Les
éditions Steinkis, via leur label Jungle Comics, lancé en début
d'année, sortent leur troisième titre... et quel titre ! "The
last days of American Crime" est tout
simplement un des meilleurs "crime comics" des années
2000. Non je n'exagère pas un brin. Je l'avais déjà chroniqué
lors de sa première traduction chez EP.
Pour vous rafraîchir la
mémoire, voici ce que j'en disais :
Sur
l'histoire :
Les
Etats-Unis ont trouvé la parade pour contrer durablement la
délinquance : exit le billet vert. En supprimant définitivement le
papier-monnaie, les dirigeants espèrent annihiler aussi toute
tentative de vouloir s'en mettre plein les poches de manière
illégale. Les billets seront remplacés par des cartes chargées par
des machines, propriété du gouvernement... Graham Bricke, pro du
crime, s'est fait engager à la sécurité d'une des banques
fédérales chargées de la collecte du cash et de leur remplacement
par les cartes fiduciaires. Ayant trouvé le moyen de voler une des
futures machines gouvernementales grâce à son job, il recrute une
équipe de trois personnes pour ce qui sera son ultime casse. Mais il
va falloir faire vite, car le gouvernement a sous le coude une autre
arme, plus que dissuasive : l'Initiative de Paix Américaine ou IPA.
Derrière ces trois lettres se cache une gigantesque opération de
lobotomie collective : un signal agissant directement sur le cerveau
et annihilant toute volonté d'action illégale va être émis, dans
les jours. Le compte à rebours commence alors pour Bricke et ses
acolytes...
...et
mon avis de 2011...:
Cette
trilogie apocalyptique est l'une des meilleures mini-séries parues
l'an passée aux Etats-Unis, publiée par un éditeur un peu à
l'ombre des mastodontes du comics, Radical Publishing. Son auteur,
Rick Remender
qualifie cette série de « polar hardcore avec un contenu
anarchiste ». Et c'est vrai que son scénario assez barré,
construit sur un compte à rebours approchant de la date fatidique de
l'envoi du fameux signal, ne pouvait déboucher que sur une histoire
violente et spectaculaire. Et il fallait en effet ce
dessinateur-encreur-coloriste de grand talent qu'est Greg Tocchini
pour mettre en images les scènes-chocs imaginées par Remender. Ses
fusillades sont de vrais morceaux d'anthologie, ses femmes sont
sublimes – et surtout Shelby, la femme fatale dans toute sa
splendeur – et ses couleurs chaudes et poisseuses à la fois
rendent l'atmosphère irrespirable. Juste ce qu'il fallait en tous
cas pour sortir de la lecture avec la sueur au front... et le plaisir
coupable de voir que, finalement, le crime paie. Les trois
couvertures, signées AlexMaleev sont splendides,
et, cerise sur le gâteau, ces éditions françaises sont agrémentées
de cahiers graphiques reprenant crayonnés, études de personnages et
couvertures, quelques pages supplémentaires de bonheur...
...
et alors, en 2016 ?
Mon
avis reste le même : un must !
Sur
cette édition sous le label Jungle, constatons que l'éditeur fait
le choix d'une des couvertures "alternatives" de la VO, ou
plutôt de celle qui figurait au dos du tome 1 de l'édition
américaine, signée Joel Dos Reis Viegas (et
pas Vega comme indiqué sur la page de titre)
Un choix excellent, mais qui peut paraître curieux tant celles de
Maleev sont puissantes... Qu'à cela ne tienne : vous pouvez toutes
les retrouver dans la "gallery" qui complète cette
intégrale, comme dans la première édition française.
Notons
aussi que, si le lettrage change - il fait beaucoup plus "comics"
que dans la version Proust avec ses surlignages en gras - la
traduction, signée Benjamine des Courtils, reste elle, la
même. Je la cite ici, car je ne l'ai pas retrouvée dans les
mentions figurant dans l'album.
En
conclusion : si vous n'avez pas ce comics, n'hésitez pas une
seconde, c'est une valeur sûre du genre. Et Shelby n'a pas pris une
ride...
The
last days of american crime - Intégrale ****
Scénario
Rick Remender et dessin Greg Tocchini
Couverture
de Joel Dos Reis Viegas
Jungle
comics – 192 pages couleurs - 25 €
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