand coups de mandales, et tout est rentré dans l'ordre. Car, comme le dit si bien mon collègue et néanmoins ami Judge Dredd : « I am the law ». Ouaip.  Et l'ordre, d'ailleurs, il est ici alphabétique, avec en prime, un petit extrait dialogué pour chaque album. Parce que, la bande dessinée, c'est pas que des cases avec des dessins dedans. Non mais.
Signé Judge Fredd (Mega City 22,  Armor  Coast District)


Bang ! Katinka
Texte Jean-Christophe Deveney et  dessin de Loïc Godart
Akileos, 2012 – 62  pages couleur -14,25 €

« Je cherche quelqu'un.
- On cherche tous quelqu'un ! T'as essayé le Net ?
- Qui ça ? »



Castilla drive
Texte et dessin d'Anthony Pastor
Actes Sud / L'an 2, 2012 – 158 p. pages couleur - 19 €

« Où est-ce que t'as appris à filer comme ça ? Poète, c'est une couverture ?
- Les poètes se fondent très bien dans paysage »





C'est pas du Van Gogh, mais ça aurait pu...
Texte et dessin Bruno Heitz
Gallimard, 2012 – 122 pages couleurs
– Collection Bayou 17 €

« L'emmerdeur. Il vient souvent ici. Devant. Il explique aux gens où était la maison de Van Gogh. Il n'a jamais mis les pieds dans le bar. Un jour que je lui demandais de ne pas me boucher l'entrée du bistrot, vu qu'il faisait une conférence pour trente touristes, il m'a traité de... CANNIBALE !
- Non. Tu exagères, César. Il a dit « Anthropophage. »



Fatale 1 - La mort aux trousses
Texte Ed Brubaker et dessin Sean Philipps
Delcourt, 2012 – 136 p. couleurs - Collection Contrebande – 14,95 €

« Seigneur, Walt... Je sais que c'est pas beau à voir... mais si les agents te voient cracher tes tripes, t'as pas fini d'en entendre parler au commissariat.
- Je t'emmerde, Lanne... J'ai la gueule de bois, c'est tout.
- Ben j'espère que t'as plus rien sur l'estomac, parce que ça ne s'arrange pas au grenier... Tu vois l'idée ?
- … bon Dieu... »

Les faux visages, une vie imaginaire du Gang des Postiches

Texte de David B. et dessin d'Hervé Tanquerelle.
Futuropolis, 2012 – 152 pages en bichromie - 21 €

« - Alors, ils sont où ?
- Euh... On sait pas bien...
- Comment ça vous ne savez pas bien... et l'émetteur ?!
- On ne capte plus ! L'émetteur a une portée de 100 mètres, ils ont foncé tout de suite et ils sont hors de portée !
- 100 mètres, vous vous foutez de ma gueule ?!
- C'est tout ce qu'on avait ! »

 


La peau de l'ours
Texte Zidrou et dessin Oriol
Dargaud, 2012 – 64 pages couleur
- Collection Long courrier - 14,99 €

« Je ne te choque pas, j'espère, en te racontant cela ?
- J'ai 16 ans, Don Palermo. J'vous ai pas attendu pour découvrir que le Bon Dieu – dans son immense bonté – nous a dotés de bras juste de la bonne longueur ! »



Phil Perfect, l'intégrale
Texte et dessin Serge Clerc
Dupuis, 2012 – 296 pages couleur et noir et blanc
- Les Intégrales – 32 €

« Il faut que je rentre donner manger à mon oiseau
- Phil ! Tu n'as jamais eu d'oiseau !!
- Par Georges Braque !!! Tu as raison, je n'ai jamais eu d'oiseau !
- Mille vaches molles ! Voilà qui expliquerait tout !!! »


Pizza Road Trip
Texte  El Diablo et dessin Cha
Ankama, 2012 – 80 p noir et couleur
– Collection Hostile hoster – 14,90  €

« - Ptain ! C'est Blair Witch !
- Bon... Vous savez ce qu'on fait ? On largue le corps dans un champ et on se sauve, ok ? Le temps qu'on le retrouve, il aura déjà été bouffé par les corbeaux et les renards.
- Les renards ça bouffe pas du cadavre.
- Bon alors les corbeaux. J'en sais rien moi bordel ! Mais je commence à en avoir ras-le-cul de trimballer de la viande froide au pays des lutins. On sait même pas où on est !
- Chhhuut ! »


Série Scalped (7 tomes parus)
Texte Jason Aaron et dessin R.M. Guéra
Urban comics, 2012 – 130 pages

« - J'vous dois rien, les gars
- Toi, non, ton fils, oui.
- Il est dans le coma à l'hosto, depuis son accident
- Ce qui veut dire que sa facture te revient, et si tu veux pas finir dans le lit à côté du sien... »


Tony Chu – 3 : Croque-mort et 4 : Flambé !
Texte John Layman et dessin Rob Guillory
Delcourt, 2012 – 128 pages couleur – Collection Contrebande – 14,95 €

« C'est ça, l'absolution qu'elle a promise ? La Sainte Rédemption ? En empoisonnant tous les convertis mangeurs de poulet ?
- Yep. Dur.
- Cette poule prêtresse fait partie des victimes ?
- Je ne la vois pas. Bordel. »

mercredi 9 janvier 2013

[Nouveauté] - La Colère de Fantômas (Bocquet et Rocheleau)

21 août 1911. L'homme le plus célèbre et le plus redouté du moment est sur le banc des accusés : l'insaisissable Fantômas fait face à ses juges pour répondre du meurtre de Lord Bentham. Tout repose sur le témoignage de madame Flanquet, la respectable cuisinière des Bentham, et en particulier sur le fait que l'honnête femme ait immédiatement reconnu l'arme du crime, la broche à rôtir de l'office... Fantômas n'est bien entendu pas criminel  à s'en laisser compter par le petit personnel, et, comme il est son propre avocat dans ce procès, il demande à avoir en main la fameuse broche. Accordé ! Une bien mauvaise idée, surtout pour madame Flanquet, qui se retrouve très vite avec le crâne percé de part en part par son ustensile de cuisine... Cet ultime coup de sang de Fantômas l'envoie directement à l'échafaud, où il est exécuté, dans le petit matin du 22 août. Et c'est à partit de cet instant-là que tout commence...

Qu'on se le dise : Fantômas est de retour ! Et avec lui, Juve, Fandor, Lady Benthan et tout ce qui a fait le charme et l'immense succès de ce personnage : des aventures aux rebondissements les plus inattendus et les plus spectaculaires. Olivier Bocquet – qui signe ici son premier scénario – a en effet écrit une histoire digne de Souvestre et Allain : brouillard sur les origines de Fantômas, mystère autour de la mère de Fandor (le journaliste à ses trousses, rappelons-le), vol de la Joconde, assassinats rocambolesques, vengeances cruelles... Bref, ce Fantômas-là n'a pas oublié qu'il est l'archange du Mal, le méchant absolu. Et pour l'incarner, lui, et son époque, il y a aux pinceaux Julie  Rocheleau, dont le travail est simplement époustouflant : ses planches sont de véritables bijoux. Son Fantômas, inquiétant à souhait, est tantôt une ombre menaçante, tantôt un personnage de chair et de sang, au visage méconnaissable. Les personnages féminins sont dessinés avec une extrême délicatesse, et semblent, de temps à autre, nés de la plume d'une styliste de mode. Une impression d'élégance folle plane du début à la fin de ce premier volume, même dans les scènes les plus terribles. Un certain charme « rétro » qui fonctionne parfaitement ici. L'univers graphique de Julie Rocheleau est au carrefour de l'illustration et de la BD, et certaines cases évoquent Ron Searle, d'autres Gus Bofa.
Pour ce retour dans la bande dessinée, Olivier Bocquet conclut, dans la préface : « Aujourd'hui, juste retour des choses, c'est à son tour d'envahir les cases de la bande dessinée ». Comme si, auparavant, le fantômatique bandit n'avait pas rôdé sur les tables des dessinateurs. Il est vrai qu'il y eut peu d'adaptation mais Frisano (1980), Laverdure (1990) et Cabiron (2002) ont tous bel et bien fait vivre des aventures à Fantômas. Mais il faut bien reconnaître une chose : cette version - une interprétation personnelle du personnage - du duo Bocquet / Rocheleau est belle et bien la plus réussie, graphiquement et narrativement, de toutes.


En prime, ici  la bande-annonce Dargaud , pour vous mettre bien dans l'ambiance..

La colère de Fantômas 1 : Les Bois de justice
Scénario Olivier Bocquet ; dessin et couleur Julie Rocheleau
Dargaud, 2013 - 60 pages couleur – 13,99 €