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samedi 19 mai 2012

[Chronique] - London Running : Plus vite, plus haut, plus fort ! Matt Peterson déboule


Matt Peterson est reporter photographe et couvre pour l'Equipe les Jeux Olympiques de Londres, avec son collègue journaliste Grégoire Blanchard. Ce sont ses premiers JO, et il compte bien en profiter, même s'il constate assez vite que la sécurité du site atteint des niveaux difficilement tolérables pour les médias qui veulent approcher les athlètes. Matt réalise tout de même une première série de clichés, et là : bingo ! Le service iconographique de son journal lui signale une chose étrange sur une des photos envoyées : le marathonien Tchèque Miroslav Palick, qui tourne le dos à Peterson, est en train de regarder une photo sur son propre portable, et c'est celle d'une femme bâillonnée et au visage baigné de larmes... Le reporter essaye aussitôt d'en savoir plus et va mettre à jour un complot qui dépasse largement les enjeux purement sportifs.

Cette nouvelle série – coéditée par L'Equipe et Casterman – s'attaque à un domaine un peu délaissé par les auteurs de bande dessinées polar (et par les autres aussi, d'ailleurs), le sport. Ou plutôt, le côté obscur de la force physique, celui qui s'exprime dans les dérives du sport business. Bonne idée, car il y a vraiment matière, et pour cette première manche Bollée imagine un chantage sur un obscur athlète, pris dans les rouages d'un mécanisme qui le dépasse et sert des intérêts politiques et financiers à un très haut niveau. Le pion sacrifié pour la victoire finale, quoi. L'intrigue est fluide et bien construite, dès les premières pages et cette sorte de séquence « pré-générique », un an avant les Jeux, jusqu'à un final haletant comme une course d'obstacles. La forme rejoint le fond, c'est assez bien vu. 
Côté personnages, le héros n'a pas froid aux yeux – normal, c'est un héros – mais conserve un regard assez frais sur le monde, et ne semble pas encore blasé, ni lassé, par ce qui l'entoure. Il est aussi dragueur (et ça marche très vite, même avec les policières inconnues : c'est là que le lecteur voit qu'il lit une fiction) et a un passé mystérieux, où son père, croisé furtivement dans ce premier tome, joue un rôle important. On le recroisera certainement, ainsi que les méchants qui n'ont pas l'air d'être de la petite bière, dans le prochain tome, mais ce « London Running » peut se lire seul. Graphiquement, le trait est réaliste, évoquant par certains côté Hermann, et Stom utilise, par touches discrètes, des inserts photographiques, qui accentuent le coté immédiat et contemporain de la série. « Matt Peterson » mérite qu'on s'y attarde, et on l'attend maintenant au prochain virage, peut-être celui du Tour de France du centenaire, en 2013, comme cela est évoqué dans une des dernières pages de ce tome ? Ou alors le foot et sa folie permanente des grandeurs ? Les sujets sont légion...

Matt Peterson 1 – London Running
Scénario Laurent-Frédéric Bollée et dessins Stom
Casterman / L'Equipe, 2012 – 56 pages couleur – 10,95 €

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