Matt Peterson est
reporter photographe et couvre pour l'Equipe les Jeux Olympiques de
Londres, avec son collègue journaliste Grégoire Blanchard. Ce sont
ses premiers JO, et il compte bien en profiter, même s'il constate
assez vite que la sécurité du site atteint des niveaux
difficilement tolérables pour les médias qui veulent approcher les
athlètes. Matt réalise tout de même une première série de
clichés, et là : bingo ! Le service iconographique de son
journal lui signale une chose étrange sur une des photos envoyées :
le marathonien Tchèque Miroslav Palick, qui tourne le dos à
Peterson, est en train de regarder une photo sur son propre portable,
et c'est celle d'une femme bâillonnée et au visage baigné de
larmes... Le reporter essaye aussitôt d'en savoir plus et va mettre
à jour un complot qui dépasse largement les enjeux purement
sportifs.
Cette nouvelle série –
coéditée par L'Equipe et Casterman – s'attaque à un domaine un
peu délaissé par les auteurs de bande dessinées polar (et par les
autres aussi, d'ailleurs), le sport. Ou plutôt, le côté obscur de
la force physique, celui qui s'exprime dans les dérives du sport
business. Bonne idée, car il y a vraiment matière, et pour cette
première manche Bollée imagine un chantage sur un obscur athlète,
pris dans les rouages d'un mécanisme qui le dépasse et sert des
intérêts politiques et financiers à un très haut niveau. Le pion
sacrifié pour la victoire finale, quoi. L'intrigue est fluide et
bien construite, dès les premières pages et cette sorte de séquence
« pré-générique », un an avant les Jeux, jusqu'à un
final haletant comme une course d'obstacles. La forme rejoint le
fond, c'est assez bien vu.
Côté personnages, le héros n'a pas
froid aux yeux – normal, c'est un héros – mais conserve un
regard assez frais sur le monde, et ne semble pas encore blasé, ni
lassé, par ce qui l'entoure. Il est aussi dragueur (et ça marche
très vite, même avec les policières inconnues : c'est là que
le lecteur voit qu'il lit une fiction) et a un passé mystérieux, où
son père, croisé furtivement dans ce premier tome, joue un rôle
important. On le recroisera certainement, ainsi que les méchants qui
n'ont pas l'air d'être de la petite bière, dans le prochain tome,
mais ce « London Running » peut se lire seul.
Graphiquement, le trait est réaliste, évoquant par certains côté
Hermann, et Stom utilise, par touches discrètes, des inserts
photographiques, qui accentuent le coté immédiat et contemporain de
la série. « Matt Peterson » mérite qu'on s'y attarde,
et on l'attend maintenant au prochain virage, peut-être celui du
Tour de France du centenaire, en 2013, comme cela est évoqué dans
une des dernières pages de ce tome ? Ou alors le foot et sa
folie permanente des grandeurs ? Les sujets sont légion...
Matt Peterson 1 – London Running
Scénario Laurent-Frédéric Bollée et
dessins Stom
Casterman / L'Equipe, 2012 – 56 pages
couleur – 10,95 €
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