Tous les matins, sous le soleil de plomb de l'île de Lipari, le jeune Amadeo grimpe à vélo la côte raide qui mène à la demeure du vieux Don Palermo. Arrivé là-haut, il lit son horoscope au vieillard, qui l'attend patiemment, attablé en terrasse, lunettes noires face à la mer. L'adolescent ne se laisserait pour rien au monde dérouter de sa mission, et s'il est régulièrement en retard, c'est parce que la délurée Silvana l'arrête tous les matins, avec l'espoir qu'Amadeo regarde d'un peu plus près ce qu'elle a sous sa jupe. Mais rien n'y fait, et Don Palermo a droit à sa lecture quotidienne. C'est que lui aussi, il attend quelque chose, depuis si longtemps : une phrase que celle qu'il a aimée il y a bien des années doit lui laisser, dans ce journal, pour lui signifier son retour. Et le vieil homme commence un jour à dévoiler à Amadeo tout son passé : ces jours lointains où il était encore Téofilio, jeune montreur d'ours, puis bientôt au service d'un des parrains les plus dangereux de la ville de Stonfield, Don Pomodoro. Un parrain, qui a une petite fille, Mietta, belle comme le jour. Un parrain dont Teofilio a décidé secrètement de se venger, un jour.
Voici un polar qui sort des sentiers balisés du genre. Ou plutôt, qui réinvente un itinéraire avec les étapes auxquelles l'amateur est habitué : l'ascension du jeune protégé, la rencontre avec la femme, fatale, car elle change la destinée de l'homme, la vengeance dans un coin de la tête, la violence et la cruauté du chef mafieux. Il y a tout cela, dans « La peau de l'ours », des ingrédients pour le moins classique ; mais le scénario de Zidrou, est construit de manière à s'interroger jusqu'au bout, par aller-retours entre les années 40, celles où Don Palermo était encore le naif Téofilio, et maintenant, où il est ce vieillard fatigué s'accrochant à l'espoir de revoir un jour celle qui a marqué sa vie à jamais. Et le lecteur de s'inquiéter au fil des pages, sur ce qui a bien pu se passer dans ces années où Téofilio était au service du terrifiant Don Pomodoro, l'homme qui ne supporte les tâches de sang sur son costume blanc que si il les fait lui-même... De la tension, il y en a dans ce récit, même si :
« Inutile de faire durer le suspense, Don Palermo ! Vous n'êtes pas mort puisque vous êtes là pour me raconter l'histoire » lâche, à la moitié de l'album, Amadeo au vieil homme ».
Réponse : « Tu crois ça ? Et si je te disais que je suis mort un 13 décembre 1938 ? »
Et voilà comme on relance toute la machine en plein milieu de la narration. Et au service de ce scénario subtil et prenant, il y a le superbe dessin d'Oriol, anguleux et chaleureux à la fois, terrifiant et rassurant en même temps. Tout un art de rendre cette histoire sombre particulièrement lumineuse, notamment grâce à l'emploi de couleurs chaudes.
L'album porte un autocollant « Coup de coeur » - on ne sait de qui, d'ailleurs – mais, il devrait plutôt faire figurer « Coup au coeur » : il y a autant d'amour que de haine dans « La peau de l'ours », de tendresse que de violence, de douceur que de dureté. Et des personnages y sont tout autant touchés dans leur âme et leurs sentiments que dans leur chair. Vraiment un des plus beaux albums de cette année.
A noter : "La peau de l'ours" figure dans la sélection du Prix SNCF du polar BD 2013.
La peau de l'ours
Scénario Zidrou et dessin Oriol
Dargaud, 2012 – 64 pages couleur
- Collection Long courrier - 14,99 €
Voici un polar qui sort des sentiers balisés du genre. Ou plutôt, qui réinvente un itinéraire avec les étapes auxquelles l'amateur est habitué : l'ascension du jeune protégé, la rencontre avec la femme, fatale, car elle change la destinée de l'homme, la vengeance dans un coin de la tête, la violence et la cruauté du chef mafieux. Il y a tout cela, dans « La peau de l'ours », des ingrédients pour le moins classique ; mais le scénario de Zidrou, est construit de manière à s'interroger jusqu'au bout, par aller-retours entre les années 40, celles où Don Palermo était encore le naif Téofilio, et maintenant, où il est ce vieillard fatigué s'accrochant à l'espoir de revoir un jour celle qui a marqué sa vie à jamais. Et le lecteur de s'inquiéter au fil des pages, sur ce qui a bien pu se passer dans ces années où Téofilio était au service du terrifiant Don Pomodoro, l'homme qui ne supporte les tâches de sang sur son costume blanc que si il les fait lui-même... De la tension, il y en a dans ce récit, même si :
« Inutile de faire durer le suspense, Don Palermo ! Vous n'êtes pas mort puisque vous êtes là pour me raconter l'histoire » lâche, à la moitié de l'album, Amadeo au vieil homme ».
Réponse : « Tu crois ça ? Et si je te disais que je suis mort un 13 décembre 1938 ? »
Et voilà comme on relance toute la machine en plein milieu de la narration. Et au service de ce scénario subtil et prenant, il y a le superbe dessin d'Oriol, anguleux et chaleureux à la fois, terrifiant et rassurant en même temps. Tout un art de rendre cette histoire sombre particulièrement lumineuse, notamment grâce à l'emploi de couleurs chaudes.
L'album porte un autocollant « Coup de coeur » - on ne sait de qui, d'ailleurs – mais, il devrait plutôt faire figurer « Coup au coeur » : il y a autant d'amour que de haine dans « La peau de l'ours », de tendresse que de violence, de douceur que de dureté. Et des personnages y sont tout autant touchés dans leur âme et leurs sentiments que dans leur chair. Vraiment un des plus beaux albums de cette année.
A noter : "La peau de l'ours" figure dans la sélection du Prix SNCF du polar BD 2013.
La peau de l'ours
Scénario Zidrou et dessin Oriol
Dargaud, 2012 – 64 pages couleur
- Collection Long courrier - 14,99 €
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