Bon, il n'est jamais trop tard pour dire tout le bien qu'on pense d'un album, même s'il est un peu « ancien ». Enfin, ancien, façon de parler : Intrus à l'étrange, de Simon Hureau, est paru en juin 2011. Je l'avais repéré, puis oublié, mais son récent prix à Angoulême, le premier Fauve « Polar » du nom, m'a incité à y voir de plus près... Et franchement, voici une bande dessinée remarquable, dont voici le résumé, pour une fois fortement inspiré du site de l'éditeur, la Boîte à Bulles :
L'histoire est celle de Martial qui, suite au décès de son grand-père adoré, découvre sans le vouloir un bien curieux « héritage » : deux mystérieuses valises fermées à clé, destinées à un certain Félix Larose et une boîte remplie de lettres d’amour rédigées par une certaine Georgette Blizard résidant à Magnat l’Etrange. Martial se rend donc dans ce petit village de la Creuse où il espère retrouver non seulement Georgette mais également Félix. Une bourgade rurale comme tant d’autres si ce n’est que sa population semble toute entière hostile à l’un d’entre eux, au point de défendre celui qui l’a sévèrement passé à tabac. En outre, depuis quelque temps, les nuits, en ces abords du Camp militaire de la Courtine, sont anormalement riches en chauve-souris de tous horizons. Ce phénomène étrange attise la paranoïa des autochtones et attire une poignée de journalistes, de scientifiques et… de chasseurs de vampires…
Vous voyez le décor... et l'ambiance ! C'est une quête, plus qu'une enquête, faite de mystère et d'étrangeté, qui attend le jeune Martial, une plongée dans le passé familial également, et on le suit avec une curiosité grandissante. On croise dans cet album une foule de personnages étonnants, attachants ou répugnants, et le héros se balade avec un détachement au milieu de tout ce monde assez surprenant.
Le dessin de Hureau est précis, détaillé, les planches sont parfois denses, mais jamais surchargées. Il y a un moment particulièrement réussi dans l'album, c'est cette nuit où le héros découvre la demeure de Félix, au terme d'un périple hallucinant, dans des décors parfois cauchemardesques, des ruines hostiles, ou une végétation inquiétante, le tout sur une quarantaine de pages, sans qu'une parole ne soit prononcée. C'est splendide. Et puis, on s'attache très vite à Martial, personnage parfois ingénu, et qui fait penser au Charlot des origines, celui qui sans avoir l'air d'y toucher, bouleverse les habitudes et touche le coeur de l'Autre. On ressort d' « Intrus à l'étrange » avec un curieux sentiment de mélancolie, et une furieuse envie de refaire le chemin depuis le début, tant il y a à lire et à réfléchir au fil des pages.Pour ce premier « Fauve Polar », parrainé par la SNCF, le jury d'Angoulême a fait un choix assez audacieux, et c'est tant mieux. Un choix qui a aussi le mérite de mettre sous la lumière la Boîte à Bulles , un « petit » éditeur qui fait un travail d'une grande qualité (rappelez-vous : Braquages et bras cassés, c'était chez eux).
Intrus à l'étrange
Textes et dessins de Simon Hureau
La Boîte à bulles, 2011 – 150 pages noir et blanc
– Collection Contre-jour – 24 €
L'histoire est celle de Martial qui, suite au décès de son grand-père adoré, découvre sans le vouloir un bien curieux « héritage » : deux mystérieuses valises fermées à clé, destinées à un certain Félix Larose et une boîte remplie de lettres d’amour rédigées par une certaine Georgette Blizard résidant à Magnat l’Etrange. Martial se rend donc dans ce petit village de la Creuse où il espère retrouver non seulement Georgette mais également Félix. Une bourgade rurale comme tant d’autres si ce n’est que sa population semble toute entière hostile à l’un d’entre eux, au point de défendre celui qui l’a sévèrement passé à tabac. En outre, depuis quelque temps, les nuits, en ces abords du Camp militaire de la Courtine, sont anormalement riches en chauve-souris de tous horizons. Ce phénomène étrange attise la paranoïa des autochtones et attire une poignée de journalistes, de scientifiques et… de chasseurs de vampires…
Vous voyez le décor... et l'ambiance ! C'est une quête, plus qu'une enquête, faite de mystère et d'étrangeté, qui attend le jeune Martial, une plongée dans le passé familial également, et on le suit avec une curiosité grandissante. On croise dans cet album une foule de personnages étonnants, attachants ou répugnants, et le héros se balade avec un détachement au milieu de tout ce monde assez surprenant.
Le dessin de Hureau est précis, détaillé, les planches sont parfois denses, mais jamais surchargées. Il y a un moment particulièrement réussi dans l'album, c'est cette nuit où le héros découvre la demeure de Félix, au terme d'un périple hallucinant, dans des décors parfois cauchemardesques, des ruines hostiles, ou une végétation inquiétante, le tout sur une quarantaine de pages, sans qu'une parole ne soit prononcée. C'est splendide. Et puis, on s'attache très vite à Martial, personnage parfois ingénu, et qui fait penser au Charlot des origines, celui qui sans avoir l'air d'y toucher, bouleverse les habitudes et touche le coeur de l'Autre. On ressort d' « Intrus à l'étrange » avec un curieux sentiment de mélancolie, et une furieuse envie de refaire le chemin depuis le début, tant il y a à lire et à réfléchir au fil des pages.Pour ce premier « Fauve Polar », parrainé par la SNCF, le jury d'Angoulême a fait un choix assez audacieux, et c'est tant mieux. Un choix qui a aussi le mérite de mettre sous la lumière la Boîte à Bulles , un « petit » éditeur qui fait un travail d'une grande qualité (rappelez-vous : Braquages et bras cassés, c'était chez eux).
Intrus à l'étrange
Textes et dessins de Simon Hureau
La Boîte à bulles, 2011 – 150 pages noir et blanc
– Collection Contre-jour – 24 €