La première est signée Derf Backderf, déjà auteur du magnifique "Mon ami Dahmer", et s'intitule sobrement "Punk Rock & mobile homes" (ça et là, 2014). Comme prévient Backderf en exergue : "Ceci est une fiction mais ça AURAIT PU arriver...". Et on veut bien le croire, tant son histoire respire l'authenticité, la simplicité et la sincérité. On y suit à Richford, dans la banlieue d'Akron, le quotidien d'un lycéen, Otto Pizcok, colosse auto-proclamé "Le Baron", qui, grâce à son physique et son charisme, va devenir le "videur" d'une salle de concert appelée à devenir mythique en ce début 1980 : The Bank. Mythique parce que cette salle va voir défiler tous les pionniers du punk, des Ramones à The Clash, en passant par Wendy O Williams, Klaus Nomi ou encore Ian Dury. Le Baron va se retrouver comme un poisson dans l'eau au milieu de tous ces musiciens et il va vivre, avec ses potes encore ados, comme lui, une expérience hors du commun, à la (dé)mesure de sa personnalité, attachante et spectaculaire à la fois."Punk Rock et mobile homes" est un formidable récit d'apprentissage, souvent hilarant (il faut entendre le Baron parler en langage Tolkien, ou le voir concentré sur ses cassettes de pets enregistrés...), parfois plus grave, mais toujours rythmé par une bande son d'enfer, qui donne une envie irrépressible : se la repasser pour de vrai, à fond, et se dire que malgré les années, ben y' a pas : punk's not dead !
La situation va devenir explosive...
Sean Murphy a visiblement réglé quelques comptes persos avec cette histoire forte, qui lui permet aussi de dénoncer une emprise religieuse proche du fanatisme, qui s'exerce aux Etats-Unis, jusque dans le rock. Le côté punk de l'affaire, on le trouve évidemment dans les scènes du groupe monté par Chris, les Flak Jackets, mais aussi dans un personnage secondaire, Thomas McKael, l'homme chargé de la sécurité du projet J2. Ancien de l'IRA, des Forces Spéciales Brittaniques, il est ambivalent, et on ne sait trop de quel côté il va pencher. Il fait penser au personnage de Marv dans Sin City : un type indestructible, qui ne recule devant rien. Un vrai rebelle, quoi.
"Punk Rock Jesus" est au final une Bd au message bien plus politique qu'il n'y parait au premier abord, tant elle aborde des thématiques qui posent de vraies questions sur notre futur proche.
Ou une seule "No future : vraiment ?".
Il y narre quelques anecdotes sur la première tournée des Ramones en France, en 1977. Du genre : "On a dû annuler le concert de Marseille, ce qui n'a pas trop dérangé Dee Dee outre mesure, vu que sa principale motivation, à Marseille, c'était d'acheter un nouveau cran d'arrêt pour sa collection".
Et Tommy Ramone conclut en disant : "Ils [les écrivains du recueil] ont fait preuve d'une grande imagination, et, à l'évidence, ces fictions débordent d'amour pour les Ramones".
C'est exactement ça, mec. Tiens, je vais remettre "It's alive !" Et foutre le feu à l'église.
Punk Rock et mobile homes *****
Scénario et dessin Derf Backderf
ça et là, 2014 - 154 pages noir et blanc - 19 €
Punk Rock Jesus ****
Scénario et dessin Sean Murphy
Urban Comics, 2013 - 232 pages noir et blanc - 19 €
Ramones - 18 nouvelles punk et noires
Buchet Chastel, 2011 - 240 pages - 17,25 €