Publiés la première fois respectivement en 2000 et 2002, les deux chapitres qui constituent cette intégrale étaient conçus comme deux enquêtes à part entière. Réunies en un seul volume elles donnent encore plus de corps à cet étrange trio que forment Anna, Joe et Solomon, tous trois membres d’un mystérieux « bureau » à qui sont confiées les affaires les plus délicates. Ainsi dans « Pauvre Tom », première de ces affaires, les trois agents sont envoyés à Salem, petite ville perdue, pour enquêter sur quatre morts violentes un peu suspectes. Sur place, ils doivent se rendre à l’évidence : ils ne sont pas les bienvenus, et ont toutes les peines du monde à obtenir la collaboration du shérif local, qui a rapidement classé l’affaire. L’enquête auprès de la population locale, maussade et encore moins coopérative – si ce n’est pour planter des cadavres de chauves-souris sur la porte de leur chambre – les mènera tout droit au simplet du village, détenteur de la sinistre vérité. Dans « Trois larmes pour Lucie », le trio est de retour à la civilisation urbaine, et doit éclaircir les zones d’ombre entourant la mort d’un avocat, retrouvé empoisonné, et à moitié nu, devant son ordinateur. Ils se rendront vite compte que la mère et la fille de la victime gardent pour elles une part de la vérité, et que tout est lié à ces images de jeunes filles en position « explicite » gardées dans la mémoire du PC de l’avocat… Au-delà des enquêtes en elles-mêmes, c’est dans les relations instaurées au sein du trio que « Dusk » trouve toute sa saveur : Solomon est un chef dur, désabusé, qui comprend de moins en moins le monde qui l’entoure, ou plutôt feint de ne pas le comprendre. Face à lui, Joe, doué pour faire parler les intelligences artificielles, semble parfois oublier qu’il en possède une. Anna, de loin la plus équilibrée des trois, fait le lien entre les deux et leur transmet la touche d’humanité qui les sauve de ces univers glauques et malsains dans lesquels ils baignent tous. Et si Marazano a écrit des histoires fortes, denses, que dire de de Metter ? On le savait brillant dessinateur depuis « Emma », il le confirme ici où il excelle dans l’expression des visages, dans le choix des couleurs en particulier dans les scènes l’utilisation mêlant de ombre et lumière. Dusk est une étape très importante dans l’ascension de De Metter et cette intégrale – à la couverture somptueuse – fait partie de celles dont il ne faut surtout pas se dispenser.
Dusk – Intégrale
Scénario Richard Marazano et dessin Christian de Metter
Les Humanoïdes Associés, 2007. – 112 p. coul. – 20 €
[Chronique parue dans l'Ours Polar n°41, mars 2007]
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