

Cinq ans après « Ame rouge », le détective aux griffes les plus acérées de la BD fait donc son retour, attendu avec impatience par ses fans, une curiosité certaine pour tous les autres, mais avec pour tous la même question : dans quel tourbillon le dur à cuire Blacksad va-t-il être plongé ? Une issue fatale, si on s'arrête à la somptueuse couverture de cet album ? Une histoire étrange, au regard de la quatrième de couverture ? Les premières pages mettent rapidement sur la voie : il sera question de musique, puisque nous voici à la Nouvelle Orléans. Mais nous voilà aussi prévenu : il ne sera pas question uniquement de légèreté et d'insouciance, puisque les premiers mots qui accompagnent le strip-tease auquel assistent Blacksad et son fidèle Weekly sont ceux de Sartre, « l'enfer c'est les autres ». Et Diaz Canales et Guarnido vont constamment jouer sur cette dualité, d'un côté une ville festive, de l'autre des habitants à l'âme tourmentée. Cela se traduit, côté scénario, par une construction non linéaire, où les protagonistes apparaissent de manière parfois inattendue, le plus souvent au moment où la page est tournée, ce qui donne de saisissants changements d'ambiance, et imprime un rythme vraiment particulier à l'album. L'intrigue imaginée par Diaz Canales, autour de la musique bien sûr, mais qui cache des ramifications, confirme le savoir-faire du scénariste dans la bande dessinée noire psychologique, car, comme pour les précédents tomes, ses personnages ont une réelle épaisseur, et celle-ci sert directement la dynamique du récit.
Et si cela fonctionne aussi bien, c'est parce que Guarnido n'a rien perdu de son incroyable talent, et que son dessin est toujours aussi spectaculaire, même dans les scènes les plus calmes. On a rarement vu une bande dessinée animalière aussi expressive que Blacksad, et l'engouement autour de cette série est justifié : voici une oeuvre intelligente, qui prend le temps de se construire.
Et pour les petits veinards qui habitent pas loin de Château-du-Loir, dans la Sarthe, une visite à la bibliothèque municipale s'impose : les planches agrandies de ce quatrième tome de Blacksad y sont exposées du 14 septembre au 2 octobre. Entre autres réjouissances autour du noir (programme détaillé ici) Je serai d'ailleurs présent le vendredi 24 septembre, pour présenter une sélection des meilleures BD polars de ces vingt dernières années. Exercice difficile, mais une chose est sûre : Blacksad en sera !
Et si cela fonctionne aussi bien, c'est parce que Guarnido n'a rien perdu de son incroyable talent, et que son dessin est toujours aussi spectaculaire, même dans les scènes les plus calmes. On a rarement vu une bande dessinée animalière aussi expressive que Blacksad, et l'engouement autour de cette série est justifié : voici une oeuvre intelligente, qui prend le temps de se construire.

Blacksad, tome 4 : L'enfer, le silence
Scénario Juan Diaz Canales et dessin Juanjo Guarnido
Dargaud, 2010 - 56 p. coul. - 13,50 €