Après l’excellent Tom’s Bar, les éditions Mosquito poursuivent leur travail de traduction de l’œuvre de Berardi et Milazzo, et publient ce Marvin, paru en 1984 en Italie. Il s’agit cette fois d’une histoire de détective privé dans le Holywood des années 20 où Marvin, ex-acteur, se voit confier sa première affaire : il doit retrouver Marion Coleman, starlette dont la mère s’inquiète de ne plus avoir aucune nouvelle. Rapidement, la piste mène au King’s Club, où Marion a travaillé comme vendeuse de cigarettes. Et a certainement eu d’autres activités, toujours pour le propriétaire de ce même club, mais certainement moins licites et beaucoup plus secrètes, puisqu’un ancien boxeur qui a troqué la tenue de sportif pour le costume à rayures vient aimablement lui conseiller de laisser tomber son enquête. Ce que Marvin ne fera évidemment pas, malgré les arguments percutants de l’ex arpenteur des rings…
Il règne une atmosphère singulière tout au long de cette histoire, dûe à une certaine nonchalance du personnage de Marvin, plus préoccupé par l’avenir de sa propre fille que de par la recherche de « sa » disparue. Comme dans Tom’s Bar, un parfum de nostalgie se dégage au fil des pages, et c’est presque à un voyage dans le temps que nous convient Milazzo et Berardi, certaines cases évoquant même les photos jaunies d’une époque révolue, quand elles n’ont pas valeur documentaire comme cette scène de tournage du « Beau sabreur ». Tout l’intérêt de cet album ne se situe alors plus dans la résolution d’une affaire, assez vite réglée d’ailleurs, mais bien dans une déambulation presque mélancolique au cœur d’un monde peuplé des fantômes du passé. Cette autre vision du privé hollywoodien fait franchement du bien, et une fois de plus, bravo à Mosquito pour cette initiative.
Marvin, l’affaire Marion Colman
Scénario Giancarlo Francesco Berardi et dessin Ivo Milazzo
Mosquito, 2006 – 52 p. n & b – 13 €
[Chronique parue dans l'Ours Polar n°40 - Décembre 2006]
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