«Nos flics sont racistes, corrompus et tirent dans le dos. On se sent proche de films comme French Connection, ou des westerns-spaghettis» : les intentions des auteurs sont claires, leur série qui démarre ne va pas donner dans la guimauve, et leur héroïne, Lili Lafayette, agent nouvellement arrivé au « Precinct 77 » va en voir de toutes les couleurs. Même si le ton qui prédomine dans ce premier album tire franchement du côté du glauque. En trois jours, le temps de l’action sur lequel se déroule cette histoire, l’idéaliste Lili va prendre son service dans un des commissariats les plus pourris qui soient, être témoin d’un meurtre perpétré par un collègue, tomber sur un carnage insensé dans un casino, monter la garde devant la chambre du parrain de la ville à l’agonie, et être obligée de constater la relative efficacité des pratiques vaudous. Entre autres épisodes d’un début de carrière assez mouvementé. Outre les références mentionnées par Dugand et Denys, il faut sans hésiter ajouter à la liste certaines séries TV américaines récentes, tant, et c’est rare dans les albums de format traditionnel, on a vraiment une impression de dynamisme, de nervosité dans l’action, et dans la narration même. Donner une – légère – dimension paranormale à leur histoire permet aussi au duo d’entrouvrir des portes pour des développements futurs originaux. Il reste que ce premier opus, violent et poisseux, ne manque pas sa cible, et qu’il s’agit bien là avant tout de polar, aussi âpre que le bitume. Et qui redonne ses lettres de noblesse au personnage de la femme-flic, en lui ré-injectant une bonne dose de crédibilité.
District 77, tome 1 - Lili
Scénario Jean-Philippe Dugand et dessin Denys
Le Lombard, 2006 - 48 pages coul. – Collection Troisième Vague 9,80 €
[Chronique parue dans l'Ours Polar n°40 - Décembre 2006]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire