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novembre 1918. Albert Percochet, détective - suisse - de son état,
vient mourir sur le seuil de la villa de Silas Corey, et ses
dernières paroles sont recueillies par Nam, le fidèle assistant de
Corey. Des paroles bien étranges : " Zarloff... Wotan..
Tuez-les". Silas découvre vite que Percochet était sur les
traces de l'héritier unique, et fils naturel, de la comtesse
Zarkoff, une femme à la tête d'une fortune colossale construites
sur les cendres de la guerre. Une fortune qui attire bien des
convoitises, d'autant que la comtesse est mourante... Et c'est à
Silas, qu'elle avait déjà croisé lors de l'affaire du réseau
Aquila, qu'elle confie la tâche de retrouver cet héritier, un
certain Johann Zichler. Corey se rend en Allemagne, et commence par
retrouver Nina, la femme de Zichler, mais pendant de ce temps là, la
comtesse trépasse et Silas doit vite trouver l'héritier avant une
date fixée sur le testament. Silas parvient à enfin retrouver
Zichler, mais l'affaire se complique car celui-ci est devenu le
leader du parti patriotique Wotan, un personnage qu'il est difficile
d'approcher. Et que se passerait-il si son parti, visant le pouvoir à
l'échelle européenne, devenait soudain immensément riche, car à
l'héritage Zarkoff ?
Vous
l'aurez compris, si vous n'aviez déjà lu le premier diptyque (Le
réseau Aquila) mettant en scène de Silas Corey : les aventures
de ce détective-espion croisent plus d'un genre. Pour ce testament
Zarkoff, le point de départ, de facture policière, puisqu'il s'agit
du meurtre d'un détective, tourne vite à une course contre la
montre géo-politique, teintée de .... romantisme. En plaçant leurs
personnages au coeur de l'Histoire - l'Europe de l'immédiate
après-guerre de 14-18 - Fabien Nury et Pierre Alary, donnent à lire
tout à la fois un formidable récit d'aventures, parsemé de scènes
spectaculaires assez époustouflantes (duel sur des toits en plein
incendie, courses-poursuites dans les rue Munichoises, embuscade en
forêt...) et un récit historique, où les peuples sont emportés
par le tourbillon des événements, et peuvent s'inquiéter pour leur
avenir commun. Et le romantisme dans tout cela ? Il est personnifié
par les relations que Silas entretient avec les deux personnages
féminins du diptyque : Nina, la femme de l'héritier, pour lequel
il joue le chevalier servant et protecteur, et Marthe, espionne pour
le compte du Deuxième Bureau français. Deux femmes qui le font
vaciller, mais pour lesquelles il ne renoncera pas à sa vie
solitaire...
Au
final, de cet alchimie des genres est né un personnage les plus
attachants du moment, intrépide et flegmatique à la fois, humaniste
dans l'âme. Un héros digne de Verne et Leroux, comme il ne s'en fait plus
beaucoup de nos jours. Alors, savourons les aventures de Silas Corey.
Et,
comme je vous le disais déjà la semaine dernière si
vous êtes dans la région de Villeneuve-lez-Avignon le premier
week-end d'octobre, rendez-vous au Festival de Polar :
Pierre Alary y sera et, j'aurai la joie de le cuisiner, samedi 1er à
16h30, sur le thème " Quand la bande dessinée explore
l'arrière-cuisine du pouvoir", une table ronde où il sera en
compagnie de Laurent Hirn et Hervé Boivin.
Silas Corey - Le
testament Zarkoff ****
Scénario
Fabien Nury et dessins Pierre Alary
Glénat,
2015 et 2016 - 64 pages couleur chaque -14,95 €
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