Une fois n'est pas coutume, arrêtons nous-un instant sur la couverture, presque en forme de « Une » journalistique, de ce nouvel album. Rarement couverture n'aura été aussi explicite : en deux parties avec, au dessus du titre, 8 visages d'hommes, fermés, pour ne pas dire durs, et au dessous du titre, une scène de rue, prise sur le vif, une fuite juste après un braquage, un instantané dans une journée pas ordinaire.
Tout de suite, on est fixé, mais pour mieux éclairer le chaland, un sous-titre vient préciser : « Une vie imaginaire du Gang des Postiches ».
Pourquoi imaginaire, me direz-vous ? Parce que, si David B. s'inspire de ce vrai gang, qui a braqué 27 banques entre 1981 et 1986, il en a changé tous les noms des personnages pour raconter leur histoire. Il n'empêche que son récit s'appuie bien sur l'incroyable feuilleton qu'a été la vie de cette bande un peu hors du commun, parce qu'éloignée des milieux mafieux ou de ceux du grand banditisme.
David B. retrace cette saga en 9 chapitres, de 1975 à 2004, d'un premier casse, où la bande n'existe pas encore, jusqu' à l'arrestation de son dernier membre.
On suit donc la préparation des casses, leur éxécution, et, bien entendu, les déboires de la police, qui peinera longtemps à mettre fin aux actions du gang des Postiches, dont la méthode est si bien rôdée qu'elle marche à tous les coups, parce qu'elle empêche toute identification des braqueurs. Une méthode simple, qui consistait à entrer dans les banques, affublés de perruques, fausses barbes et moustaches, se mêler aux clients, et attendre le moment propice pour les prendre en otage. Une partie du gang surveillait alors les otages, pendant que l'autre vidait les coffres.
Evidemment, l'obstination d'un flic finira par avoir raison d'eux et tout se terminera par une fusillade à la sortie d'un Crédit Lyonnais, et ce sera le début de la fin.
Cet album, par sa portée documentaire, se détache de la production habituelle. En grand partie aussi parce que Tanquerelle (excellent dessinateur dont le blog est ici), a réussi à restituer l'époque de l'action, fin du giscardisme-début des eighties, et surtout à faire passer le côté humain de cette bande, qui au fil de ses coups, avait entraîné une certaine sympathie de la part du public et de la presse. Et on ressent presque une indulgence pour les auteurs de ces crimes qui semblaient ne pas en être vraiment...Peut-être en 2012, finalement, est-il agréable de lire une histoire où les banques sont les victimes principales ? Pour les couleurs, Tanquerelle a opté pour une bichromie noir et gris/bleu, qui donne un côté « vintage » du meilleur goût. Et les trognes de ses personnages sont remarquables d'expression... avec ou sans postiche. Au passage, on se plaît à croiser le commissaire Broussard, autre grande figure de l'époque, qui fulmine devant l'échec de ses troupes, ridiculisées par le gang. Broussard n'est pas nommé, là non plus, mais on le reconnaît sans peine.Cette première biographie romancée, alerte et fluide, renouvelle un genre le plus souvent réservé aux grandes figures de l'Histoire. Et souvent d'un ennui sans fond. Ici, on tourne les pages avec envie, on attend maintenant avec curiosité les prochains volumes, puisque « Les faux visages » inaugurent une série mise en route par David B. sur le grand banditisme.
Pourquoi imaginaire, me direz-vous ? Parce que, si David B. s'inspire de ce vrai gang, qui a braqué 27 banques entre 1981 et 1986, il en a changé tous les noms des personnages pour raconter leur histoire. Il n'empêche que son récit s'appuie bien sur l'incroyable feuilleton qu'a été la vie de cette bande un peu hors du commun, parce qu'éloignée des milieux mafieux ou de ceux du grand banditisme.
David B. retrace cette saga en 9 chapitres, de 1975 à 2004, d'un premier casse, où la bande n'existe pas encore, jusqu' à l'arrestation de son dernier membre.
On suit donc la préparation des casses, leur éxécution, et, bien entendu, les déboires de la police, qui peinera longtemps à mettre fin aux actions du gang des Postiches, dont la méthode est si bien rôdée qu'elle marche à tous les coups, parce qu'elle empêche toute identification des braqueurs. Une méthode simple, qui consistait à entrer dans les banques, affublés de perruques, fausses barbes et moustaches, se mêler aux clients, et attendre le moment propice pour les prendre en otage. Une partie du gang surveillait alors les otages, pendant que l'autre vidait les coffres.
Evidemment, l'obstination d'un flic finira par avoir raison d'eux et tout se terminera par une fusillade à la sortie d'un Crédit Lyonnais, et ce sera le début de la fin.
Cet album, par sa portée documentaire, se détache de la production habituelle. En grand partie aussi parce que Tanquerelle (excellent dessinateur dont le blog est ici), a réussi à restituer l'époque de l'action, fin du giscardisme-début des eighties, et surtout à faire passer le côté humain de cette bande, qui au fil de ses coups, avait entraîné une certaine sympathie de la part du public et de la presse. Et on ressent presque une indulgence pour les auteurs de ces crimes qui semblaient ne pas en être vraiment...Peut-être en 2012, finalement, est-il agréable de lire une histoire où les banques sont les victimes principales ? Pour les couleurs, Tanquerelle a opté pour une bichromie noir et gris/bleu, qui donne un côté « vintage » du meilleur goût. Et les trognes de ses personnages sont remarquables d'expression... avec ou sans postiche. Au passage, on se plaît à croiser le commissaire Broussard, autre grande figure de l'époque, qui fulmine devant l'échec de ses troupes, ridiculisées par le gang. Broussard n'est pas nommé, là non plus, mais on le reconnaît sans peine.Cette première biographie romancée, alerte et fluide, renouvelle un genre le plus souvent réservé aux grandes figures de l'Histoire. Et souvent d'un ennui sans fond. Ici, on tourne les pages avec envie, on attend maintenant avec curiosité les prochains volumes, puisque « Les faux visages » inaugurent une série mise en route par David B. sur le grand banditisme.
Les faux visages, une vie imaginaire du Gang des Postiches
Scénario de David B. et dessin d'Hervé Tanquerelle.
Futuropolis, 2012 – 152 pages en bichromie - (21 €)
Une fois n'est pas coutume, je me permet à mon tour de te laisser un commentaire pour te remercier de ta chronique. Pas tant parce qu'elle est positive mais parce qu'elle est un très bon résumé de nos intentions de départ... et d'arrivée.
RépondreSupprimerHervé T
une belle chronique pour une belle BD
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