Jake Dobson fait du vtt au Golden Gate Park à San Francisco. La
conduite sportive de son engin ne l'empêche pas de repérer dans
l'herbe du parc, un truc qui brille. Un téléphone portable dernier
cri. Jake s'arrête et le ramasse, avec dans l'idée d'y jeter un
coup d'oeil plus tard. Là, l'urgence est plutôt de filer ouvrir la
boutique de comics qu'il tient en l'absence de son patron. Et déjà,
Steve, le plus fidèle client de "Nearmint Rhino" est là,
à faire le pied de grue devant la librairie. Une conversation plus
tard, le voici déjà parti, et c'est le moment que choisit Jake pour
regarder de plus près ce portable high tech trouvé en chemin. Et
là, c'est plutôt pire que dans les comics : dans la galerie de
photos, un homme allongé sur le sol. Une balle dans la tête et un
doigt coupé. Dobson n'hésite pas une seconde et prévient les
flics. Un dénommé Warren, de la section homicides déboule bientôt
et demande si quelqu'un d'autre a touché au téléphone. A ces mots,
tel Peter Parker alerté par son sens de l'araignée, Jake flaire la
question piège, le coup foireux... Il file par la porte de derrière
et s'enfuit à toutes jambes dans la rue. Jake Dobson ne le sait pas
encore, mais il va avoir beaucoup de monde à ses trousses dans les
heures à venir...
Diggle et Jock sont les auteurs de la série survitaminée "Losers"
(aussi chez Urban Comics) où des agents "black op" de la
CIA sont lâchés par leurs patrons et luttent pour leur
réhabilitation. Une série où l'action prime, et qui fut adaptée
au ciné en 2010. Ce "Snapshot" fait aussi forte
impression, côté rythme soutenu du récit et coup d'éclats
graphiques : à partir du moment où le jeune héros empoche le
mystérieux portable, c'est le début d'un engrenage infernal, qui va
l'entraîner dans une histoire assez dingue, avec cadavres à la
pelle. Mais si, visuellement le lecteur est vite happé par le dessin
nerveux de Jock et son noir et blanc aux portes de l'angoisse, il
l'est aussi, le lecteur, pris par l'histoire de Diggle : qui est ce
cadavre vu par Jake ? Pourquoi un doigt coupé ? Qu'est cette
mystérieuse société, seul contact dans le portable ? Une boite
d'analystes financiers ? Mais depuis quand les banquiers
emploient-ils des tueurs à gages ? Voilà le genre de questions qui
vont déferler dans le crâne du pauvre Jake Dobson, et qui n'aura
pas beaucoup de temps pour tenter d'y répondre.
"Snapshot", comme le confesse Andy Diggle dans la postface
de cet album, était à l'origine plutôt un scénario de film. Mais
quand il l'a montré à Jock, celui-ci lui a répondu : "Tu
sais, ça ferait un super comic-book ! J'adorerais le dessiner".
Ces deux-là ont bien fait de s'entendre sur ce projet. Snapshot est
en effet un superbe "one-shot". Et une vraie bande dessinée
noire. C'est tout de même rare, du côté des "crime comics".
Snapshot
Scénario Andy Diggle et dessin Jock
Urban comics, 2013 - 144 pages noir et blanc - 15 €
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