"Moi, Henry Kenneth
Exton, communément appelé Harry, rédige ces aveux car j'estime
qu'on cherche à m'assassiner. [...]
En mars 1991, j'ai été
contacté par Calvin Davies, une connaissance qui remontait à mes
années de service au SAS et en tant que mercenaire. Il m'a proposé
de participer au "jeu mortel" : un jeu de meurtres où l'on
joue gros, un homme contre un autre homme, contrôlés par de
mystérieux commanditaires, les "voix". En y prenant part
on peut devenir très riches... ou très mort. En avril 1991, je suis
devenu un joueur. Un "exécutant". [...]
En mars 1993, grièvement
blessé, j'ai été drogué et enlevé de force de l'hôpital St
Thomas, par des agents dont l'identité demeure pour moi à ce jour
inconnue. Lorsque j'ai repris conscience, j'étais Harold Martin
Elmore, un courtier en bourse anglais en semi-retraite. Marié, sans
enfant, menant une vie tranquille dans le comté de Columbia, New
York.
Ma réputation avait dépassé
les frontières anglaises. J'avais une nouvelle identité et un
puissant commanditaire. J'étais de retour dans le jeu.[...]
Mon nouveau mécène était,
et est toujours à ce jour, le sénateur américain Albert Jacklin.
[...] Il m'a fait une proposition : que je combatte pour lui, que je
devienne son exécutant, pour un an, et, à l'issue de cette année,
je serais libre de m'en aller. Et je partirais très riche. Tout en
faisant partie de ma couverture, ma "femme" Cora gérerait
tous les détails et serait mon contact auprès de Jacklin. Je serais
libre de me concentrer sur ce que je savais faire de mieux : tuer."
[...]
Quoi
de mieux que ces quelques extraits des quatre pages de la confession
d'Harry Exton, qui rythment le récit en autant de "chapitres",
pour vous plonger dans ce superbe deuxième tome de "L'Exécuteur"
? Les premières lignes, la première page, rappellent comment Harry
est entré dans la danse macabre du jeu, et c'est ce qui est raconté
dans les 96 pages du premier tome (pour plus de détails, ma
chronique de "Jeu mortel").
Et donc, on retrouve notre dur-à-cuire de l'autre côté de
l'Atlantique, prêt à reprendre du service, pour ce nouveau
commanditaire, Albert Jacklin, sénateur richissime, qui lui a trouvé
un chaperon idéal en la personne de Cora, rousse incendiaire et
désormais épouse légitime d'Harry... C'est tout cet épisode
américain, qui se déroule deux ans après les débuts anglais de
l'exécutant Henry Exton, qui est raconté dans "La
Confession"... et autant le dire tout de suite : ce deuxième
opus est encore plus réussi que le premier !
D'entrée,
son réveil aux Etats-Unis, avec Cora en femme légitime mais dont il
n'a aucun souvenir de mariage, installe une situation de malaise, un
doute dans l'esprit d'Harry sur les intentions réelles de sa superbe
moitié. (Ce début n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'épisode
"The morning after" d'Amicalement Vôtre, où Sinclair se
réveille marié en Suède...). Puis arrivent les scènes de jeu,
avec les exécutants attitrés de chacun des commanditaires, et là,
toute la force du scénario de Wagner se déploie : petit à petit,
le caractère incontrôlable d'Harry se confirme aux yeux du
sénateur, et jusqu'à l'épilogue, époustouflant, il va se rendre
compte qu'il a joué avec le feu. Et en choisissant des lieux
vraiment particuliers pour le déroulement des "parties" -
un muséum d'histoire naturelle bourré de visiteurs, un cinéma
diffusant un film de vampire, un abattoir... - Wagner permet à
Arthur Ranson de dessiner des scènes proprement - salement serait le
mot le plus juste - hallucinantes. Sans oublier un impitoyable duel à
quatre joueurs, véritable hommage au western et à ses scènes de
canardage à tout-va dans des rues désertées et plombées par le
soleil... Ni cette scène, où, une fois de plus, Harry va finir par
comprendre qu'il n'est plus en odeur de sainteté auprès de son
patron. Comme en Angleterre...
Evidemment,
il va s'en tirer - et je vous laisse découvrir comment ! - et on
referme cette "Confession" en se disant "Woaw !" -
ou quelque chose du genre - et aussi : "vivement la suite !".
Car comme prévu, il y aura bien un troisième tome chez Délirium,
et on ne louera jamais assez ce choix d'avoir exhumé cette pépite
qu'est "Button Man" (le titre en VO), injustement méconnue
chez nous, et d'avoir entrepris la traduction de tous les épisodes.
Même 25 ans après sa création, cette série est un des meilleurs
"Crime comics", branche noire, qu'il m'ait été donné de
lire. Ne la ratez surtout pas !
L'Exécuteur 2 - La
Confession *****
Scénario John Wagner et
dessin Arthur Ranson
Traduction de Philippe Touboul
Delirium, 2017 - 128 pages
couleur - 24 €
Sortie
le 21 mars 2017
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