Londres, 1890. Au cours
d'un transfert de prisonniers, supervisé par le talentueux
inspecteur Tobias Gregson, deux détenus particulièrement
dangereux, car particulièrement dérangés du cerveau, se font la
belle. Coup dur supplémentaire pour Gregson : son fidèle second,
Bradstreet, n'a pas survécu au guet-apens qui a permis l'évasion des
deux aliénés mentaux. Et pour achever définitivement Gregson, son
supérieur, Lestrade, lui conseille de démissionner et de ne plus
mettre les pieds au Yard... Mais Gregson ne se laisse pas abattre
comme cela et va tout faire pour retrouver les deux évadés. Il est
secondé dans cette quête quasi impossible par une étrange équipe
composée du docteur Seward, psychiatre, de
Faustine Clerval, son
assistante au charme troublant, et de Wiggins, un gamin des rues,
qui eut autrefois un autre patron : Sherlock Holmes. Ils ne seront
pas de trop pour une traque qui va les conduire aux confins de la
folie humaine...
Vous l'aurez compris, ce
Scotland Yard-là est bourré de références et clins d'oeil aux
figures légendaires de l'âge d'or du roman policier anglais. On
retrouve ainsi des personnages qui firent la renommée de Conan
Doyle, comme Wiggins ou Lestrade, dans une histoire qu'il n'aurait
certainement pas reniée. Pour faire bonne mesure, Dobbs convoque
même Bram Stoker, en observateur de l'enquête menée par Gregson et
son trio de choc : tout cela est jubilatoire, d'autant plus que le
scénario, avec ses deux chasses à l'homme successives, une par
tome, fonctionne très bien et va crescendo vers une certaine forme
de terreur. Car il y a aussi un petit côté fantastique, dans ce
diptyque, et c'est en fait toute la collection "1800" qui
revisite ainsi sous cet angle les classiques de la littératures du
XIXème. Et si Scotland Yard fait certainement partie des meilleurs
titres de "1800", c'est sans aucun doute possible aussi
grâce aux superbes planches de Stéphane Perger (son blog ici) qui sait faire
surgir l'inquiétude à tout moment. Le dessinateur allie à un sens
du cadrage faisant réellement écho au scénario, une palette de
couleurs idéale pour restituer l'atmosphère poisseuse des
bas-fonds londoniens, la moiteur d'une cave abandonnée, ou encore
les souvenirs terrifiés d'un jeune garçon persécuté. Perger
s'autorise des débordements de cases, des doubles planches, qui font
tous sens, et c'est un vrai régal pour l'oeil. On ne sait, à la fin
du second tome, si on retrouvera Tobias Gregson et ses acolytes, mais
ce qui est certain, c'est qu'ils mériteraient une plus longue
carrière que cette première affaire, vraiment intéressante.
Scotland Yard
Scénario Dobbs et dessin Stéphane
Perger
1- Au coeur des Ténèbres
Soleil, 2012 - 56 pages couleurs – Collection
Quadrants / Boussole
13,95 €
2 - Poupées de sang
Soleil, 2013 - 56 pages couleurs –
Collection Quadrants / Boussole
13,95 €
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