« Chez Boris, la performance tient aussi que le dessin réussit tout à la fois à être expressionniste, exigeant dans l’esthétique sans être pour autant précieux et d’un romantisme évident… ». Tels sont les mots de Frédéric H. Fajardie dans la postface de cette adaptation d’un roman qui fit beaucoup pour la renommée de son auteur. Et c’est vrai qu’il fallait une certaine dose de romantisme, présente dans la trame originale, pour transposer en cases cette histoire de deux ex-militaires pris d’une frénésie dynamitière et qui font tout sauter dans un Paris giscardien pour les beaux yeux d’une femme, la mystérieuse Jeanne. Quant à l’expressionnisme souligné par Fajardie, on en trouve surtout des traces dans des visages aux traits durcis par des ombres. Beuzelin réussit en tout cas parfaitement ses personnages cagoulés – les Chats Bottés du titre – et à en faire des jusqu’au-boutistes crédibles. Lire cette histoire en 2006 est du reste assez étrange : elle est à la fois datée, par l’époque précise à laquelle elle se déroule mais aussi par les cibles choisies, et intemporelle, par les motivations des protagonistes, animés d’une certain esprit de révolte. Et c’est peut-être bien ça l’important, ce petit parfum libertaire qui se dégage au fil des pages. Une vraie bouffée d’air frais en ce début de 21ème siècle grisâtre.
La Nuit des Chats Bottés
Scénario et dessin Boris Beuzelin, d’après Frédéric H. Fajardie
Casterman, 2006 – 140 p. n&b – Collection Ecritures - 12,95 €
[Chronique parue dans l'Ours Polar n°40 - Décembre 2006]
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