Une
fois n’est pas coutume, reprenons la quatrième de couverture en
guise de présentation :
« Charles
Mirmetz a été désigné comme juré dans un procès d’assise dans
les années soixante. Homme scrupuleux, il se rend compte que le
présumé coupable, qui risque sa tête, est innocent. Perturbé par
cette découverte, il constate avec effroi que son propre passé
remonte de manière fantastique… Quel lien a-t-il avec ce crime ? »
Au
delà de la réponse à cette question centrale, ligne de suspense
tendue d’un bout à l’autre de l’album, Grégoire Bonne donne à
lire un récit psychologique habile, dans l’autre aspect de son
scénario, le procès d’assises.
Sans
aller jusqu’à en démonter les mécanismes, il réussit
parfaitement, et rapidement, à faire entrer son lecteur dans la peau
– et surtout la tête – d’un quidam devenu, le temps d’une
affaire, un juré parmi d’autres. Myrmetz s’implique totalement,
au grand dam de son épouse, qui s’inquiète pour son avenir
professionnel, et fait aussi culpabiliser son mari sur la disparition
de leur enfant.
Une
double pression qui ne manque pas de perturber sérieusement Myrmetz,
dont les rêves prennent une tournure des plus étranges et
angoissantes.
Et
si cette atmosphère pas loin d’être irréelle plane de la
première à la dernière page, c’est aussi grâce au dessin
envoûtant de Grégoire Bonne, proche d’un Chabouté, d’un Rabaté
(période Ibicus) sans oublier des réminiscences à la Di Marco,
parfaite pour ce genre d’histoire. Ses scènes urbaines et
nocturnes sont d’une grande force, et sa galerie de personnages au
faciès flippants remarquable.
« Mais
pourquoi laisse-t-on entrer dans la police des gens avec des têtes
pareilles ? » : la réflexion de Mirmetz fait
sourire, mais c’est tout de même la noirceur d’âme qui
l’emporte dans ce « Quatre jours de descente », belle
réussite des éditions Mosquito.
A
noter que Grégoire Bonne vient de recevoir le prix « Bulles de
Sang d'Encre 2017 », du festival de polar de Vienne (Isère)
destiné à un auteur de Bande Dessinée pour ce livre.
Champagne !
Quatre
jours de descente ***
Scénario
et dessin Grégoire Bonne
Mosquito,
2017 – 78 pages noir et blanc – 18 €
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