

Welcome ! Si vous n'avez pas encore lu Tony Chu, cette tentative de résumé de ce superbe tome 6 doit vous sembler un brin ésotérique. C'est que la série, partie sur des bases délirantes assez élevées, poursuit son chemin dans le farfelu le plus débridé, et emportant tout sur son passage : le lecteur, son fauteuil, son verre de bière (attention citoyen : êtes-vous sûr que cette besoin soit autorisée ?) et tout ce qui traîne autour... Pour mémoire, Tony Chu, "le détective canibale" ne mange pas vraiment les gens : il les goûte seulement, une fois morts, et grâce à son pouvoir, la cybopathie, il peut revivre leurs derniers instants. Pratique pour les morts inexpliquées... ou les meurtres. Tony est donc devenu Agent de la Répression des Aliments et Stupéfiants, dans des Etats-Unis où la consommation de poulet est strictement interdite, suite à une épidémie de grippe aviaire. Le retour de la Prohibition, quoi... Sur ce point de départ, John Layman a développé un univers en y injectant des personnages dotés de pouvoirs spéciaux le plus souvent liés à la nourriture, et chaque épisode, ou presque, est l'occasion de découvrir une nouvelle profession issue de son cerveau en ébullition constante. Ainsi, dans "Space Cakes", croise-t-on le chemin d'une "victuspéciosienne", une femme qui prépare des masques de beauté à partir d'aliments, "aux résultats transformationnels stupéfiants voire impossibles". Par exemple. Chaque tome de Tony Chu est ainsi l'occasion de découvrir de nouveaux personnages, ou d'en savoir plus sur la petite dizaine de "seconds couteaux" qui accompagnent le héros au fil des pages. Et dans "Space Cakes", les véritables vedettes sont Toni Chu, la soeur de Tony, qui elle, peut voir une partie du futur des gens qu'elle mord, et Poyo, le coq remodelé façon Steve Austin (sauf que là c'est 6,2 trillions de dollars, le coût de la bestiole). Et cela donne au final un des comics les plus originaux du moment, qui continue de tenir la route, sans s'essouffler. Grâce à son scénario hors norme, bien sûr, mais aussi au dessin époustouflant de Rob Guillory, qui possède un art du cadrage proche de la perfection, et dont les planches fourmillent d'idées et de détails qui rendent Tony Chu absolument unique. Grâce à Layman et Guillory, plus jamais vous ne verrez votre poulet-frites de la même façon. Ni les oeuvres d'art. Ni la météo. Ni les grenouilles. Oubliez-tout. Vous allez entrer dans la chew-dimension, là où l'imaginaire s'étire à l'infini. Welcome !

Ah oui : en plus, vous avez même droit à deux superbes sous-bock, avec la première édition de ce tome. A la vôtre !
Et puis : ma chronique du tome 3, "Croque mort" si vous voulez en savoir encore plus, ici, sur k-libre.fr.
Tony Chu 6 - Space cakes
Scénario John Layman et dessin Rob Guillory
Delcourt, 2012 – 160 p coul. - Collection Contrebande – 15,50 €