L’inspectrice
Linda Caruso est appelée par sa chef, le lieutenant Payton , elle
doit se rendre fissa à la prison du Comté. Une affaire simple :
un détenu en a liquidé un autre et s’est pendu tout de suite
après. Comme personne ne semble vouloir s’émouvoir de cette
double disparition, Caruso est fortement invitée à ne pas creuser
le dossier. Et pourtant, la jeune femme a quelques doutes sur ce cas,
moins banal qu’on veut bien le laisser entendre. Déjà, les deux
morts lui posent problème… Mack, la première victime était
un mastodonte, craint dans toute la prison, et a été retrouvé la
poitrine explosée et lacérée à l’arme blanche. Et le coupable
serait un certain Gaffney, plutôt lui à ranger dans la catégorie
poids mouche… Déjà, la confrontation semble improbable. Et
puis, Caruso découvre vite que le dénommé Gaffney n’avait plus
que cinq mois à tirer. Quel intérêt pour lui d’aller assassiner
le caïd de la prison ? La jeune inspectrice a beau faire part
de ses suspicions, on lui refuse tout, y compris des autopsies. Mais
elle réussit tout de même à arracher – sans rien dire à sa
supérieure – une radio de l’estomac de Gaffney, car elle
soupçonne la présence d’une pilule qui l’aurait mis dans un
état second. Et lorsqu’elle découvre sur les clichés… une
balle, elle tient enfin quelque chose qui va remettre tout en
question. Mais la laissera-t-on aller jusqu’au bout ?
Ce
one-shot nerveux et intelligent se lit d’un trait. D’entrée, le
dessin de Toni Fejzula subjugue. La première planche est faite de
six très gros plans, détails quasi-surréalistes de la scène que
l’on découvre la page d’après, cette fois une case unique et
spectaculaire : l’acte criminel originel, celui par qui tout
va se déclencher. Une fois happé par ces images fortes, c’est au
tour de l’intrigue de s’installer, doucement, sans précipitation,
et ce qui semble au départ un banal règlement de comptes entre
détenus va petit à petit se muer en une histoire beaucoup plus
complexe, aux multiples fils à dénouer. Et ce sont les personnages,
excellents, créées par John Arcudi qui portent parfaitement cette
histoire sombre. Et en premier lieu, l’impétueuse Linda Caruso,
véritable battante, qui en a marre d’être prise pour une bille et
a le fort sentiment d’avoir été mise sur une voie de garage
depuis qu’elle a été « promue » inspectrice. Autour
d’elle, ses collègues, le directeur de la prison, les matons, les
prisonniers, tous forment un cercle étourdissant, hypnotique, prêt
à la précipiter dans le vide. Mais son caractère de tête brûlée
va lui sauver la mise et rarement on aura croisé un personnage de
femme-flic aussi fort.
Tous
ces personnages sont superbement campés par Fejzula, qui en a fait
des hommes et des femmes mémorables. Le sketchbook, annoté par le
dessinateur lui-même, et qui figure en point d’orgue de cet album
est éminemment instructif et se lit avec gourmandise. Tout comme il
est roboratif de découvrir les différentes couvertures – signées
du grand Dave Johnson – des cinq numéros originaux de la série,
et celles imaginées par d’autres grands noms du comics.
Une
édition soignée, donc, comme Delcourt a du reste l’habitude d’en
réaliser.
En
prime, la preview de l’album : c’est ici !
Dead
inside ****
Scénario
JohnArcudi, dessin Toni Fejzula et couleurs André May
Delcourt,
2017 – 128 pages couleur -
Collection Delcourt
comics – 16,50
€
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