
Le sujet était délicat, le genre à chausse-trappes en forme de poncifs et clichés sur les SDF, ou la misère humaine. En évitant le manichéisme et les personnages caricaturaux, Marc Vlieger réussit à dépeindre une tranche de vie précaire, dans une grande ville anonyme mais qui nous semble si familière. Sa grand-mère symbolise l’humanité qu’il y a en tout un chacun, celle qui empêche de sombrer dans un désespoir sans fond. On pourrait lui trouver un côté naïf et gentillet, mais elle sait très bien dans quel monde elle vit, et elle cache elle-même ses fêlures les plus secrètes. A côté de ses personnages, Vlieger sait aussi donner corps au mal de nos sociétés : en quelques cases, par exemple, il montre toute la violence insidieuse de la ville. Un chantier meurtrier, mais aussi des magasins clinquants, très tentants, auxquels il est difficile de résister… Dans cette société contre laquelle personne n’ose s’élever, ou même élever la voix, celle de Mélodie tente de se faire entendre, dans un album qui a bien compris la différence entre sensiblerie et sensibilité.
Les Ames sombres
Scénario et dessin Marc Vlieger
Delcourt, 2007 - Collection Mirages - 112 p. coul. – 14,95 €
[Chronique parue dans l'Ours Polar n°41 - Mars 2007]
Merci de me l'avoir fait découvrir Frd. J'ai beaucoup aimé..
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