Welcome to the club !
C’est un peu ce que pourrait dire l’hôte mystérieux – alias L’Hydre – qui a invité douze personnes à passer une semaine dans un hôtel au coeur des Alpes, entièrement privatisé à leur attention. Même le personnel habituel est prié de vider les lieux, qui ne sait même pas qui sont ces invités…
- Et ils bossent dans quoi ces deux-là ?
- Euh… Relations publiques, j’sais pas trop quoi. Ça a l’air d’être une belle bande d’enculeurs de mouches si tu veux mon avis.
C’est un peu plus compliqué que cela en fait. Les douze en question ne disent pas grand-chose sur eux-mêmes, mais certains semblent déjà se connaître, du moins de nom ou de réputation. Tout est fait pour que leurs premiers instants à l’hôtel soient un peu obscurs : un numéro attribué à chacun – on ne dit pas tout de suite qui on est – un hôte qui demeure pour le moment invisible, l’accueil étant assuré par deux énigmatiques sœurs chinoises qui donnent les consignes, et qui précisent que pour les servir, ils peuvent compter sur Albert, un majordome muet. Pratique pour poser des questions.
Mais celles-ci vont vite trouver des réponses quand l’hôte paraît, sous un masque pour le moins exotique, et demande, après un dîner un peu particulier, à chacun de se présenter, enfin, de dire ce qu’il veut bien de lui-même. La nuit qui va suivre ce repas courtois mais tendu va-t-elle porter conseil ? Réponse sanglante aux douze coups de midi…
Cette histoire qui voit le retour d’Hervé Boivin aux affaires pour un polar d’un genre bien différent de son dernier album « 7 frères » (toujours chez Delcourt), et son intrigue au coeur d’une loge maçonnique, signée Convard et Camus. Mais c’est tout de même un autre scénariste de cette même collection « 7 », qui signe cette histoire : Herik Hanna. Son 7 Détectives, véritable hommage au roman policier de l’âge d’or (celui du roman à énigme) avait été un vrai succès donnant lieu à une sous-collection, où chacun des 7 détectives avait eu droit à son album.
Et le début de ce Douze est complètement dans ce registre du mystère à l’ancienne : des personnages arrivant un à un dans un hôtel de luxe, chacun s’observant en chien de faïence, ou essayant de capter l’attention des autres, comme ne peut s’empêcher de le faire le volubile Wolfgang Ober, ex-policier de Hambourg reconverti en chasseur « de tout ce qui marche, nage et flotte sur cette planète ». Mais c’est plutôt le numéro 6 de l’assemblée, Matt Brakovitz, qu’Hanna et Boivin nous invitent à suivre depuis son arrivée à l’hôtel, et qui sert un peu de guide au lecteur délicieusement perdu dans cette assemblée où la seule femme présente ne semble pas la moins dangereuse du lot. Après cette longue introduction feutrée – sur près de 40 pages – le rythme va s’accélérer d’un coup, sitôt les douze coups de midi passés. Et là, on entre dans un autre registre narratif et graphique, qui fait tout autant mouche. Inutile d’en dire plus, si ce n’est que le style réaliste d’Hervé Boivin fait merveille dans cette histoire dont la trame n’est pas sans rappeler par certains côtés le Button Man (alias l'Executeur chez Delirium) de Wagner et Ranson. Le tout sous une couverture vraiment réussie : bon séjour dans les Alpes pour les fêtes !
Et petit rappel : Hervé Boivin sera présent les 18 et 19 novembre au toujours très couru salon Noir sur la Ville de Lamballe (avec Emmanuel Moynot pour former le duo BD de cette édition)
Douze ****
Scénario Herik Hannah et dessin Hervé Boivin
Delcourt
– 80 pages couleurs – Collection Machination – 15,95 €
Sortie le 8
novembre 2023
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