Henri Coutôt est soudeur sur les chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire. C'est un homme simple, discret, qui n'aime pas faire de vagues, même quand il sait qu'il a raison. Ainsi, quand il fait remarquer à son chef de chantier qu'un alliage est trop pourri pour tenir le choc... et que ledit chef lui conseille de s'occuper de soudure et pas de faire de belles phrases, Henri obéit. Mais lorsque, la même journée, au resto populaire où il a ses habitudes, un homme frappe une femme devant toute la clientèle... et qu'il est à la table voisine, cette fois, il se lève. La tête pleine d'images de son enfance où cette même scène entre son père et sa mère se reproduisait sans cesse... Mais quand on n'est pas habitué à la violence, ceux qui en ont fait une manière de vivre vous ramènent vite à la réalité et Henri se retrouve à terre. Et à peine debout, il reçoit dans l'après-midi un second coup qui le laisse tout aussi groggy : il est mis en congé par sa direction après un accident lié à sa soudure, et qui a envoyé un technicien dans le coma... Alors, sans trop savoir pourquoi, il appelle Natacha, la femme qu'il avait tenté de défendre, avec le téléphone oublié par son agresseur au resto. Sans le savoir, il vient de mettre le doigt dans une autre forme d'ennuis.
Cette histoire en deux volumes, co-scénarisée par Antonin Varenne et Olivier Berlion, démarre fort. Axée sur le personnage d'Henri, elle raconte une double fuite. Celle du soudeur qui pressent que sa vie est en train de prendre une mauvaise tournure, mais aussi celle de Natacha, plongée elle au cœur d'une opération de livraison de dope. S'appuyant sur la trame éprouvé des récits d'action mettant en scène les acteurs du trafic de drogue (le commanditaire, le chauffeur, les hommes de mains...), les deux scénaristes vont un peu plus loin que le simple divertissement vitaminé, avec coups de force et poursuites en voiture. Leur personnage de soudeur est un homme qui a des comptes à régler avec son passé, ce qui donne une autre dimension, plus psychologique, à cette première partie, dont la dimension sociale est également omniprésente, avec les conditions de travail sur le chantier, et la vie des hommes et femmes qui y sont liés. Olivier Thomas, déjà auteur de la passionnante trilogie « Sans pitié » chez le même éditeur, rend bien compte de ce quotidien grâce à un dessin minutieux dans ses décors. Ses scènes sur les friches industrielles sont particulièrement réussies, tout comme l'est sa couverture. Il y aurait bien d'autres richesses à évoquer pour ce tome « Ouest », notamment le mystère entourant « Natacha », la femme qui va faire basculer la vie simple de l'ouvrier anonyme vers... vers quoi ? Nous le saurons dans quelques mois, et dans la seconde partie "Sud".Dos à la mer, livre 1 – Ouest
Scénario Olivier Berlion et Antonin Varenne ; dessins Olivier Thomas
EP, 2012 – 56 pages couleur – (Collection Atmosphères) – 15,50 €
Aimant les livres de M. Varenne et habitant à st nazaire, j'ai été agréablement surpris par un récit et un dessin efficace.
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